ONOFF Telecom : Taïg Khris voit l’avenir en grand MVNO avec les cloud numbers
Avec son app OnOff qui délivre plusieurs numéros mobiles pour un utilisateur, Taïg Khris, le champion de roller sur rampe devenu start-upper, monte en puissance. Le chemin parcouru est remarquable.
Deux ans après son démarrage, ONOFF Telecom, la start-up de Taïg Khris qui fournit des cloud numbers via un app mobile, poursuit son développement.
Et pour un champion de roller sur rampe transformé en entrepreneur qui n’y connaissait rien initialement en matière de télécoms, le parcours est surprenant à plusieurs titres.
En termes de concept, ONOFF Telecom cherche à installer l’usage de cloud numbers c’est-à-dire des numéros mobiles en accès illimité disponible pour un utilisateur sur un même téléphone.
Taïg Khris a organisé mercredi matin une conférence de presse dans les locaux d’Oodrive. Il figurait à côté de Stanislas de Rémur, co-fondateur de la société spécialisée dans le stockage cloud et un des premiers business angel à avoir apporté son soutien à ONOFF Telecom.
« J’ai deux convictions », affirme Taïg Khris. « Primo, les numéros [attribués par l’opérateur mobile avec une carte SIM] ne vont plus rester uniques. Secundo, les numéros vont aller dans le cloud. »
En fait, avec l’app ONOFF, on peut répartir ses contacts par numéros de téléphone et par catégories (un personnel et un professionnel de manière basique mais on peut affiner l’approche).
En vitesse de croisière, il faudra payer 2,99 euros a minima pour exploiter l’app. Mais il sera possible d’exploiter le service mobile avec un numéro gratuit en échange d’un système de parrainage.
La première bêta publique avait été lancée en février 2015. En l’état actuel, la start-up recense 600 000 téléchargements de son app avec un avantage sur iOS en l’état actuel (65%) et une proportion évaluée de vrais utilisateurs à 30%.
D’ici la fin de l’année, la barre du million de téléchargements devrait être atteinte. Alors commencera la bataille du freemium ou comment convaincre les utilisateurs de l’app à verser chaque mois plusieurs euros pour disposer de cloud numbers.
Accords avec les opérateurs : un tournant stratégique
Pour exploiter le vivier de numéros mobiles, ONOFF Telecom compte s’appuyer sur les opérateurs installés. Mais il faut y aller doucement avec ses partenaires potentiels. La start-up se contente de commercialiser les numéros mobiles virtuels sans toucher à la carte SIM et le business du trafic de minutes cher aux opérateurs.
Elle ajoute progressivement des nouveaux services de communication (voix, SMS) comme la portabilité des numéros qui sera disponible d’ici la fin de l’année (ou comment conserver son cloud number si je change d’opérateur).
Plus gênant, Taïg Khris veut faire du Skype ou du Whatsapp pour gagner en flexibilité de services. Un volet qui n’existait pas jusqu’ici.
Mais ce profil OTT risque-t-il de perturber les négociations commerciales avec les opérateurs ? L’entrepreneur se veut rassurant.
« C’est de l’adding value pour les opérateurs. Nous sommes comme Spotify ou Netflix aux yeux des opérateurs », assure Taïg Khris. « Nous partageons nos revenus issus de la vente de numéros avec les opérateurs. Ils ont bien compris qu’ils avaient bien perdu la bataille avec les OTT. On leur donne une vraie arme pour combattre ce système. »
Pour progresser, ONOFF Telecom doit revêtir le statut d’opérateur régulé MVNO sur les marchés visés. Pour enclencher le business, la start-up avait signé un accord avec Transatel. La nouvelle perspective consiste à signer des contrats avec plusieurs opérateurs qui vont permettre d’ouvrir dans quarante pays.
Pour avancer tant d’un point de vue technologique que commercial, la société a récemment ouvert un bureau en Espagne, en Belgique et aux Etats-Unis. En plus de ses bureaux français et estoniens (terre de développement de Skype).
Mais, en l’état actuel, Taïg Khris refuse d’évoquer des noms d’opérateurs partenaires. Mais, si les timings des contrats et des interconnexions sont respectés, il se voit déjà comme le premier opérateur virtuel dans le monde à l’horizon 2017. En revanche, aucune négociation ne serait enclenchée avec des fabricants de smartphones.
Autre spécificité à l’honneur de l’entrepreneur : ces capacités à faire fonctionner son réseau de contacts pour assurer le financement des activités d’ONOFF Telecom. En trois ans, Taïg Khris est parvenu à réunir 5 millions d’euros juste en mode « love money » (dont deux millions d’euros récemment).
Outre Stanislas de Rémur, il a su convaincre Frank Cadoret (ex-SFR) mais aussi des rugbymen de haut niveau (Sébastien Chabal, Frédéric Michalak ou Fabien Pelous) et bien d’autres.
En tout, c’est un pool de 80 investisseurs qui a été constitué. Pour les prochaines étapes de financement à plusieurs dizaines de millions d’euros si possible, Taïg Khris est conscient qu’il faudra changer de braquet et faire appel au capital-risque.
En attendant, ONOFF Telecom renforce ses assises et a accueilli Ludovic Le Moan, CEO de Sigfox en tant que nouveau board member.
La start-up ne communique pas de chiffre d’affaires mais considère qu’elle peut atteindre l’équilibre financier à partir de 200 000 utilisateurs premium qui accepte le principe de la facturation récurrente mensuelle. Elle dispose d’une trentaine d’ingénieurs en l’état actuel et cherche à en recruter une quinzaine supplémentaire.
Crédit photo illustration article : Taïg Khris (CEO d’OnOff Telecom) assis à côté de Stanislas de Rémur, co-fondateur d’Oodrive et business angel.