Hasard ou pas, un petit jour avant la cérémonie des Grammy awards, l’équivalent américain des Victoires de la musique, Napster a sorti le grand jeu en organisant une conférence de presse à San Francisco ce mardi 20 février. Au début de la semaine dernière, la cour d’appel avait rendu son jugement : Napster est coupable de violation des droits d’auteur. Pour défendre leur bébé, cette fois-ci tous les chefs étaient là : Hank Barry, PDG par intérim de Napster, Shawn Fanning, son fondateur, ainsi que Thomas Middelhoff, CEO de Bertelsmann, accompagné par Andreas Schmidt, chef du eCommerce group du géant des médias allemand. Bertelsmann est en effet le principal soutien du logiciel symbole du piratage de la musique sur Internet, depuis un accord signé fin octobre dernier (voir édition du 31 octobre 2000). « Berstelsmann a choisi de mettre en place un partenariat avec Napster en octobre 2000, en se fondant sur la formidable valeur que cela représente en termes de promotion des artistes et de développement d’une communauté » a rappelé Andreas Schmidt cité par Internet news. « Le revenu potentiel de Napster pour l’industrie du disque dans son ensemble est sans précédent et il est temps de penser à l’avenir et d’imaginer un moyen de donner une impulsion à ce potentiel au lieu d’essayer de le réprimer », a-t-il ajouté.
Pour la première fois Napster a donc dévoilé le modèle économique qu’il envisage, surtout il a mis en avant une nouvelle proposition à l’intention des maisons de disques qui le poursuivent. Sur les cinq ans à venir, Napster envisage de verser pas moins d’un milliard de dollars aux maisons de disques. En fait, les Majors se partageraient 150 millions de dollars par an, en fonction du nombre de leurs chansons échangées via Napster, tandis que les labels indépendants récolteraient 50 millions de dollars. A charge ensuite à chacun de redistribuer les sommes aux artistes et compositeurs concernés. Il est amusant de noter que Bertelsmann percevra une partie de ces sommes par le biais de sa filiale musique BMG.
Napster espère près de 300 millions de dollars de bénéfices dès la première année
Napster se base sur ses prévisions pour avancer un tel montant. S’il peut rester ouvert jusque-là, Napster lancera un abonnement payant en juillet prochain, ont assuré ses responsables. D’après eux, le service pourrait engranger 210 millions de bénéfices à la fin de sa quatrième année, s’il compte 3,5 millions d’abonnés. Aujourd’hui, 64 millions de personnes auraient téléchargé le logiciel. Il faudrait donc qu’1 utilisateur sur 20 accepte de payer pour le service. Toutefois, cette prévision est la plus pessimiste, la plus optimiste table sur un bénéfice de 297 millions de dollars dès la première année. Selon une étude récente de Webnoize et Harris interactive, près de 70 % des utilisateurs se déclaraient prêts à payer un abonnement à Napster. « Nous avons cherché à être très prudents pour ces prévisions », a assuré Hank Barry cité par Mercury news, « pour être franc les maisons de disques n’ont pas daigné croire en l’un de ces scénarios. » Les responsables de Bertelsmann ont assuré que leurs précédentes offres aux Majors, basées sur un pourcentage des revenus de Napster, avaient toutes été rejetées.
Trois types d’abonnements sont envisagés. Tout d’abord une souscription promotionnelle gratuite limitée dans le temps. Ensuite les abonnés auront le choix entre un service permettant un nombre limité de téléchargements pour 3 à 5 dollars par mois (environ 20 à 35 francs) tandis que pour télécharger autant de morceaux que l’on souhaite, il faudra débourser de 6 à 10 dollars par mois (environ 40 à 70 francs). A noter que les morceaux ne seront pas encodés avec une qualité supérieure à 128 Kbit/s, ce qui correspond tout de même à une qualité sonore proche du CD. Napster avait un peu levé le voile en fin de semaine dernière sur sa solution pour sécuriser les morceaux échangés par son intermédiaire (voir édition du 19 février 2001). Il apparaît que la solution envisagée permettrait d’empêcher de graver les morceaux téléchargés, ou de les transférer sur un lecteur portable. Pour pouvoir le faire, il faudrait payer une somme supplémentaire.
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