Numérique : des Français vraiment multicanaux ?
Le dernier baromètre CGE/ARCEP sur la diffusion des TIC en France dénote une franche percée de l’Internet mobile… avec des usages très inégaux.
Plus de la moitié des 84 % de Français aujourd’hui connectés à Internet utilisent à la fois un accès fixe et une ligne mobile.
C’est l’un des nombreux constats établis par le Conseil général de l’économie (CGE) dans la 15e édition de son baromètre annuel sur la diffusion des TIC dans la société française.
Pour la 12e année consécutive, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) a apporté son concours à cette étude – document PDF, 170 pages – fondée sur des entretiens réalisés au mois de juin 2015 avec 2 209 personnes âgées de 12 ans et plus.
Difficile de zapper le boom des smartphones : le taux d’équipement passe à 58 % de la population, contre 46 % il y a un an. Une progression sans précédent depuis que ces terminaux sont pris en compte. La tranche d’âge la plus équipée reste celle des 18-24 ans (90 %), mais c’est chez les 12-17 que la croissance est la plus importante : + 22 points d’une année sur l’autre, à 81 %.
La dynamique est comparable pour les tablettes : + 6 points en un an, à 35 % de la population équipée, dont plus de 40 % pour les 12-39 ans.
La diffusion des smartphones – et dans une moindre mesure, des tablettes – contribue au développement de l’Internet mobile, utilisé essentiellement pour la navigation Web (52 % des possesseurs de smartphones, contre 43 % l’année précédente), la consultation de courriels (45 % ; + 9 points), le téléchargement d’applications (44 % ; + 8 points), la géolocalisation (36 % ; + 8 points) et la messagerie instantanée (25 % ; + 8 points).
En parallèle, le taux d’équipement en ordinateurs baisse pour la deuxième année d’affilée : – 2 points, à 80 %. Le recul est encore plus important (- 4 points) pour la part des individus disposant de plusieurs ordinateurs.
L’équipement en téléphonie fixe reste stable (89 %), mais il est dépassé pour la première fois par la téléphonie mobile, dont le taux de pénétration augmente de 3 points en un an, à 92 % de la population. Ce qui se ressent sur les communications vocales : près des deux tiers du trafic enregistré au 2e trimestre 2015 proviennent du mobile.
Sur les accès fixes, on utilise plutôt la VoIP. C’est le cas pour 33 % des sondés (15 % font de même sur mobile). L’ADSL reste majoritaire, à 85 % des connexions, mais les accès très haut débit montent en puissance : + 1 point pour le FTTH (4 %) et + 4 points pour les autres technologies (10 %).
Réseaux sociaux : un truc de vieux ?
Au global, les plus gros usagers d’Internet restent les 18-24 ans (94 % se connectent tous les jours) et les cadres (90 %). Ce sont ces deux catégories qui portent la consommation de données mobiles, laquelle double presque d’une année sur l’autre, à 638 Mo par client.
Parmi les 10 % de Français qui n’ont qu’un téléphone mobile (pas de tablette, ni d’ordinateur), on trouve essentiellement de jeunes hommes vivant seuls avec un faible revenu. Les femmes âgées retraitées et vivant seules sont plus susceptibles de ne posséder qu’un ordinateur.
Si 51 % des Français écoutent ou téléchargent de la musique sur Internet, ils sont de moins en moins nombreux à y rechercher un emploi (- 3 points, à 29 %) et plus globalement à s’en servir dans le cadre de leur activité professionnelle. Tout particulièrement pour ce qui est des réseaux sociaux, plutôt exploités pour se tenir au courant de l’actualité (71 %).
Les Français restent des assidus de Facebook et consorts (52 % s’y connectent), mais les plus jeunes semblent s’en désintéresser : la part des 12-17 ans disposant d’au moins un compte a baissé de 5 points en 4 ans, alors que dans le même temps, elle augmente de 11 % chez les 18-24 et de 22 % chez les 25-39.
Certains usages sont particulièrement populaires dans une catégorie d’âge donnée. La géolocalisation, adoptée par 70 % des 18-24 ans, en est un exemple, tout comme les démarches administratives et fiscales (79 % des 25-39 ans, contre 63 % de l’ensemble des internaute).
Au sens du CGE, la domotique reste un usage « émergent », qui concerne en l’occurrence 6 % des Français ; lesquels ne sont par ailleurs que 33 % à manifester l’intention de s’équiper (+ 8 points en 4 ans).
Le livre électronique a lui aussi du mal à s’enraciner : 8 % des Français ont essayé et 20 % en ont l’intention. Le taux d’intérêt est un peu plus élevé pour les objets connectés, notamment dans le bien-être et la santé (28 %).
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