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Navigateurs sur Mac : rien n’est joué !

Pincez-moi, je rêve ! C’est en substance le ton des commentateurs après la sortie d’une seconde version bêta publique de Safari, le navigateur de la Toile présenté par Apple en… janvier 2003. Depuis cette date, Safari a sacrément mis le feu aux poudres dans le monde des navigateurs pour Mac (voir édition du 15 janvier 2003) : selon Apple, 2 millions de téléchargements ont été effectués. Moins de 10 % de la base installée de Mac dans le monde, mais près de 40 % des utilisateurs de Mac OS X, dont seule la version Jaguar permet de faire tourner l’application. Tout change, rien ne change : Safari n’apporte, au final, pas énormément plus que la concurrence. Dans sa version publique initiale, le navigateur bloquait sur certains sites, ne permettait pas le remplissage automatique des formulaires, ne donnait accès qu’aux signets issus d’Internet Explorer… La liste pourrait être plus longue encore, même si des développeurs tiers ont remédié à certains problèmes de leur côté (voir édition du 17 février 2003). Après un programme Open source et la mise à disposition – puis le retrait – des versions de travail de Safari sur l’Internet, nous voilà maintenant à la seconde bêta.

Mais peut-on encore l’appeler bêta ? Certes, la localisation n’est pas encore parfaite (le menu contextuel n’est traduit en français qu’à 40 %). Certes, on peut rencontrer des difficultés dans l’impression des pages Web sur certaines imprimantes – Gene Steinberg, l’éditeur du site MacNightOwl, soulève le cas d’une HP Laser PostScript. Mais il apparaît nettement qu’Apple a écouté les suppliques de ses clients : on trouve dans cette bêta 2 la navigation par onglets, le remplissage automatique, l’importation de signets issus de Mozilla et de Netscape, une compatibilité améliorée avec les sites et toujours une vitesse de chargement des pages particulièrement performante. Surtout, Safari est capable de charger dans des onglets tout le contenu d’un dossier par une simple combinaison de touches ! Apple prétend toujours battre, sur un iMac tournant à 800 MHz, les dernières versions de Camino, Internet Explorer ou Netscape, tout autant sur la vitesse de chargement des pages que sur les performances de Java et de JavaScript ou la vitesse de lancement de l’application. Si la précédente version de Safari nécessitait parfois d’utiliser un deuxième navigateur pour l’accès à certains sites, cette version 2 peut assumer le rôle de navigateur par défaut. Alors, une vraie bêta ? Pas vraiment, même si nombre de fonctions existant dans Camino ou dans Internet Explorer sont absentes.

Une consolidation du secteur

En tout cas, le logiciel d’Apple est parvenu à remuer ce segment d’applications, montrant la voie à de nombreux éditeurs tiers. Alors que la sortie de Safari avait déprimé les quelques concurrents – Opéra pour Mac devait disparaître, les développeurs de Chimera maudissaient Apple, iCab mettait les voiles – un sursaut a véritablement eu lieu. Aujourd’hui, principalement trois moteurs de rendu de pages Web demeurent : Trident de Microsoft, Gecko de Mozilla et WebCore JavaScript Core d’Apple. Il y a bien Tasman, le moteur de rendu de Microsoft pour Mac, mais va-t-il persister après la consolidation en cours ?

En fait, une véritable concentration du secteur s’engage : si Trident, au coeur de la version d’Internet Explorer pour Windows, domine le marché de la tête et des épaules, Gecko est adopté par les différentes versions de navigateurs issus de Mozilla, dont l’excellent Camino ? ex-Chimera (voir édition du 31 mai 2002) sur Mac. Le coeur des observateurs, comme Giles Turnbull de MacDevCenter, balance entre Camino et Safari. Et le moteur Web d’Apple a quant à lui été emprunté par les développeurs d’OmniWeb (voir édition du 25 juin 2002). Une version intitulée sneaky peek d’OmniWeb 4.5, non accessible à des utilisateurs ne possédant pas de licence, réexploite déjà le moteur d’Apple. De son côté, Opera a annoncé son retour sur Mac après avoir réécrit son moteur de rendu Presto pendant les 18 derniers mois. L’application est qualifiée de beaucoup plus portable d’un système d’exploitation à un autre et doit permettre à l’entreprise norvégienne de rester sur Mac. Autant dire que la compétition n’est pas finie. Du coup, l’omniprésence d’Internet Explorer n’est plus autant justifiée : le nombre d’alternatives s’avère suffisamment important pour que le navigateur de Microsoft se remette en question, tant sur Mac que PC. Mais Microsoft en a-t-il le désir ? Le géant de Redmond, qui détient la plus grosse partie du marché des navigateurs sur Windows grâce à son intégration dans le système d’exploitation, ne paraît plus porter autant d’intérêt que cela à ces logiciels non rentables. Mais le bruit organisé autour de Safari a sans doute éveillé son attention…

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