Peu d’entreprises et de prestataires l’utilisent à ce jour, mais il va pourtant falloir se former à son utilisation. IPv6 sera dans les années à venir le nouveau protocole de référence dans les équipements réseaux-télécoms et produits numériques connectés en réseau.
Un paradoxe pour un protocole qui est déjà âgé de plus de dix ans et qui ne s’est pas encore imposé mais brille par ses qualités, notamment pour satisfaire les demandes croissantes liées aux besoins d’équipements professionnels ou utilisés par le grand-public. La multiplication des usages mobiles semble renforcer le besoin de migrer vers ce protocole, successeur d’IPv4.
Patrick Grossetête, responsable des produits IOS IPv6 chez l’équipementier Cisco Systems et co-auteur d’un ouvrage* sur le déploiement de ce protocole, revient sur les enjeux.
*Deploying IPv6 Networks, par Ciprian Popoviciu, Eric Levy-Abegnoli et Patrick Grossetête. Un ouvrage en anglais publié aux éditions Cisco Press (mars 2006).
Vnunet.fr : Vous prévoyez une pénurie d’adresses IPv4 en 2010. Les ressources actuelles vont-elles vraiment arriver à leur limites ?
Patrick Grossetête : oui, car l’espace d’adressage IPv4 est une ressource limitée théoriquement à 4 milliards d’adresses (32 bits) mais, en pratique, on en trouve bien moins que cela si l’on tient compte de l’efficacité des assignations de plages d’adresses, de leurs utilisations et du besoin de hiérarchisation dans les réseaux. L’impact de cette « efficacité » dans l’utilisation de la ressource IPv4 – comme tout autres plans d’adressage – a été analysé dans le RFC 3194 et connu sous le nom de HD-Ratio. Comme toute ressource qui s’épuise, il est important de prévoir et gérer l’avenir. C’est ce qui a été fait à l’Internet Engineering Task Force (IETF) avec la définition d’une nouvelle version du protocole IP ou IP version 6 (IPv6). Cette évolution du protocole IP offre, entre autre, un espace d’adressage de 128 bits. Depuis plusieurs années, la communauté Internet étudie la consommation des adresses IPv4 de façon à prédire la date possible de pénurie d’adresses sous cette forme et s’y préparer. Une projection de date n’est pas si aisée car tout dépend si l’on considère que l’Internet continue à croître linéairement ou s’il y a une vraie explosion avec l’arrivée de nouveaux produits numériques ( camera, mobile, appareils domotiques,… ). Malgré tout, il y a maintenant convergence pour dire que la première étape de fin de la ressource IPv4 serait en 2010.
Vnunet.fr : Mais cela implique quoi concrètement?
Patrick Grossetête : Tout d’abord, cela n’a aucun impact sur le fonctionnement de l’Internet et ses utilisateurs tels que déployés aujourd’hui. Cela n’a d’impact que sur la croissance de l’Internet et les nouveaux arrivants. Dans le même temps, il faut comprendre le processus d’allocation des adresses IP pour avoir une idée du timing réel. L’espace d’adressage IP (v4 et v6) est sous la responsabilité de l’Internet Assigned Numbers Authority (Iana) qui alloue des plages d’adresses aux « Regional Registries » (offices régionales) au nombre de cinq dans le monde : APNIC, ARIN, AfriNIC, RIPE et LACNIC. Ces registries allouent des plages d’adresses à leurs clients (Service Providers/Opérateurs, Entreprises, Organismes Publics,…), ces derniers les gèrent ensuite pour leurs propres besoins. Voici le timing que l’on peut envisager : mi-2010, c’est le début de la pénurie au niveau de l’IANA puis cela s’étendra au niveau des registries vers mi-2011. Enfin, au niveau d’un ISP, cela dépendra de sa réserve d’adresses. Tout cela fait que la fin de l’espace d’adressage IPv4 va s’étaler sur plusieurs années [voir notamment la contribution de Geoff Huston, spécialiste des réseaux IP, sur son site personnel, ndlr].
Vnunet.fr : Les fournisseurs d’infrastructures, de matériels réseaux, opérateurs et, en bout de chaîne les clients, sont-ils suffisamment impliqués dans le processus de passage à IPv6 ?
Patrick Grossetête : Il faut bien comprendre que le passage à l’IPv6 n’est pas une « modification supplémentaire » mais une évolution fondamentale de la couche IP (la couche 3 modèle OSI précisément) du protocole TCP/IP. Cela implique que tout équipement ayant une implémentation IP soit mis à jour. Pour cela, il y a des pré-requis qui expliquent la « longueur » (en termes de perception grand public) du processus. Comme l’ensemble des travaux dédiés ont été effectués dans le cadre de l’IETF depuis plus de dix ans, on y retrouve la participation d’acteurs de la chaîne réseau, ainsi que certains éditeurs logiciels (SUN, IBM, HP, Microsoft,…). Aujourd’hui, nous sommes dans une phase où le déploiement d’IPv6 en production devient possible car beaucoup de produits intègrent ce protocole. Mais, là encore, il faut rester prudent : nombre de produits annexes (sécurité, management, etc.) n’ont pas encore été forcément mis à jour.
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