La France doit avancer sur le paiement sans contact parce que c’est un secteur d’avenir. Il n’y a aucune raison de ne pas progresser dans les usages. Et l’argument d’un présumé manque de sécurité n’est pas recevable.
Voici les messages essentiels que Gemalto, le GIE Cartes Bancaires et Orange veulent transmettre. Et ce, avec l’appui du gouvernement.
Vendredi 10 avril, une conférence de presse était dédiée à ce thème à Bercy. L’occasion de faire le point sur le développement des services sans contact et du potentiel NFC : paiement, accès parkings, billets pour les transports en commun, location de voitures, cartes de fidélité des magasins…
En Europe, on recense plus de 200 millions de cartes sans contact en circulation. Pour faciliter la généralisation de l’usage, elles s’appuient sur une norme internationale (ISO/IEC 14443).
A Londres, où l’on peut désormais utiliser sa carte bancaire sans contact pour accéder aux transports en commun et prendre le bus, le métro ou le tramway, le cap des 1 millions de « tap » a été passé le vendredi 13 mars dernier », commente Olivier Piou, Directeur général de Gemalto.
« En Pologne, ce sont un tiers des transactions réalisées en magasins par cartes (Mastercard) qui sont faites en sans contact. » Le patron de Gemalto évoque un « mouvement irréversible ». « En Europe, d’ici 2020 tous les terminaux CB, VISA et Mastercard devront accepter des transactions sans contact », évalue Olivier Piou.
Que se passe-t-il en France ? On observe une montée en puissance en équipement mais quid des usages ? Plus de 30 millions de cartes CB sans contact circulent (soit une carte sur deux).
L’effort d’intégration pour intégrer la fonction NFC dans la carte bancaire a été poussée dans la période 2013-2014 (+60%).
« En France, le déploiement des cartes progresse au rythme de leur renouvellement », explique Bruno De Laage, Président du Conseil de Direction du GIE Cartes Bancaires. « Tous les porteurs pourront disposer d’une carte sans contact d’ici 2016. En revanche il reste encore un grand nombre de commerces de proximité à équiper, des automates (distributeurs automatiques) et des collectivités locales (stationnement, transports, piscines, cantines…). »
Le recours au sans contact tendrait à se développer mais ce n’est pas encore un réflexe de la part du consommateur. Depuis le début de l’année 2014, on recense plus de 70 millions de transactions réalisées sans contact, pour un montant moyen d’achat de 11 euros, selon le dossier de presse fourni à l’issue de la conférence de vendredi (discours des intervenants inclus svp).
Le cœur de business du paiement sans contact étant les dépenses en dessous de 20 euros (montant maximum pré-déterminé d’une transaction en mode sans contact c’est dà dire sans saisie du code confidentiel).
Le GIE Cartes Bancaires souligne que, sur les quelque 9 milliards de transactions de paiement par cartes par an, un tiers de ce volume porte sur des achats en dessous de 20 euros.
Pour le paiement sans contact, certaines enseignes s’engagent à développer les usages. Après avoir initié le mouvement en 2009, Carrefour serait le plus grand contributeur : 2250 points de vente équipés pour les paiements sans contact, 6 millions de transactions sans contact, 10% des passages en caisse sur l’année 2014.
« En outre, plusieurs enseignes de distribution ont eu un rôle moteur ou se sont impliquées dans les expérimentations en cours parmi les plus innovantes, telles que l’identification et l’authentification biométriques (Auchan et Décathlon en partenariat avec Natural Security), le paiement mobile (application mobile NFC m-Casino, solution flash’N pay de Auchan), etc. », recense Philippe Joguet, qui représentait la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution à cette conférence de presse.
En l’état actuel, un échantillon de 267 000 commerçants (soit environ 20% des commerçants en France) sont en mesure d’accepter les paiements sans contact.
Cela reste faible mais la grande distribution et les enseignes de restauration rapide montrent un certain volontarisme pour accélérer l’adoption : Casino, Intermarché, Super U, Dia, Monoprix, E. Leclerc dans la première catégorie et McDonald, Flunch, Brioche Doré dans l’autre.
