Depuis son rachat par AOL, à la fin novembre 1998, Netscape a tout simplement disparu du devant de la scène. Tout se passe comme si le premier fournisseur de services Internet au monde, qui, soit dit en passant, continue de distribuer le navigateur Internet de Microsoft sur ses kits de connexion, avait tout simplement rangé Netscape dans un tiroir. Drôle d’endroit pour un joujou ayant tout de même coûté la bagatelle de 4,2 milliards de dollars !
Et voilà que tout à coup, on parle enfin d’une nouvelle version du précurseur des navigateurs. Peu efficace, lourd et difficile à faire évoluer, le code du logiciel Netscape Navigator avait finalement été rendu public et diffusé librement à partir de 1998. Confié à la communauté de développeurs indépendants Mozilla.org, il a été repris de bout en bout et se trouve disponible depuis quelques jours sous la forme d’une version rénovée (M12) mais non encore finalisée. Traduction, tous les problèmes de plantage ne sont pas résolus et, vraisemblablement, toutes les fonctions prévues ne répondent pas encore à l’appel.
Ce navigateur nouvelle génération exploite le moteur Gecko censé accélérer l’affichage des pages Web, et sera directement exploité dans Communicator 5.0. Alors que la version 4.7 est actuellement disponible en version Mac et PC, les utilisateurs pestent parfois contre ses lenteurs face au logiciel de Microsoft (voir édition du 4 octobre 1999). Que nous réserve l’avenir ?« Mozilla et Netscape ont décidé il y a un an d’abandonner le vieux code des versions 4.x pour l’architecture Gecko. Les utilisateurs auront bientôt un navigateur révolutionnaire, léger, rapide et compatible avec les standards du Web, qui tournera sur de nombreux systèmes d’exploitation comme Windows, Mac OS et Linux », nous promet une porte-parole de Netscape.
Aux Etats-Unis, la firme fait plancher « de nombreux » ingénieurs sur Mozilla et son moteur Gecko. Sur le plan technique, il exploite le standard XML qui facilite l’échange d’informations entre différents serveurs grâce à une nouvelle génération de balises plus faciles à interpréter pour les bases de données. Selon notre confrère Cnet, des différences existeront toutefois entre le navigateur commercial de Netscape et le rejeton final de Mozilla. Ce dernier intègrerait par exemple un outil de messagerie instantanée qui pourrait être retiré de Communicator, pour éviter faire de l’ombre à AOL Instant Messenger, l’un des logiciels phare du géant AOL-Netscape.
Netscape ne communique pas de date pour le lancement de Communicator 5.0. Très discret sur l’évolution de son logiciel, ce pionnier de l’Internet a perdu aujourd’hui son panache. « Nous avons sorti en octobre 1998 une version majeure avec la 4.5. Cela ne fait donc pas si longtemps que nous avons lancé un nouveau navigateur », défend piteusement la firme. Bref, la course à l’innovation qui permettait autrefois à Netscape de clamer son savoir-faire semble avoir vécu.
En effet, le cabinet Zona Research rapporte qu’en 1996 neuf sociétés bataillaient pour commercialiser leur navigateur, avec un marché estimé alors à 200 millions de dollars. Quatre ans plus tard, Microsoft règne sur un marché chiffré à zéro dollar, la gratuité devenant la règle grâce à sa force de frappe commerciale. D’après les chiffres publiés, Netscape s’est fait littéralement laminé. En août 1996, Netscape Navigator était LE navigateur principalement utilisé (chez 86% des sondés). Internet Explorer ne revendiquait alors que 8% de parts de marché, notamment à cause du virage tardif de Microsoft en direction du Web. Aujourd’hui, la situation s’est renversée. En octobre 1999, IE est en tête des navigateurs avec 64% des internautes ralliés à sa cause, Navigator ayant chuté à 36% ! Et la tendance n’est pas prêt de s’inverser. Dans 73% des entreprises américaines, les administrateurs des parcs informatiques préfèrent diffuser sur les ordinateurs un seul navigateur, pour une configuration et une maintenance plus facile. Et plus de deux responsables sur trois choisissent Internet Explorer ! Face à ce rouleau-compresseur, AOL-Netscape n’affiche guère les moyens d’une riposte efficace. Mozilla pourra-t-il sauver les meubles ?
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