« La mutualisation […] est une sorte d’évidence. […] Mieux vaut mettre l’argent sur des sites qu’on partage et avoir plus de sites efficaces que de faire chacun les siens ».
Maxime Lombardini avait tenu ces propos le 4 avril dernier lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Le directeur général d’Iliad (maison mère de Free) répondait à une question de Marie-Noëlle Battistel.
La députée PS de l’Isère s’interrogeait sur la politique de l’opérateur en matière de déploiement 4G, au regard des engagements pris en début d’année auprès du gouvernement pour accélérer la couverture numérique du territoire.
L’accord contraignant signé par Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free sous l’égide de l’Arcep implique notamment la couverture de « 5 000 nouvelles zones par opérateur ». Ces derniers devront, à la demande des pouvoirs publics, déployer la 4G sous 12 à 24 mois dans les endroits où ils ne sont pas présents, en prenant à leur charge l’ensemble des coûts.
Un rythme a été défini : jusqu’à 600 zones par opérateur en 2018, 700 en 2019, 800 en 2020, 2021 et 2022, puis 600 par an au-delà. Le gouvernement doit arrêter chaque année la liste des zones à couvrir, en concertation avec les collectivités territoriales.
Il est aussi demandé à la « bande des quatre » de fournir, d’ici à 2020, la 4G sur l’ensemble de ses sites, nouveaux et existants. Les sites du programme « zones blanches centres-bourgs » devront par ailleurs être équipés à au moins 75 % à cette même échéance.
Pour le régulateur des télécoms, « une part de mutualisation passive entre les opérateurs paraît nécessaire » afin d’atteindre les objectifs. Ainsi un devoir de consultation des autres opérateurs a-t-il été instauré pour toute installation de nouveaux pylônes dans des zones de déploiement prioritaire, avec une obligation d’acceptation des « demandes raisonnables ».
D’après BFM Business, Free entretient, « depuis un an ou deux », des « discussions informelles » avec Orange, dont il loue déjà le réseau dans le cadre d’un accord d’itinérance 2G/3G qui court sur la période 2012-2020.
Les négociations ne démarreraient véritablement qu’après l’été en vue d’une mutualisation du déploiement de la 4G. En toile de fond, une capacité d’investissement limitée* qui rend impossible, pour Free, de développer son réseau exclusivement en propre.
Problème : les deux opérateurs vont devoir s’entendre sur les modalités d’un éventuel accord. D’un côté, Orange envisage un accord global sur un nombre d’antennes à partager, avec une rémunération de 200 à 300 millions d’euros par an. De l’autre, Free privilégie une alliance au cas par cas, en fonction des besoins.
L’opérateur de Xavier Niel aurait tenté, sans succès, de rejoindre le réseau commun à Bouygues Telecom et SFR – un projet amorcé en 2013 et qui représente 300 millions d’euros d’économies par an.
* Free réalise à peu près un milliard et demi d’euros d’investissements par an, soit pratiquement 30 % de son chiffre d’affaires, selon Maxime Lombardini.
Photo d’illustration : © LuisTato/SIPA/Orange
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