Oracle toujours sur la brèche pour racheter Peoplesoft
Alors que les obstacles s’opposant au rachat de Peoplesoft par Oracle ne sont toujours pas levés, ce dernier ne désarme pas et semble toujours y croire. Il est vrai que Larry Ellison en fait une affaire personnelle.
Le feuilleton du projet de rachat hostile de Peoplesoft par Oracle, respectivement n°3 et n°2 du marché des applications de gestion, devrait trouver son dénouement début 2004, plus de six mois après son commencement. Malgré les nombreux obstacles auxquels ce projet se heurte depuis lors (voir édition du 13 novembre 2003), la volonté de Larry Ellison, le patron d’Oracle, de racheter Peoplesoft reste sans faille. Un document transmis le 29 décembre à la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité boursière américaine, en apporte une nouvelle preuve, révélant qu’Oracle a obtenu la semaine dernière une nouvelle ligne de crédit de 1,5 milliard de dollars de plusieurs de ses banques, dont Credit Suisse First Boston et ABN Amro, dans le but de financer cette opération dont le montant s’élève à 7,5 milliards de dollars. Elle vient remplacer la ligne de crédit de 5 milliards précédemment négociée. L’éditeur justifie cette forte réduction de sa ligne de crédit par le fait qu’il dispose de suffisamment de liquidités pour financer l’OPA. De fait, dans le document déposé à la SEC, on peut lire qu’Oracle disposait au 30 novembre d’une trésorerie de 8,1 milliards de dollars. On y apprend également que son projet d’OPA lui a déjà coûté plus de 33 millions de dollars, entre autres pour financer ses crédits.
Un affrontement d’ego
S’il a les ressources nécessaires pour racheter Peoplesoft, Oracle doit cependant convaincre ses actionnaires. Or son offre n’a, à ce jour, été acceptée que pour 12,4 millions de titres PeopleSoft, soit 3 % environ du capital en actions de celui-ci. Conséquence : Oracle a une nouvelle fois prolongé son OPA jusqu’au 13 février, la précédente date butoir étant le 31 décembre. Enfin, ultime inconnue, les autorités antitrust américaines et européennes, qui enquêtent depuis plusieurs mois sur cette opération, devraient rendre leur verdict d’ici à la fin janvier 2004. De son côté, le conseil d’administration de PeopleSoft, qui a rejeté à l’unanimité les avances d’Oracle, estime que l’OPA sera probablement bloquée par les autorités antitrust et rejetée par les actionnaires, l’offre étant jugée insuffisante. D’ici le dénouement, gageons que Larry Ellison ou Craig Conway, le patron de Peoplesoft et ancien dirigeant d’Oracle, pimenteront ce feuilleton de quelques déclarations bien senties (voir édition du 11 juillet 2003). Car, outre les considérations réglementaires et financières, cette affaire est d’abord un affrontement entre les patrons des deux sociétés. Les deux hommes se haïssent depuis qu’un conflit les a opposés alors que Craig Conway travaillait chez Oracle, conduisant au départ de ce dernier.