Palm et Microsoft ne croient pas au Wap
Alors que les constructeurs de téléphones portables se tournent vers le Wap, Palm et Microsoft préfèrent d’autres solutions pour l’Internet mobile. En outre, ce standard conçu pour l’Internet allégé semble menacé par l’arrivée des hauts débits GPRS et UMTS. Qu’en est-il vraiment ?
L’effervescence autour du Wap porte à croire que ce standard représente la panacée de l’Internet sans fil. Chaque internaute sait déjà que la qualité visuelle en est modeste, car les terminaux de poche (téléphones, organiseurs) et le réseau GSM sont loin de pouvoir fournir toute la richesse graphique du Web. Mais, alors que les industriels de la téléphonie parient sur ce standard, des géants comme Palm et Microsoft ont un avis très critique.
Loin d’être une anecdote, le navigateur Pocket Internet Explorer de Microsoft, inclus dans les machines sous Windows CE, n’est pas compatible Wap. Récemment, le responsable marketing des solutions mobiles en Europe Dilip Mistry comparait le Wap au système DOS. « Il n’apporte pas aux usagers une expérience riche de l’Internet », a-t-il indiqué.
Pour Marc Jalabert, responsable chez Microsoft des partenariats avec les opérateurs Internet en France, Pocket Explorer a l’avantage de se connecter avec bien plus de confort visuel qu’avec un équivalent Wap. Reste que le téléphone mobile limite le débit à 9,6 Kbits/s. « Evidemment, on ne navigue pas, et il faut avoir d’abord sa liste de favoris. Mais sur des sites légers, on obtient toute l’information que l’on souhaite, et assez rapidement pour des pages de texte », considère le responsable. Autrement dit, pas vraiment besoin du Wap.
Microsoft, pourtant membre du Wap Forum, s’estime toutefois « agnostique » en matière de standard. La société commercialise d’ailleurs Windows pour les serveurs des entreprises ou des opérateurs Internet travaillant en Wap. Cela dit, les efforts ont jusqu’à présent surtout été tournés vers HTML. « Microsoft a développé un micro-navigateur Mobile Explorer pour les téléphones mobiles sans système d’exploitation. Aujourd’hui, il est compatible seulement avec HTML, mais il supportera bientôt le Wap », indique Marc Jalabert. « Le Wap est un sous-Minitel, mobile mais plus lent. Les utilisateurs risquent d’être déçus ».
Du côté de Palm Computing, le Wap n’est pas non plus une priorité. La société a préféré se tourner vers un format propriétaire (Web Clipping) pour récupérer des informations sur son organiseur (voir édition du 7 juillet 2000).
Si le Wap obtient un soutien mitigé dans l’industrie informatique, les opérateurs et les constructeurs de la téléphonie mobile voient les choses différemment. Tous préparent leur téléphone Wap. « Il est vrai que l’on n’a accès qu’à un Internet allégé avec le Wap. Mais il y a un vrai marché pour l’année 2000 », assure Laurent David, responsable des partenariats en France chez Nokia. « Palm ou Microsoft sont des industriels du secteur des organiseurs, pas de la téléphonie. Or en France, on a atteint 25 millions d’abonnés en quelques années seulement. On a d’un côté un marché segmenté, de l’autre le grand public », poursuit-il.
Reste que les limitations sont là avec des contenus en texte, des images monochromes et des services dont le succès n’est pas garanti. De plus, avec l’arrivée du haut débit sans fil, la qualité devrait s’améliorer. Cela pourrait-il rendre le Wap inutile ? A priori, le GPRS à 30 Kbits/s ou même l’UMTS à 300 Kbits/s donneraient un accès véritable à la Toile, supprimant l’intérêt d’un format allégé. « Le Wap évolue vers le multimédia, avec la compression d’images notamment, et devient un standard de fait pour l’accès à Internet sur les mobiles », défend Bertrand Guisnet, responsable d’un projet UMTS chez France Telecom R&D (voir édition du 6 juillet 2000). « Même avec l’UMTS, ce n’est pas parce que les débits augmentent que l’on n’a plus intérêt à compresser les données », explique-t-il. « Au prix de la bande passante et du MHz, les opérateurs y ont leur intérêt, par souci d’économie ». Les utilisateurs ont peut-être leur mot à dire…
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