Demandez donc à n’importe quel vieux routard du Mac qui n’est pas passé à Mac OS X la raison de son attentisme. En dehors des coûts induits, une raison sous-jacente est souvent évoquée : « Mac OS X n’a pas l’air de fonctionner comme Mac OS 9. » Bingo ! Le fait est que la principale application de Mac OS X, celle à laquelle la clientèle d’Apple est particulièrement familiarisée, à savoir le Finder, ne réagit pas vraiment comme son homologue sous le système 9. « Pourquoi ne trouve-t-on plus le sélecteur ? Où sont passés les tableaux de bord ? Je ne vois pas la calculette dans le menu Pomme… Quand je suis sur le bureau, le raccourci Pomme-N crée une nouvelle fenêtre et non plus un nouveau dossier ! Où est passé AppleShare ? » Les questions et les réactions ne manquent pas lorsque vous mettez un utilisateur rodé au vieux système face à Aqua ! Cela ne signifie pas que la vieille garde de la Pomme est incapable de passer à Mac OS X, mais après des années d’apprentissage et d’expérience de certains réflexes, elle hésite face à ce qui s’apparente à un vrai choc culturel. Et depuis le lancement de Mac OS X, les réactions n’ont pas manqué, des simples utilisateurs aux experts en interfaces graphiques (voir édition du 11 octobre 2001). L’un des plus remontés s’avère Jef Raskins, l’initiateur du premier projet Macintosh et spécialiste en interfaces homme-machine. Il intervient de temps à autre sur le sujet (voir édition du 12 février 2001). Mais il n’est pas le seul à avoir donné une opinion défavorable : Bruce Tognazzini, membre fondateur d’un groupe de recherche interne à Apple dans les années 80, l’Apple Human Interface Group, était lui aussi monté au créneau dès l’apparition d’Aqua. Dans un réquisitoire datant de février 2000, il proposait même quelques transformations qui lui semblaient judicieuses.
Son appel n’est pas resté lettre morte : Apple a peu à peu amélioré le Finder et, avec lui, l’interface Aqua. Mais de nombreuses améliorations sont encore possibles. John Siracusa, sur le site d’ArsTechnica, s’évertue à expliquer les rudiments d’une meilleure représentation des « objets » et des « réactions » qui lui semblent les plus appropriées au Finder. Il met ainsi en avant le concept clé qui doit être associé à l’interface d’Apple : la spatialité. Pour lui, celle-ci apporte simplicité de l’apprentissage, mémorisation, efficacité et au final satisfaction. « Nous devons créer des interfaces humaines, qui utilisent la force [de la liaison de l’esprit au corps de l’être humain, Ndlr] et mettent de côté ses faiblesses », précise Siracusa. Le fait que le Finder ne soit pas associé directement à l’ordinateur dans Mac OS X (il apparaît comme un programme qu’il est possible de redémarrer sans affecter les autres applications en cours) va à l’encontre de l’esprit Mac, forgé depuis 1984. Du coup, le Finder de Mac OS X n’apparaît pas aujourd’hui comme une amélioration de ce qu’avait pu développer Apple jusqu’au système 9. L’absence de métadonnées, la disparition des familles, l’interface déconnectée de l’ordinateur, pèseraient ainsi lourdement sur les décisions de certains clients.
Convivialité et fonctionnalité
Le problème soulevé par Siracusa et nombre d’autres commentateurs pose un problème central à la firme : l’appréhension de l’apparence de Mac OS X peut-elle amener ses clients à envisager de migrer vers Windows, plutôt que vers le dernier OS d’Apple ? Un enjeu de taille, à l’heure où l’entreprise veut se rapprocher des 5 % de parts de marché. La migration de sa propre clientèle vers son nouveau système s’avère ainsi décisive. Du coup, les observateurs se tournent vers Panther (voir édition du 24 mars 2003), la prochaine mouture du système d’exploitation, et en attendent beaucoup. Outre le gestionnaire de fichiers (voir édition du 27 mars 2003), il se dit que le nouveau système doit introduire des changements dans l’apparence de l’interface. Macosrumors imagine une homogénéisation autour de l’interface en métal brossé, qui rappellerait à certains l’interface « platine » de l’ancien Finder (elle-même empruntée à Windows). Le support des métadonnées pourrait bien avoir été pris en compte par modification du système de gestion de fichiers. Les performances du Finder, elles aussi longtemps décriées (voir édition du 23 avril 2002), pourraient revenir à un bon niveau : l’utilisation du multithreading, l’amélioration du code, voire sa programmation en Cocoa pourraient jouer un rôle crucial dans cette mutation. De même, l’utilisation des fichiers aurait été revisitée pour se rapprocher de ce qui se fait sur Mac OS 9. Panther pourrait-il apparaître comme le Graal attendu par certains clients d’Apple pour mettre un pied dans Mac OS X ? Ça se pourrait ! Et les clients de la Pomme ne seraient alors pas les seuls à en profiter : la légende d’Apple s’est forgée sur l’aspect convivial et fonctionnel de son interface, ce que la firme appelle la simplicité d’utilisation !
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