Ce mardi 27 mars, l’industrie du disque devrait rendre à la justice un rapport dans lequel elle entend démontrer que Napster ne satisfait pas aux termes de l’injonction lui ordonnant de filtrer les morceaux de musique « interdits ». Vrai que le système d’échange de fichiers musicaux peine à bloquer une liste de titres désignés par les maisons de disques (voir édition du 7 mars 2001). Dans des rapports commandés par la justice pour vérifier l’état d’avancement du filtrage, Napster cherche une fois de plus à prouver sa bonne volonté. Le dernier document, daté du 20 mars et disponible sur le site de la start-up, affirme que plus de 228 000 titres ont été bloqués depuis la mise en place du filtre, représentant plus de 1,3 million de noms de morceaux. Le filtre en place s’appuie en effet sur les noms des chansons, ce qui permet aux utilisateurs de Napster de facilement contourner le système en employant des orthographes proches ou en utilisant de petits utilitaires qui codent les noms pour empêcher leur repérage (voir édition du 6 mars 2001). Dans son rapport, Napster insiste aussi sur sa collaboration avec Gracenote (voir édition du 15 mars 2001) la société possède une gigantesque base de données musicale. Les responsables de Napster accusent aussi l’industrie musicale de ne pas suivre l’injonction en lui fournissant des titres erronés ou qui n’appartiennent même pas à leur catalogue.
Un filtrage basé sur le rythme du morceau ?
Toujours à la recherche de solutions pour parvenir à un filtrage qui paraît bien utopique, Napster s’est rapproché d’une autre société : Gigabeat. Cette dernière propose un moteur de recherche permettant de retrouver une chanson sur Internet. Sa base de données est basée sur le titre des morceaux, mais pas seulement. Son système analyserait aussi les morceaux pour ensuite les classer en fonction de leur rythme par exemple. D’après certains observateurs, si Napster rachetait Gigabeat, cela renforcerait le dernier maillon faible du système, à savoir l’identification des morceaux qui transitent par Napster. Les responsables du système d’échange cherchent encore à faire preuve de bonne volonté, mais cela ne suffit pas à la RIAA, « A ce stade, il est clair que Napster ne se conforme pas à la décision de la cour », estimait ainsi jeudi dernier un porte-parole de l’industrie musicale, réaffirmant la volonté de son organisation de déposer un rapport à la justice.
Media Tracker chasse dans les moindres recoins du Web
De son côté Emusic, qui a récemment porté plainte contre Napster (voir édition du 8 mars 2001), indique dans un communiqué daté du 22 mars qu’elle a mis en place un logiciel lui permettant de traquer les utilisateurs de Napster qui s’échangeraient des MP3 provenant de son site. Dans le même temps un magazine en ligne néo-zélandais publie un article avec des captures d’écran de ce qu’il prétend être le logiciel de surveillance de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) (voir édition du 13 octobre 2000). « Media Tracker » comme il se nomme, scannerait forums de discussion, systèmes de P2P (peer-to-peer), moteurs de recherche, sites Internet ou FTP, etc., bref tout Internet, à la recherche de morceaux illégaux. Il alimenterait ainsi une base de données avec les adresses IP des machines incriminées, en attendant que l’organisation ne s’adresse aux FAI pour connaître l’identité des « pirates ». A vérifier, mais si le système fonctionne, l’IFPI ferait bien de le prêter à Napster !
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