Sécuriser son modèle d’activité et renforcer son équipe commerciale dans le cadre d’une campagne de recrutement qui devrait porter son effectif à une quinzaine de personnes, mais aussi atteindre l’équilibre à la mi-2016 en ciblant les entreprises avec une offre de messagerie collaborative : tels sont les principaux objectifs de Next W après sa dernière levée de fonds.
La SAS française fondée il y a près de quatre ans réalise une augmentation de capital et contracte un prêt convertible, pour un montant total de 800 000 euros. Une enveloppe apportée par des « actionnaires historiques » ; en l’occurrence, deux des sociétés montées par Pierre Moorkens.
Cet industriel philanthrope belge est impliqué dans de nombreuses ONG, associations et fondations. Il avait déjà investi 895 000 euros dans Next W, en échange de 65 % du capital.
D’autres financements ont porté à 2,035 millions de dollars le montant total des sommes levées par l’entreprise basée dans le 10e arrondissement de Paris – qui a précisément adopté le statut de SAS pour faciliter ces opérations.
Mais le capital « n’a pas été tant dilué que cela », nous annonce Stéphane Petibon. Le directeur général de Next W, consultant e-commerce de formation, précise que Pierre Moorkens « reste actionnaire majoritaire » avec une part avoisinant toujours les 65 %.
Next W exploite la marque Newmanity pour commercialiser ses solutions Web « respectueuses de la vie privée et de l’environnement ».
À l’origine, l’offre consistait en un réseau social centré sur les enjeux sociétaux et environnementaux. N’ayant jamais dépassé les 15 000 membres, la plate-forme a été remodelée pour la diffusion d’actions citoyennes. La Fondation Nicolas Hulot l’a notamment utilisée début 2015, au moment de l’examen de la loi biodiversité, pour lancer une pétition contre les pesticides.
La notion de proximité a été approfondie afin que chacun des 80 000 membres aujourd’hui recensés puisse repérer, près de chez lui, des personnes, des associations et des professionnels pour se joindre à des initiatives.
L’ensemble est complété par des conseils pratiques et divers services pour les professionnels, notamment une place de marché où sont proposés des sessions de formation, des ateliers et stages, ainsi qu’un espace emploi.
Ce modèle essentiellement BtoC s’appuie sur le financement participatif et solidaire des utilisateurs. Stéphane Petibon l’admet toutefois : cela ne suffit pas pour être rentable. « Le taux de don spontané est d’environ 1,6 % à l’heure actuelle. […] On attend de franchir le cap des 100 000 membres pour lancer un appel au don ».
Mais le véritable pari d’avenir, c’est cette messagerie « éthique et durable » rattachée à Newmanity tout en restant utilisable indépendamment. Son nom : NYTMail ou Newmanity Mail.
L’offre présente plusieurs particularités. D’une part, elle « respecte la vie privée » : pas de collecte et de monétisation des données personnelles (ce qui s’est traduit, en parallèle, par l’abandon de Facebook Connect pour se loguer sur l’interface Web de la plate-forme d’actions sociales), ni d’affichage de publicité.
De l’autre, elle est « écoresponsable », à deux titres. Premièrement, on peut suivre des associations et des ONG, puis soutenir leurs projets. Deuxièmement, le service est hébergé aux Pays-Bas, chez l’opérateur Greenshift, dans un data center alimenté avec de l’électricité issue intégralement d’énergies renouvelables – solaire et éolien, avec un refroidissement par la marée.
Pour le moment, l’accès à Newmanity Mail est gratuit, pour 1 Go d’espace de stockage, un calendrier et un outil de partage de fichiers. Les éventuels dons servent pour partie à planter des arbres au Sénégal, en partenariat avec l’ONG Reforest Action. De quoi compensé les 9 à 10 g de CO2 produits par l’envoi d’un e-mail (deux fois moins tout de même qu’avec les messageries « classiques »).
Cette messagerie, lancée en bêta au mois de juin, est aussi présentée comme une vitrine de projets écoresponsables : par défaut, les utilisateurs reçoivent, de temps en temps, des annonces de campagnes en cours sur la plate-forme Newmanity.
Il était, à l’origine, prévu d’ouvrir la solution aux entreprises ce mois-ci. Il faudra finalement attendre décembre, les tests avec le « client pilote » ayant démarré un peu plus tard que prévu, pour des questions de sécurité, selon Stéphane Petibon.
« En la matière, nous n’avons d’autre choix que de prendre en compte les disparités juridiques entre les pays », assure celui qui a pris, en mai dernier, la suite de Victor Ferreira à la tête de Next W.
Cet entrepreneur engagé dans la solidarité internationale et le commerce équitable aura occupé pendant plus de trois ans la présidence de l’entreprise qu’il a fondée. Auteur du blog Énergies 21 sur l’environnement et l’énergie, il est aujourd’hui impliqué en politique. Il reste néanmoins actionnaire de Next W.
La version collaborative de Newmanity sera accessible pour 4 euros TTC par mois et par utilisateur. 25 % de cette somme seront reversés à l’action sociale qu’aura choisi l’entreprise cliente. « Cette réduction de la facture écologique est très intéressante pour l’image de marque », déclare Stéphane Petibon. Timing est idéal à quelques semaines à quelques semaines de la conférence sur le climat (COP21) qui se déroulera à Paris.
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