Nadine Morano préconise une norme Afnor pour les logiciels de contrôle parental
Pour protéger les enfants sur le Net, la secrétaire d’Etat en charge de la Famille, parie sur le filtrage et des logiciels de contrôle parental plus efficaces.
Il y avait foule jeudi après-midi à l’Atelier « Protection de l’Enfant » organisé par la secrétaire d’Etat en charge de la Famille dans le cadre des Assises du Numérique. Avaient répondu à l’invitation de Nadine Morano, des représentants des fournisseurs d’accès à Internet (FAI), des opérateurs de téléphonie mobile, des associations de défense des enfants (Action Innocence, Droit@l’enfance,e-Enfance, Fondation pour l’Enfance… ), mais aussi de l’Education Nationale, de la Gendarmerie, la Police, la Commission Européenne…
« Il n’y aurait pas de confiance dans l’économie numérique sans protection des enfants sur le Web », a déclaré la ministre,. Et que cette protection devait reposer, « comme une voie ferrée, sur deux rails parallèles : le filtrage des sitespédopornographiques et les logiciels de contrôle parental. »
Sur le premier point, on en sait un peu plus, après les cafouillages qui ont suivi les déclarations, un peu prématurées semble-t-il, du ministère de l’Intérieur mardi dernier. Un accord doit être trouvé entre les différents ministères concernés et les fournisseurs d’accès.
Une étude de faisabilité technique a été confiée au Forum des droits sur l’Internet , qui a été prié de rendre ses conclusions avant le 24 juin prochain. « Nous n’aurons pas terminé pour le 24 juin », a cependant reconnu Isabelle Falque-Pierrotin, Présidente du FDI.
« Nous ferons notre travail », dixit la FFT
Techniquement, la « liste noire » qui servira aux FAI pour bloquer les sites pédopornographiques sera fournie par l’Etat . Elle devrait s’appuyer sur la base de données, constituée par les policiers et les gendarmes, à partir des signalements qui leur sont envoyés (entre autres depuis le site internet-mineurs.gouv.fr). « Dès lors que les pouvoirs publics nous communiqueront une liste noire, nous ferons notre travail », a confirmé Yves LeMouël, directeur général de la FFT (Fédération Française des Télécoms et des Communications Electroniques). « C’est ce que nous avons dit à votre collègue, madame la ministre de l’Intérieur. »
Bizarrement, le seul véritable couac, dans cette belle unanimité, est venu d’un membre de l’administration, Bernard Benhamou, le responsable de la DUI (Délégation aux Usages de l’Internet), qui a lancé : « Le filtrage n’est qu’une solution très partielle : à côté des sites internet, il existe bien d’autres canaux pour acheminer les imagespédopornographiques, comme, par exemple les réseaux peer-to-peer. »
Daniel Fava, le président de l’AFA (Association des Fournisseurs d’Accès à Internet et de Services Internet), a, quant à lui, préféré insister sur une autre possibilité de filtrage : « Nous préconisons beaucoup plus l’utilisation des systèmes de contrôle parental. » Réponse immédiate de la ministre : « Je ne peux pas vous laisser dire que les logiciels de contrôle parental constituent la technique la plus efficace [dans ce domaine] ».
« De graves faiblesses » dans les outils proposés aux parents
Nadine Morano a d’ailleurs rappelé son engagement à ce que ces fameux logiciels de filtrage atteignent un meilleur taux de performance. « Malgré une réelle montée en puissance, les objectifs de l’accord du 16 novembre 2005 [NDLR : qui prévoit que les FAI mettent à la disposition de leurs abonnées des filtres gratuits et efficaces] ne sont pas tous atteints », a-t-elle expliqué.
Toujours selon la représentante du gouvernement, les outils proposés aux parents « montrent par exemple de graves faiblesses en matière de contenus faisant l’apologie de la drogue, de la violence, de l’anorexie. Le profil enfant laisse passer trop de contenus inadaptés au jeune âge. »
Un dispositif plus lourd d’élaboration du cahier des charges de ces logiciels de contrôle – passant peut-être par une norme Afnor – et de contrôle de ces outils – le processus d’évaluation resterait à définir – devrait être prochainement étudié avec les FAI.
Enfin, la ministre a promis pour la fin de l’année une grande campagne audiovisuelle et multimédia de sensibilisation des parents aux dangers d’internet pour les jeunes.