Nec mergitur : ce qui ressort de ce hackathon symbolique
Ce week-end, l’école 42 accueillait le hackathon « Nec Mergitur », sur le thème de la sécurité, dans la lignée des attentats du 13 novembre. Premier bilan.
Prévenir la radicalisation, soulager les plates-formes de réception des appels d’urgence, recevoir et traiter l’information des autorités, détecter et contrer les rumeurs en temps réel… Autant d’axes directeurs du hackathon « Nec Mergitur » qui s’est tenu ce week-end dans les locaux de l’école 42.
Organisé à l’initiative de la Ville de Paris, l’événement s’est inscrit dans la continuité des attentats du 13 novembre. Avec un objectif : exploiter le numérique pour améliorer la prévention et la gestion des situations de crise.
Le coup d’envoi a été donné vendredi soir à 18 h par la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire, avec une règle de jeu clairement établie : pas de gagnant, mais la sélection, en fin de hackathon, de dix projets qui seraient exposés devant les hautes personnalités des autorités présentes.
Pour l’occasion, la mission Etalab a fourni de nombreux jeux de données publiques, parmi lesquels la liste et la localisation des musées de France, les points d’accueil de la gendarmerie nationale, les positions géographiques des stations du réseau RATP ou encore les salles de cinéma en région Île-de-France.
Si c’était à refaire
Plus de 400 participants – dont seulement un tiers de développeurs – se sont constitués en une quarantaine d’équipes, en association avec des start-up locales et des acteurs privés tels que Facebook, Twitter, Google, Amazon, Orange, SFR et Free (dont le principal dirigeant, Xavier Niel, est fondateur de l’école 42).
La liste des dix projets finalistes n’ayant pas été publiée (et la page officielle du hackathon produisant une erreur 404 ; on peut retrouver la version du 15 janvier dans le cache de Google), on tente de recoller les morceaux en s’appuyant sur les contributions des participants, notamment via Twitter.
Le ressenti global est positif, même si l’événement, plus que de déboucher sur des solutions concrètes et immédiatement exploitables, a surtout représenté un carrefour d’échanges, tout en contribuant à résorber le fossé entre les « technophiles » et les pouvoirs publics.
Maîtriser le flux d’information
Sur la thématique de prévention de la radicalisation, on notera la sélection de Net Merge Cure, qui propose d’exploiter les API de Twitter et de Slack pour cibler la diffusion d’un contre-discours au sein d’une « plate-forme agile État/associations ».
Sur la thématique de gestion des plates-formes de réception des appels d’urgence, Lemon Tri s’est distingué avec une technologie qui doit permettre d’anticiper la gravité d’une situation. Les messages vocaux laissés sur le standard sont analysés (sémantique, stress, bruits de l’environnement, géolocalisation, etc.) et un « score d’intensité » est attribué. Le tout est hiérarchisé dans un tableau de bord.
De nombreuses équipes se sont lancées sur la réception et le traitement de l’information des autorités. Parmi elles, Woop Box et son boîtier connecté doté d’un haut-parleur et d’un flash, et qui a vocation à être placé dans des lieux fixes ainsi qu’à domicile.
L’utilisateur choisit le type de message qu’il souhaite recevoir (par exemple, des alertes pollution pour les asthmatiques). En cas d’urgence, les messages lui sont automatiquement délivrés, sans filtrage. On partirait sur une distribution via les opérateurs, l’abonnement étant couvert par les assureurs.
Le même pour l’emploi ?
Dans la catégorie « multi-projets », on relèvera Dispatch Victime (pour aider à l’orientation des victimes vers les structures hospitalières), OpenEvacMap (collecte, par crowdsourcing, des plans d’évacuation affichés dans les lieux publics), Pythagore (permettre aux différents centres opérationnels des services de secours de partager leurs moyens disponibles en temps réel sur une carte collaborative) et eduPad (formation des enfants aux comportements à suivre en cas d’attentats).
SoMS et Navarro Hotline se sont positionnés sur l’un des axes privilégiés par Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme et au développement économique à la Mairie de Paris : utiliser le texte plutôt que la voix pour diffuser des alertes aux forces de police.
Avec certains projets, dont ce robot de filtrage du Web (NECBOT), se sont posées des questions d’éthique, de vie privée et de psychologie.
Du côté des pouvoirs publics, on affirme que les projets lauréats seront suivis. « On va aider à [les] incuber », dixit Anne Hidalgo, tout en évoquant la possibilité d’organiser un « hackathon sur l’emploi ».
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