Des marques spécialisées phares de distribution comme Décathlon, Leroy Merlin ou IKEA montrent aussi un certain dynamisme.
Au-delà des cartes bancaires, il est possible d’exploiter le sans contact à travers son smartphone : Android et Windows pour le moment en France. En attendant qu’Apple désormais adepte du NFC déclenche cette option sur l’iPhone en Europe.
On recense actuellement une cinquantaine de modèles compatibles NFC sur le marché français. Tous opérateurs confondus, c’est un parc de 7,2 millions de mobiles NFC qui se trouve en circulation sur le territoire.
« En France, près de 8 sur 10 mobile sous système d’exploitation Android vendus par Orange en janvier 2015 étaient NFC : Samsung, Sony, HTC, LG, Alcatel parmi les principaux fabricants », égrène Thierry Millet, Directeur des Services Financiers Mobiles et NFC d’Orange.
Plus de 1 mobile sur 2 écoulé par Orange est compatible sans contact. Le groupe télécoms compte lancer une offre nationale dans ce sens d’ici la fin de l’année mais 5 villes sont déjà dans la boucle (Caen, Strasbourg, Lille, Rennes et Nice).
De leur côté, les banques favorisent plutôt l’approche porte-monnaie électronique pour avancer dans le paiement sans contact. Les groupes BNP-Paribas, CM CIC, Banque Postale, Société Générale et Crédit Agricole poussent le service Paylib.
Comment agrandir l’écosystème du sans contact ? De grandes villes se sont associées à ce type de déploiement comme Strasbourg, Lille, Caen, Bordeaux, Lyon, Marseille et Rennes.
L’Association française du Sans Contact Mobile (AFSCM), qui fédère les opérateurs mobiles, tentent d’avancer sous le label Cityzi, territoire par territoire (Nice, Strasbourg).
Une petite campagne dédiée au paiement mobile sans contact sous forme de spots TV a été enclenchée en début de mois. Elle s’échelonne jusqu’à fin mai.
« Pour accélérer ce mouvement, il faut jouer collectif », a insisté Axelle Lemaire, selon les propos retenus par BFM TV.
La secrétaire d’Etat au numérique a suggéré aux banques de réduire les commissions bancaires liées au sans contact pour inciter les commerçants et a évoqué également le rôle des collectivités. Mais les enjeux dépassent le microcosme NFC de la France.
Il faut être en mesure de résister face à des mastodontes comme Google, Apple ou Samsung qui se lance dans la paiement mobile sans contact via sa nouvelle génération de smartphones Galaxy S6.
D’autres supports physiques vont arriver sur le marché. On le voit avec Apple qui veut exploiter le NFC via l’iPhone 6 mais aussi l’Apple Watch. Mais on peut imaginer un myriade d’objets connectés comme des porte-clés ou des bracelets.
Ce qui va constituer un défi pour la sécurité IT…Un sujet qui fait bondir Pierre Métivier, ex- Délégué général du Forum SMSC qui a monté sa propre société de consulting sur le sans contact ( Net-7 Innovation) et qui a écrit un livre de sensibilisation aux usages du NFC (« Le mobile NFC, télécommande de notre quotidien », Editions AFNOR).
En participant à la conférence de presse organisée vendredi dernier, il souligne que « le gouvernement et les industriels vont dans le même sens, donnent des chiffres et rappelle que le paiement sans contact est sécurisé. » Mais il reste un obstacle principal à ses yeux : « L’image du sans contact qui est véhiculé ».
Pierre Métivier précise sa pensée : « La TV, la presse et la blogosphère aiment bien dire que ce n’est pas sécurisé. Une sorte de French bashing que j’ai du mal à comprendre. »
Sur ce point délicat, il faudra davantage se retrousser les manches pour gagner en crédibilité et donc en confiance.
Bonus Infographie : le marché du sans contact (France – Europe)
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