« Le paiement mobile est en passe de devenir un atout incontournable pour les commerçants, comme ce fut le cas avec les cartes de fidélité. » C’est sur ces propos que s’est conclue l’intervention de Gimena Diaz, ce vendredi 19 septembre au Centre des Congrès de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
La directrice générale de PayPal France venait d’annoncer le lancement officiel d’une opération sans précédent en Europe : pour la première fois, le spécialiste américain du paiement électronique – filiale du groupe eBay – déploie à l’échelle d’une agglomération de taille moyenne son service Pay@Table.
Objectif de la démarche : faciliter les paiements dans les boutiques physiques grâce à l’application mobile PayPal. Une trentaine d’enseignes indépendantes des secteurs de l’alimentaire et de la restauration (bars, boulangeries, chocolateries…) sont dans la boucle. Elles proposent à leurs clients de régler des achats directement depuis leur smartphone, sans temps d’attente à la caisse… et en permettant de partager l’addition avec des personnes utilisant d’autres moyens de paiement.
Cette offre innovante est déjà implantée à Londres et à Berlin, mais seulement dans quelques quartiers. A Nancy, c’est toute la communauté urbaine qui est concernée. En l’occurrence, 435 000 habitants, dont environ 265 000 intra-muros. Les premières allusions à une collaboration avec le chef-lieu de Meurthe-et-Moselle remontent à début juillet. PayPal évoquait alors une ville « dynamique, ouverte aux innovations numériques » et riche d’une forte population étudiante (45 000 individus) « particulièrement réceptive aux technologies mobiles ».
Avec des écoles de commerce et d’ingénieurs, trois universités, mais aussi des laboratoires recherche, Nancy « recèle effectivement un vivier créatif « , confie Olivier Nouveau. Venu assister au lancement de « Pay@Table », le directeur Grand-Est de l’agence digitale Nurun (implantée en Région Lorraine depuis 2007) ajoute : « Nancy, c’est plus de 9000 emplois dans le numérique… et un potentiel d’attraction tel que de nombreux talents décident finalement de retourner au bercail après avoir tenté l’aventure à Paris . »
Pour François Werner, Vice-Président du Grand Nancy, ce partenariat est l’occasion rêvée « d’aller vers des paiements de services publics […] et de mieux jauger l’attrait des Nancéiens pour de telles solutions ». Du côté de PayPal, on cherche avant tout à capter les nouveaux usages sous la bannière de la « people economy » : l’expérience se recentre sur l’utilisateur, « le mobile devant éliminer toute friction, par exemple si l’on oublie sa carte bancaire », selon Gimena Diaz.
Pour le consommateur, tout se passe dans l’onglet « Shopping » de l’application mobile PayPal, sur iOS, Android et Windows Phone. Il est nécessaire d’activer la géolocalisation pour voir apparaître une liste de toutes les enseignes acceptant PayPal situées à proximité. La suite dépend du magasin sélectionné.
Première possibilité pour le client : renseigner ses nom et prénom(s) dans l’application, puis se prendre en photo. Ces données sont envoyées au système de caisse en même temps que le paiement ; elles permettent au commerçant d’identifier qui vient de régler son dû. Autre méthode : la pré-commande avec programmation d’un créneau horaire pour venir récupérer ou consommer la marchandise. C’est ce que proposent notamment McDonald’s et Kinepolis (société belge d’exploitation de salles de cinéma).
Le client peut aussi choisir de recevoir l’addition sur son mobile. Lors de la commande, l’application génère un code aléatoire que le personnel de service enregistre dans le système de caisse. A la fin du repas, le client reçoit une notification sur son smartphone et peut procéder au règlement de la facture. Le reçu lui est délivré par e-mail ou sous forme de ticket « traditionnel », à la convenance du commerçant. Ce dernier peut exploiter l’application mobile PayPal pour pousser des offres spéciales et approfondir la relation client, plus particulièrement avec ceux qui utilisent la « méthode photo.
