Frédéric Mitterrand prête une oreille attentive à la numérisation du patrimoine français et à l’action menée dans ce domaine par le très controversé Google Books. Dans ce sens, Marc Tessier, ancien président de France Télévisions, a remis son rapport le 12 janvier au ministre de la Culture et de la Communication portant sur la « numérisation du patrimoine écrit ».
Afin de rendre le patrimoine écrit français accessible à tous, le rapport de Marc Tessier préconise la création d’une plate-forme commune mixte public-privé, regroupant la Bibliothèque nationale de France (BnF), les grandes bibliothèques et les éditeurs « pour rendre consultables les ouvrages écrits […] par les internautes du monde entier ».
En revanche, les éditeurs devraient toujours garder la main sur les ouvrages qu’ils éditent. Marc Tessier précise dans un entretien accordé au Figaro que les internautes pourront consulter, sur cette plate-forme, des extraits d’ouvrages, voire de les lire et imprimer pour les livres tombés dans le domaine public.
En revanche, pour les ouvrages protégés par le droit d’auteur, après lecture d’un extrait d’un livre sur la plate-forme commune, les internautes seront renvoyés vers le site de l’éditeur pour l’acheter.
Relancer la bibliothèque numérique Gallica grâce au grand emprunt
La constitution de ce portail global pour la numérisation des ouvrages sera l’occasion également de remettre sur le devant de la scène la bibliothèque numérique Gallica, projet initié par la BnF, qui tendrait à devenir « l’équivalent de Google Books », comme l’a précisé Frédéric Mitterrand. Gallica recense aujourd’hui 145 000 œuvres francophones et plus de 650 000 journaux et revues.
Ce grand chantier de la numérisation du patrimoine écrit pourra se développer notamment grâce aux deniers de l’Etat. Ce projet de plate-forme commune bénéficiera des 750 millions d’euros alloués par le gouvernement à la numérisation du patrimoine culturel français dans le cadre du grand emprunt national.
Initier un partenariat reposant sur l’échange
En outre, Google Books, dont les méthodes ont récemment été décriées par Frédéric Mitterrand, Nicolas Sarkozy et une grande partie des éditeurs français, ne devrait pas se retrouver complètement exclu de ce vaste projet de numérisation.
Le rapport de Marc Tessier préconise ainsi l’instauration d' »une autre forme de partenariat [avec Google] sur l’échange équilibré de fichiers numérisés, sans clause d’exclusivité ».
L’idée serait d’échanger, entre la plate-forme et Google Books, des fichiers d’ouvrages numérisés, et de prévoir dans ce cadre un partage des revenus liés à la vente commune de ces livres numérisés.
« Google est entré en Europe en conquérant et beaucoup lui ont ouvert la porte en signant des accords que je trouve inacceptables. Ils reposent sur une confidentialité excessive, des exclusivités impossibles, des clauses désinvoltes voire léonines au regard du droit d’auteur », a déclaré le ministre de la Culture au quotidien Le Monde. « Je n’ai pas envie de me passer de Google. Mais il existe d’autres opérateurs privés potentiels », a-t-il ajouté.
Le service Google Books compte actuellement plus de 7 millions d’ouvrages numérisés, et devrait, selon ses prévisions, atteindre le seuil des 10 millions cette année.
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