Octave Klaba (OVH Canada) : « Des serveurs 4 fois moins chers par rapport à nos concurrents aux USA »

EntrepriseRégulations

« Interview round-up » du directeur général du spécialiste de l’hébergement OVH : premiers retours du data center au Canada, les démêlés avec l’exit tax, perception du projet Andromède, IPv6 Launch…

ITespresso.fr : Avez-vous résolu votre problème fiscal avec Bercy ?
Octave Klaba : Non pas du tout. La problématique de « l’exit tax » existe toujours, et nous en subissons les conséquences.

J’ai dû donner des garanties au fisc français pour les taxes que je devrais éventuellement payer si je ne rentre pas en France. Une banque c’est portée garante, avec un compte bloqué, le tout pour un coût relativement élevée.

Cela nous oblige à payer une banque pour un service qui rassure le fisc. C’est un coût mensuel, comme un loyer.

Comme je suis au Canada pour une mission de deux ans pour développer le business, c’est OVH qui doit payer ces coûts.

ITespresso.fr : Trouvez-vous cette taxe injuste ou critiquez-vous le manque de souplesse de Bercy ?
Octave Klaba : C’est une taxe très complexe sur des plus-values potentielles.

Elle a vocation à empêcher les entrepreneurs de partir en Belgique ou en Suisse pour fuir l’impôt.

Le montant de « l’exit tax » est le même qu’au Canada ou aux États-Unis, donc on ne peut pas être vraiment contre.

Ce qui est décevant, c’est que les Etats n’arrivent pas à se synchroniser entre eux pour signer des accords. Et permettre à des gens comme moi de développer le business français à l’étranger.

La France a signé un traité international de ce type, mais le Canada non. Si j’étais parti aux États-Unis (signataire de la convention), je n’aurais pas rencontré ce problème.

ITespresso.fr : En Europe, OVH est-il sollicité par des grands groupes télécoms en vue d’un rachat ? Vous voyez-vous plutôt comme un acteur de consolidation ?
Octave Klaba : Nous ne sommes pas à vendre, cela se sait. C’est pour ça qu’on ne nous sollicite pas.

Nous sommes vraiment là pour développer un business à long terme.

Nous avons un réseau sur le terrain qui fait des affaires avec les PME et TPE.

Un marché que les grands opérateurs comme Orange ont du mal à toucher parce que ça coûte extrêmement cher.

Ils préfèrent avoir un client avec un parc de 1000 téléphones alors que nous préférons toucher 1000 clients avec un seul téléphone.

Du coup, nous sommes relativement indépendants de la partie du marché où il y a le plus de concurrence.

Le plus gros client d’OVH, c’est 0,1% de notre chiffre d’affaires. Nous avons une clientèle très stable et avec beaucoup de visibilité. Le fait d’avoir seulement quelques gros clients, c’est beaucoup trop dangereux.

Quant à racheter [des concurrents, ndlr], ce n’est pas le moment. Nous allons d’abord déployer notre infrastructure jusqu’en 2014 – 2015. Et ensuite, nous regarderons les possibles synergies. Nous avons reçu des offres dans ce sens, mais rien de très intéressant.

Nous nous développons plutôt de manière organique, ce qui est plus stable mais prend parfois plus de temps.

ITespresso.fr : Pourquoi considérez-vous que le projet Andromède est une distorsion à la concurrence ? Allez-vous porter plainte ?

Octave Klaba : Nous ne communiquons pas là-dessus pour l’instant.

ITespresso.fr : Mais aviez-vous essayé de rejoindre Andromède ?

Octave Klaba : Nous n’avons pas du tout participé à l’affaire. Nous vivons de petits clients. Donc, dans le développement de l’entreprise, les gros clients ne nous intéressent pas.

Et nous n’avons jamais demandé de subventions, donc nous ne savons pas trop comment ça marche.

Nous préférons un développement pragmatique, en fonction des besoins des clients, et pas en fonction des spécifications techniques nécessaires à l’obtention de subventions.

Pour nous, une entreprise viable et fiable doit gagner de l’argent et réinvestir au maximum dans son activité. Si elle perd de l’argent et essaye de vivre avec des subventions à droite à gauche, autant déposer le bilan.

 (Lire la fin page 3 : IPv6 Launch et politique tarifaire)

Lire aussi :