Oracle : le retour du Network Computer
Après l’essai non transformé du Network Computer, Oracle revient à l’assaut avec son concept d’ordinateur sans disque dur. Entre les deux, la vague du modèle de location d’applications en ASP pourrait bien valider son concept de « l’ordinateur c’est le réseau », même si quelques doutes subsistent.
Avec son New Internet Computer, Larry Ellison annonce le retour du modèle « Thin Client » ou « Client Léger » consistant à déporter l’intelligence de la machine vers le réseau. Et à transformer le PC en terminal Web pour accéder aux applications comme pour stocker les données sur Internet. Pour autant, ce concept « d’ordinateur réseau » n’est pas récent. Dès 1997, Oracle annonçait vouloir vendre une machine de ce genre, le fameux « NC », mais devait jeter l’éponge car « l’idée était en avance sur son temps » d’après le leader américain des bases de données. En effet, peut-être le marché n’était-il pas encore prêt : le commerce électronique ne démarre véritablement que début 1998 et l’utilisation d’Internet en 1997 n’est pas aussi banalisée qu’à l’heure actuelle.
Comme par le passé, la machine d’Oracle affiche son caractère Client Léger (pas de disque dur). En outre, elle se distingue par son système d’exploitation Linux issu du monde du logiciel libre et son navigateur : Netscape. Le New Internet Computer fait donc l’impasse sur les produits Microsoft. Ce terminal Web veut représenter non seulement une alternative technologique économique mais aussi un nouveau mode de consommation de l’informatique : le client paye l’utilisation de l’application et n’achète plus de licence. C’est le principe même de l’ASP (Application Service providing), la location d’applications en ligne qui permet de mutualiser les coûts et donc de les réduire. Pour Oracle, c’était sûrement le moment de relancer la machine… Et de parier que « l’ordinateur réseau » puisse profiter de la déferlante des applications proposées en mode ASP (voir édition du 4 mai 2000).
Si les infrastructures Internet permettent dorénavant d’utiliser les applications en ligne et que le marché semble mûr pour cela, le New Internet Computer risque toutefois de tomber sur un os : la compétition sauvage induite par la prolifération des terminaux d’accès Internet mobiles (téléphones WAP, assistants personnels, PC portables et depuis peu, les décodeurs TV). On peut se demander si le consommateur sera prêt à payer 199 dollars (environ 1 400 francs) pour une machine dénuée de toute intelligence et qui ne le suit même pas dans ses déplacements… A l’heure des téléphones « intelligents », la coquille vide du New Internet Computer pourrait paraître surévaluée. D’autant que si on veut bénéficier d’un écran 15 pouces, le prix du NIC s’élève alors à 328 dollars (soit environ 2 250 francs). Enfin, question subsidiaire : si « l’ordinateur réseau » tient tant à coeur à Larry Ellison, pourquoi avoir choisi de faire commercialiser le produit par New Internet Computer, la société indépendante basée à New-York ? Sans doute Oracle, bien connu des entreprises pour ses bases de données, reste encore incognito aux yeux du grand public.
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