O. Klaba (OVH): « Hadopi n’apporte pas de réponse globale pour réduire le piratage »
Le dirigeant du fournisseur de services Internet évoque l’hypothèse de délocaliser son activité si la loi « Création et Internet » l’empêche d’atteindre ses objectifs.
Vnunet.fr: Avez-vous discuté de cette loi avec vos clients étrangers ? Qu’en pensent-ils ?
O. Klaba: En premier lieu, ils rigolent. Parce que croire qu’une loi française appliquée en France va régler le problème du piratage au niveau mondial c’est … drôle. Celui qui veut pirater trouvera toujours un moyen pour le faire. Certains nous demandent quand ils devront partir se faire héberger dans d’autres pays, aux Pays-Bas par exemple, où la loi est totalement différente.
Vnunet.fr: Pensez-vous que le filtrage peut dégrader la qualité de vos services ?
O. Klaba: Nousdevons faire face au filtrage mis en place par le gouvernement Chinois qui empêche la consultation de contenu hébergé sur notre réseau. Donc nous ferons avec le filtrage dicté par notre propre gouvernement. Les méthodes sont les mêmes, seul le discours change.
Vnunet.fr: Avez-vous rencontré des décideurs politiques pour leur faire part de vos inquiétudes ?
O. Klaba: Non. Je pense qu’il y a très peu de gens qui veulent discuter. Le gouvernement a décidé de faire quelque chose pour l’industrie culturelle, et au final, il a acouché de la loi HADOPI. On ne pourra pas l’accuser de n’avoir rien fait pour cette industrie. Nous ferons donc avec ou sans cette loi. C’est à l’entreprise de s’adapter au contexte et trouver les solutions pour ses clients. Et si la loi nous pose des problèmes, on pourra toujours trouver des solutions pour nos clients.
Vnunet.fr: Hadopi pourrait donc entraîner une perte de compétitivité par rapport à vos concurrents, en premier lieu ceux basés en Europe ?
O. Klaba: Notre activité est aisément délocalisable. En étant à Roubaix dans le Nord de la France, nous pouvons acheter du terrain à une vingtaine de kilomètres pour créer des centres de données en Belgique, voir même 300 kilomètres plus loin et proposer nos solutions à partir des Pays-Bas ou de l’Angleterre. Si la loi nous fait perdre des clients ou nous empêche d’atteindre notre objectif d’être le numéro un européen, alors nous n’hésiterons pas une seule seconde à deployer nos data centers ailleurs en europe pour donner la possibilité à nos clients de choisir le pays dans lequel leur infrastructure sera hébergée.
Vnunet.fr: Donc pour continuer de vous développer, si les lois françaises ne sont pas compatibles avec votre activité, ce sera la délocalisation ?
O. Klaba: Ce seront nos clients qui décideront pour nous. Nous ne ferons que traduire leurs besoins.