Oracle/ Peoplesoft : à qui profite le crime ?
Incontestablement, le marché des PGI est entré dans une phase de recomposition accélérée. Les entreprises ne vont-elles pas en faire les frais ?
Il est connu que Larry Ellison aime les feux de la rampe et s’emploie périodiquement à faire des coups médiatiques qui, bien souvent, n’ont aucun effet. Il aura incontestablement réussi à créer l’étonnement vendredi 7 juin en lançant une OPA surprise, si ce n’est hostile, sur Peoplesoft, lequel avait annoncé quelques jours auparavant son intention d’acheter JD Edwards (voir édition du 2 juin 2003). Depuis, tous les médias économiques et high-tech se perdent en conjectures sur les chances de réussite ou d’échec de cette opération, et sa pertinence stratégique pour Oracle qui peine à s’imposer sur le marché des applications de gestion et dont le coeur d’activité ? les bases de données – est de plus en plus durement concurrencé. Il y a au moins un point sur lequel les commentateurs s’accordent : c’est sur le fait que cette OPA est une mauvaise nouvelle pour les clients de Peoplesoft. Larry Ellison a en effet clairement indiqué qu’en cas de réussite, il n’entendait pas maintenir durablement les deux lignes de produits. En clair, le PGI de Peoplesoft sera à terme sacrifié et ses utilisateurs fermement incités à migrer vers le produit d’Oracle.
Des entreprises condamnées à la prudenceLes entreprises qui viennent d’acquérir le PGI ou qui sont en train de l’installer ou de migrer vers la dernière version apprécieront. Après le rachat de Baan, les velléités prédatrices de Peoplesoft et le coup de théâtre d’Oracle, il semble clair que le secteur des PGI – et peut-être plus généralement des applications de gestion – entre dans une zone de turbulences qui incitera les entreprises à être particulièrement prudentes dans leurs investissements afin de ne pas se retrouver dans la situation, mentionnée précédemment, d’acheter une solution dont la pérennité est remise en question par une fusion intempestive. Dans ces conditions, ne seront-elles pas tentées de se tourner vers les valeurs sûres de l’informatique, c’est-à-dire les éditeurs qui ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’un rachat ? Mais qui est dans cette situation, à part, bien sûr, SAP et Microsoft ?