Numericable-SFR : l’Autorité de la concurrence scrute l’outre-mer
L’Autorité de la concurrence s’interroge sur les conditions dans lesquelles s’est engagé le processus de cession d’Outremer Télécom par Numericable.
Dans une décision du 27 octobre 2014, l’Autorité de la concurrence donnait son feu vert à l’absorption de SFR par le groupe Numericable.
Ce rapprochement est soumis à plusieurs conditions. Le câblo-opérateur doit notamment ouvrir son réseau très haut débit à ses concurrents (fournisseurs d’accès comme MNVO), céder le réseau cuivre DSL de Completel (sa division Entreprise) et proposer une offre de gros d’accès à ses boucles locales de fibre optique pour les opérateurs du marché de détail.
Altice – maison mère de Numericable – est aussi tenue de se séparer des activités d’Outremer Télécom, dont elle est propriétaire depuis juillet 2013. Cette obligation tient au fait que l’acquisition de SFR a également entraîné celle de sa filiale SRR, opérateur à Mayotte et à La Réunion. Une situation qui place le groupe en position largement dominante, avec en l’occurrence 66 % du marché à La Réunion et 90 % à Mayotte.
Le processus de cession est effectivement engagé. Plusieurs offres de reprise ont été déposées. Mais l’Autorité de la concurrence « s’interroge sur les conditions qui président à cette cession« . Les sages de la rue de l’Échelle s’inquiètent plus particulièrement du risque de dégradation économique d’Outremer Télécom artificiellement provoqué par son propriétaire… et qui pourrait entraîner une défection des repreneurs potentiels.
Au coeur du débat, les augmentations tarifaires qu’Outremer Télécom a appliquées le 1er janvier 2015. Des hausses qui « ouvrent, pour les clients concernés, un droit de résiliation anticipée de leur abonnement« . Ce qui fait craindre à l’Autorité une vague de départs vers la concurrence… dont potentiellement SFR, via sa filiale SRR. Altice récupérerait donc une partie des clients d’Outremer Télécom avant de s’en séparer, note Silicon.fr.
Pour l’heure, rien n’indique si ce nouvel examen entraînera des conséquences sur l’opération de fusion. L’Autorité dispose néanmoins de plusieurs outils pour corriger la situation : retirer la décision validant l’acquisition, obliger l’entreprise à exécuter ses engagements sous astreinte ou lui infliger une amende d’un montant pouvant atteindre 5 % du chiffre d’affaires. Une décision qui serait très dommageable à l’heure où Altice doit rembourser une dette de 19 milliards d’euros (dont 11,6 milliards pour Numericable-SFR, acquis pour 13,5 milliards auprès de Vivendi).
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