N26 en France : les tergiversations d’une néobanque en construction

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D’origine allemande, la banque mobile N26 redonne de l’élan à ses activités en France. Comment positionne-t-elle son offre digitale ?

Après plusieurs mois sous le régime de la liste d’attente, N26 reprend progressivement son activité en France.

La néobanque venue d’Allemagne ouvre doucement les vannes. Depuis quelques semaines, les internautes qui avaient laissé leur adresse électronique (à défaut de pouvoir ouvrir un compte) sont avertis, par vagues, de la possibilité de finaliser leur inscription.

Faux départ ou analyse de marché ? La start-up avait déjà posé ses valises dans l’Hexagone, sous la marque « Number 26 ». C’était en décembre 2015, parallèlement à l’arrivée dans cinq autres pays : Espagne, Grèce, Irlande, Italie, Slovaquie (en complément à l’Allemagne et à l’Autriche, où le service avait été lancé en janvier 2015).

En avril 2016, changement de programme : une liste d’attente est mise en place, avec la promesse d’un délai maximal de deux semaines. Nouvelle inflexion au mois de juillet : la société, qui revendique à ce moment-là quelque 10 000 clients en France, ne rouvrira pas les inscriptions avant novembre.

Dans l’intervalle, elle a changé de logo comme de nom, pour adopter la forme raccourcie « N26 ». Et surtout obtenu une licence auprès de la Banque centrale européenne.

Au-delà du compte courant

Cette licence va permettre à la néobanque de diversifier son catalogue de produits et d’élargir sa disponibilité géographique – officiellement, 17 pays d’Europe depuis début décembre.

En l’état, il n’est pas question que la banque munichoise Wirecard Bank AG, où sont actuellement détenus tous les comptes N26, sorte de la boucle.

L’offre* s’est déjà nettement renforcée ces derniers temps. Illustration avec N26 Invest, pour l’heure accessible uniquement en Allemagne, et qui permet de souscrire jusqu’à trois portefeuilles d’investissement.

Les placements, partagés entre actions et obligations, se font en fonction du profil de risque que choisit le client. Le capital peut être constitué de versements réguliers ou ponctuels. Il n’est pas garanti.

N26 facture des frais de 0,49 % à 0,99 % du montant investi, avec un minimum de 1,90 euro par mois et par portefeuille.

Un autre maillon fort de son modèle économique est l’offre N26 Black, proposée en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Irlande, en Italie… et en France.

À 5,90 euros TTC par mois, elle reprend le socle de l’offre avec MasterCard gratuite et y ajoute, entre autres, une assurance voyages (frais, y compris d’annulation, en cas d’urgence médicale), une extension de garantie d’un an sur certains achats et la protection contre le vol de téléphones portables. Ce sans les conditions de revenus qu’imposent de nombreuses banques.

On aura également relevé, encore en bêta, l’offre N26 Business, qui vise les freelances et les indépendants en proposant un cashback trimestriel de 0,1 % sur toutes les dépenses.

Large panel de VC et de business angels

Le champ des possibles s’était élargi en juin dernier avec la levée de 40 millions de dollars dans le cadre d’un tour de table emmené par Horizons Ventures.

Le fonds du milliardaire hongkongais Li Ka-shing avait rejoint, au capital de N26, d’autres pointures du capital-investissement, à l’image de Battery Ventures, basé à Boston.

Le périmètre de la levée d’amorçage bouclée en 2014 était plus restreint. Le fonds berlinois Earlybird Venture Capital et le suisse Redalpine Venture Partners y avaient participé aux côtés du groupe média allemand Axel Springer, via son accélérateur monté avec le fonds californien Plug and Play. À la clé, 2 millions de dollars, selon les données de CrunchBase.

Valar Ventures, le fonds de Peter Thiel (à l’origine de PayPal), était entré dans la danse lors du Série A au printemps 2015.

La néobanque est également soutenue par un bouquet de business angels. Parmi eux figurent Robert Gentz et David Schneider, cofondateurs de Zalando (site e-commerce « chaussures & mode » issu de la galaxie Rocket Internet). Par lequel Valentin Stalf, fondateur et principal dirigeant de N26, est également passé.

Avec ou sans frais ?

Avec 200 000 clients revendiqués pour un effectif de 160 collaborateurs, N26 ne dévoile pas de données financières. La communication est plus transparente sur la grille tarifaire. Et en la matière, il faut s’accrocher. Tout du moins en France : certains éléments à l’origine affichés comme gratuits avaient finalement été annoncés payants, avant de redevenir sans frais… sous conditions.

En tête de liste, la MasterCard à débit immédiat. Les 2,90 euros par mois dont il fut un temps question ne sont plus d’actualité. Certaines opérations sont toutefois facturées, à l’image des retraits en devises étrangères. N26 a par ailleurs introduit une politique d’usage dit « raisonnable ».

La néobanque, qui se rémunère sur les paiements effectués chez les commerçants, impose une utilisation minimale de la carte : au moins trois opérations mensuelles pour chaque période de trois mois, sous peine d’une commission de 8,70 euros, sauf pour les moins de 26 ans et les souscripteurs de l’offre N26 Black.

Pour les résidents allemands, il y a possibilité de faire une demande de découvert (taux d’intérêt : 8,9 %), évaluée en fonction de critères tels que le montant du salaire domicilié sur le compte. Parmi les autres services pour l’heure exclusifs à l’Allemagne figurent les dépôts et retraits d’argent liquide dans un réseau de 6 000 emplacements.

Ainsi que la vérification d’identité en bureau de poste, plutôt que via le système IDnow (appel vidéo avec un conseiller) en vigueur dans les autres pays. On mesure mieux la proposition de valeur que N26 est susceptible de proposer à terme en France.

* À consulter : la fiche tarifaire. On y découvre les frais que peuvent engendrer le dépassement du plafond de 5 retraits d’espèces mensuels ou encore la gratuité des transferts en devises étrangères avec TransferWise.

Crédit photo : page Facebook N26

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