Le manque de coopération et de standards étouffe les opportunités de distribution numérique, estime Rob Glaser, le PDG de RealNetworks. « Le moment est venu de libérer le vrai potentiel commercial du média en établissant des règles standard de marché pour la distribution numérique sécurisée », juge-t-il. De quoi parle-t-on ? De la nouvelle offensive de RealNetworks. Le spécialiste de la diffusion de contenus audio et vidéo sur Internet étend petit à petit son emprise sur le secteur en s’attaquant à la musique en ligne à sa source avec MusicNet (voir édition du 2 avril 2001). Il dévoile aujourd’hui deux initiatives en une : un ensemble logiciel de gestion des droits numériques et le langage ouvert utilisé par cette solution dont Real entend faire un standard.
Real Networks en retard ?
Real doit faire la toute première démonstration du nouvel ensemble logiciel ce mercredi 20 juin lors d’une conférence de Rob Glaser au Streaming Media West qui se tient jusqu’au 22 juin à Long Beach en Californie. La RealSystem Media Commerce Suite sera la technologie employée pour MusicNet et elle aurait déjà été adoptée par Sony Pictures pour la distribution numérique de films et par EMI ainsi que Bertelsmann pour la musique. Le logiciel dérive des solutions mises en place par Real pour déployer son GoldPass (un service d’abonnement) et de l’achat à la mi-janvier d’Aegisoft, détentrice d’une technologie de gestion des droits. L’implication de Real dans le domaine de la sécurisation et la gestion des droits est une nécessité face à la concurrence emmenée par Microsoft. « C’est une évolution naturelle à plusieurs titres », a commenté Geordie Wilson, chef produit Windows media chez Microsoft, « ça ne va pas être facile, nous avons fait un gros travail sur le DRM [digital right management, « gestion des droits numériques », Ndrl], ils ont beaucoup à rattraper », a-t-il confié à l’institut d’études WebNoize.
Deux modes de rémunération différents
Le nouveau système de gestion des droits est d’ores et déjà implémenté sur environ 15 des 250 millions de lecteurs Real Player distribués. Pour sa part, Microsoft aurait fourni 350 millions de copies de son propre logiciel par le biais de son système d’exploitation Windows et avec le Media Player. Mais à la différence de Real qui prévoit de prélever un pourcentage des transactions réalisées par les fournisseurs de contenu (media companies) utilisant sa solution, Microsoft prévoit de facturer directement son logiciel. « Au sein de cette industrie, il est très difficile à l’heure actuelle de tirer profit du streaming« , prévient Will Poole, vice-président de la division Windows digital media de Microsoft, cité par le New York Times, « ça va être un challenge pour Real de s’insérer au milieu de tout cela. »
Difficile de prévoir quelles vont être les réactions des acteurs du marché. Les concurrents, eux, n’ont pas tardé à s’exprimer. « Du point de vue de Liquid Audio et d’autres revendeurs qui sont nos partenaires, [l’annonce de Real] ne veut probablement rien dire », lance Matt Smith, vice-président du marketing produit de Liquid Audio cité par WebNoize. D’après lui, le système de Real, à l’instar de celui de Liquid Audio, attache dynamiquement au fichier audio ou vidéo concerné les données servant à la gestion des droits. Le système de Microsoft obligerait au contraire à encoder de nouveau le fichier en question, ce qui nécessite plus de temps et requiert d’avantage d’espace de stockage.
XMCL, version média du XML
Autre volet de cette annonce de Real, le langage employé par la RealSystem Media Commerce Suite : baptisé XMCL (eXtensible Media Commerce Language), c’est un standard ouvert, version orientée média du XML (eXtensible Markup Language). Real affirme bien haut qu’il a gagné le support notamment d’AOL, EMI, MGM, Napster, IBM, Adobe ou encore Sun Microsystems. « Les technologies de gestion des droits sur le marché ne sont pas particulièrement en phase les unes avec les autres. Ces systèmes de gestion des droits parlent tous leur propre langage propriétaire », explique de son côté Jeff Albertson, chef produit media systems. La société a invité Microsoft a participer à l’initiative, mais Rob Glaser a indiqué qu’ils n’avaient pas encore obtenu de réponse de la part de la firme de Bill Gates.
D’après le New York Times, Will Poole, vice-président de la division Windows digital media de Microsoft, a critiqué la proposition d’un nouveau standard, mettant en avant le fait qu’un autre avait déjà été proposé et qu’il était supporté par différentes sociétés éditrices de logiciels, dont bien entendu Microsoft. Il faisait allusion au XrML (extensible rights markup language) développé par Xerox et ContentGuard, un langage libre de droits et supporté par, outre Microsoft, Adobe, le Bertelsmann Service Group ou encore Time Warner Trade Publishing.
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