La situation empire chez Panasonic. A l’issue d’un trimestre entaché de pertes records, le groupe high-tech japonais entérine, pour mars 2013, son retrait du marché européen des smartphones.
Cette manoeuvre, qui trahit l’état de décrépitude de l’électronique grand public nippone, s’inscrit dans une démarche de rationalisation de la production, en parallèle d’une restructuration d’envergure amorcée l’année passée.
Panasonic explore toutes les pistes pour recouvrer la santé financière, mais le constat est sans appel : investi en juin dernier, le président Kazuhiro Tsuga n’est pas parvenu à redresser la barre.
Sur l’exercice trimestriel arrêté au 30 septembre, le dirigeant déplore des pertes nettes chiffrées à 698 milliards de yens, soit 6,7 milliards d’euros.
Dans cet esprit, le directeur financier Kideaki Kawai a lancé un avertissement sur résultats, dans la perspective d’un exercice fiscal qui pourrait se clore, fin mars, sur des pertes nettes de 765 milliards de yens (7,4 milliards d’euros).
Comparable à celui enregistré en 2011 (772 milliards de yens), un tel déficit irait à l’encontre des prévisions de Panasonic, qui escomptait en l’occurrence une relance, avec des bénéfices estimés à 50 milliards de yens (480 millions d’euros).
Kazuhiro Tsuga évoque une conjoncture macroéconomique défavorable, guidée par la surévaluation du yen. La situation en Europe n’est pas pour simplifier l’équation, au même titre que le fort recul enregistré sur certains segments tel celui des écrans LCD.
Les compatriotes Sharp et Toshiba sont pris dans la même spirale, mais Panasonic enregistre également une forte chute d’activité sur les lecteurs Blu-Ray, coïncidant avec l’essor de l’offre de contenus dématérialisés.
Les appareils photo connaissent le même sort, barré par des smartphones qui embarquent une optique dont se satisfont nombre de consommateurs.
Mais cette prise de pouvoir des « téléphones intelligents » ne sourit pas à Panasonic, dont les revenus baissent de 12%, avec une proportion anecdotique du marché au dernier baromètre IDC, loin derrière Samsung et ses 31%.
Panasonic reste flou quant aux leviers de croissance qu’il compte exploiter pour exister face à cette concurrence coréenne (LG sur les écrans ; Samsung sur les terminaux mobiles ; Toshiba, même, sur les PC).
Amorcée en 2011 avec une réduction d’effectifs à hauteur de 39 000 postes (11% de la masse salariale), notamment dans les divisions TV et semi-conducteurs, la réorganisation se poursuit. Elle aura consommé plusieurs milliards d’euros.
En parallèle, l’absorption de la filiale Panasonic Electric Works (équipement domestique et du bâtiment) et le rachat, en 2009, de Sanyo (batteries, photovoltaïque) se sont révélés moins porteurs qu’escompté.
A cet égard, Panasonic va rationaliser sa production dans ces domaines et déprécier certains actifs : moins d’investissements dans les panneaux solaires, production de batteries rechargeables divisée par deux…
Pour la première fois depuis 1950, les actionnaires ne percevront aucun dividende, comme le note Reuters.
Dans les heures qui ont suivi cette annonce, l’action Panasonic a chuté de 20% à Tokyo, quand la Bourse terminait ce jeudi sur une légère hausse à 0,21%.
Crédit image : Trzmiel – Shutterstock.com
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