À d’autres de mener les combats dont nous avons été il y a dix ans.
Ainsi pourrait-on résumer la position de Reed Hastings eu égard à la neutralité du Net.
Le cofondateur et principal dirigeant de Netflix s’est exprimé la semaine passée dans le cadre de la Code Conference (cf. vidéo ci-dessous).
Au nom de sa société, il s’est affirmé favorable au principe, non sans reconnaître qu’il ne s’agissait pas de son « premier cheval de bataille en l’état » : des questions comme l’expansion géographique et la fiscalité sont prioritaires.
« Nous avons désormais une taille suffisante pour obtenir les deals que l’on souhaite », a déclaré l’intéressé, laissant entendre que ses intérêts commerciaux n’étaient plus compatibles avec une défense bec et ongles de la neutralité du Net, à laquelle le régulateur américain des télécoms est déterminé à assener un coup de massue.
« Dans une bonne centaine de pays, les principes fondamentaux sont appliqués malgré l’absence d’une base législative », tempère Reed Hastings, en ajoutant : « La plupart des FAI, avec l’expérience, ont compris l’intérêt à long terme qu’ils ont à continuer à jouer le jeu ».
Le milliardaire se montre plus vindicatif à l’égard du « décret anti-immigration » que Donald Trump cherche toujours à faire passer. Il le qualifie d’antiaméricain.
L’épisode Festival de Cannes, il l’aborde, a contrario, le sourire aux lèvres, évoquant une « belle vitrine » pour les deux films « made in Netflix » dont le jury a tenté – en vain – de faire annuler la projection au prétexte qu’ils ne sortaient pas en salles.
« Nous sommes encore dans un monde où les cinéastes ne souhaitent pas laisser le choix au consommateur [entre les cinémas et les plates-formes en ligne, ndlr], mais on va y arriver », veut-il croire, en précisant : « Ce n’est pas si dramatique ! On continue d’aller au restaurant alors qu’on sait cuisiner. »
Concernant la production de films maison, Reed Hastings reconnaît que la courbe d’apprentissage n’est pas là même qu’avec les séries, plus promptes à fidéliser l’audience (Netflix parle de « binge watching ») et dont les créateurs ont davantage de latitude pour développer les personnages.
Quant à donner dans le sport, c’est une autre histoire : « Internet ajoute encore peu de valeur à ce type expérience » qui a par ailleurs, une fois le direct passé, « une courte durée de vie en replay ».
Face à Amazon, qui monte en force sur ce créneau à coups de milliards, Reed Hastings joue la comparaison pour démontrer que les deux groupes ne jouent pas sur le même tableau : « Ils veulent être Walmart ; nous voulons être Starbucks ».
Sur le volet personnalisation, le dirigeant a sa référence, vers laquelle il cherche à tendre : « Le fameux ‘J’ai de la chance’ de Google, où le premier des dix résultats affichés est toujours le meilleur ».
Crédit photo : Netflix
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