Un dispositif marketing important a été mis en place pour soutenir l’opération. Outre une tente de démonstrations installée pour deux jours sur la place Charles-III (à proximité de la gare ferroviaire), PayPal réalise une campagne d’affichage papier et numérique, diffuse des sports radio et installe des cabines photo. Des ambassadeurs resteront par ailleurs présents plusieurs semaines sur place. « Cet accompagnement n’est pas de trop pour faire évoluer les usages », reconnaît Gimena Diaz, tout en admettant « [miser] sur l’effet de masse ».
Avec un chiffre d’affaires de 27 milliards de dollars dans le monde en 2013 (contre 14 milliards en 2012, 4 milliards en 2011 et 750 millions en 2010), le m-commerce est devenu une ligne de business prioritaire pour PayPal. En France, 15 % des transactions traitées passent par des terminaux mobiles. Et « une part croissante des utilisateurs » (6 millions dans l’Hexagone) payent via leur smartphone ou leur tablette.
La filiale d’eBay a réalisé des investissements précoces et massifs dans ce domaine, avec la France comme terrain d’expérimentation privilégié : après McDonald’s l’année passée, Uber a récemment intégré PayPal parmi les moyens de paiement acceptés pour la réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC).
« Si on considère qu’à l’origine, PayPal servait à transférer de l’argent entre possesseurs de PDA Palm Pilot, on peut affirmer que notre réflexion autour du mobile a véritablement débuté en 1998″, ironise Gimena Diaz. Seize ans plus tard, l’interopérabilité est devenue un cheval de bataille : « Nous souhaitons proposer une solution compatible avec un maximum de plates-formes, aussi bien du côté des acheteurs que des vendeurs », assure Nicolas Schaettel, Directeur produits Europe de PayPal.
En point de vente, la réalité est nuancée : il a fallu moderniser les systèmes de caisse pour assurer la prise en charge de PayPal. Seuls les terminaux les plus récents ont pu être mis à jour à distance. Côté commissionnement, le groupe américain applique les mêmes conditions que pour les achats en ligne, en conservant, sur chaque transaction, de 1,4 % à 3,4 % du montant encaissé (selon des accords négociés au cas par cas), additionnés d’une contribution fixe de 25 centimes.
Un taux dans l’absolu supérieur à celui que proposent les banques… Mais les enseignes participant à l’opération bénéficient d’une « période de gratuité » de 6 mois. Elles n’ont par ailleurs « signé aucun accord d’exclusivité avec PayPal », comme le précise Pauline Roche, Directrice commerciale omnichannel. Quant à l’implantation de PayPal Europe au Luxembourg, elle « ne change rien à la fiscalité, le service étant associé à des comptes et cartes bancaires français ».
Si l’avis n’est pas tranché sur la problématique du sans contact (« On scrute encore avec attention l’évolution du NFC »), PayPal commence à aborder sérieusement la question des crypto-monnaies. Sa filiale Braintree – rachetée en septembre 2013 pour 800 millions de dollars – est en plein chantier autour du bitcoin aux Etats-Unis.
Mais ce sont bien les usages qui conditionneront une éventuelle expansion à l’international : « En termes de devises et de moyens de paiement, il est indispensable que nous nous adaptions aux caractéristiques de chacun des pays dans lesquels nous lançons notre offre », déclare Nicolas Schaettel. Autre contrariété anticipée : la nécessité de se conformer aux réglementations associées aux banques centrales.
Revendiquant 152 millions de comptes « actifs » (au moins une transaction par an), 9 millions de paiements traités chaque jour et 19 % du e-commerce mondial en volume de transactions, PayPal se dit vigilant à l’égard de l’environnement concurrentiel, mais ne s’exprime pas sur la menace potentielle d’Apple en matière de business sur l’iPhone avec le lancement du service de paiement sans contact Apple Pay. Pourtant, aux Etats-Unis, une guerre de communication est enclenchée entre Apple et PayPal sur le terrain du paiement mobile.
« Notre portefeuille électronique est multisupport et agnostique des plates-formes logicielles : il fonctionne donc parfaitement sur iOS », glisse Gimena Diaz.
La dirigeante n’avance pas non plus de calendrier de déploiement pour Pay@Table au-delà de l’agglomération nancéienne. « On verra… Peut-être en 2015. Nous prendrons le temps qu’il faudra, y compris pour régler les éventuels problèmes techniques. Il n’y a pas de date butoir. »
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