Il y a presque un an, lors de la première édition de Paris Capital du Libre, une conférence intitulée « Le logiciel libre dynamite l’industrie du logiciel » avait déclenché l’ire de l’Afdel (Association française des éditeurs de logiciels) et de ses membres, issus des rangs des éditeurs « propriétaires ». Un an plus tard, Microsoft tente d’apaiser ses relations avec les acteurs du libre. La » dynamite » qui fâche est aussi devenue une « lame de fond en train de bouleverser durablement l’ensemble de la filière informatique ». Et Loïc Rivière, délégué général de l’Afdel, s’est associé à une table ronde sur le thème suivant: « Les acteurs de l’informatique face aux enjeux du libre : risques ou opportunités ? ».
A la question des freins à l’adoption des logiciels libres en entreprise, tous répondent que les entreprises s’interrogent aujourd’hui sur la pérennité des éditeurs et sociétés de services en logiciels libres.
Garantir la pérennité
« Cette question de la pérennité est une question qui ne se posaient pas autant auparavant », explique ainsi Didier Chaumont, responsable de l’offre open source de Capgemini. Pour lui, après un usage essentiellement limité aux « outils et frameworks de développement », l’open source est en train se répandre dans des applications utilisateurs et des logiciels spécifiques, comme le CRM, le décisionnel, les progiciels de gestion et les portails. Le logiciel libre devient donc, selon lui, un « élément stratégique du système d’information » et les entreprises sont particulièrement vigilantes sur sa pérennité.
Même son de cloche du coté de l’Aproged (association regroupant les professionnels du document numérique). Jimmy Barens – président du groupement ? affirme que l’open source s’est d’abord imposé « sur les couches basses et remonte actuellement la chaîne de valeur pour aller vers les applicatifs ». Conséquence, les entreprises veulent d’après lui « avoir la certitude que leur choix sera pérenne, tant en ce qui concerne le support, que les standards et l’interopérabilité » durable des systèmes avec leurs logiciels actuels.
Loïc Rivière, de l’Afdel, fait quant à lui remarquer que les acteurs de l’open source rejoignent ici leurs homologues « propriétaires « . Lesquels sont déjà fréquemment sélectionnés par les entreprises en vertu de ce critère de pérennité. Il ajoute aussi que l’un des principaux freins au libre porte actuellement sur « la mise à jour des compétences » des équipes informatiques internes des entreprises.
La mixité est là… pour durer
Plusieurs intervenants prédisent, d’autre part, une évolution du marché vers davantage de mixité entre logiciels libres et propriétaires. « Il y aura toujours de la mixité entre les logiciels libres et propriétaires », affirme notamment Jimmy Barens, tout en plaidant en faveur d’une interopérabilité entre ces deux types d’applications.
Enfin, pour Didier Chaumont, ce « modèle mixte » correspond à un mouvement du métier d’intégrateur vers « l’intégration de logiciels propriétaires et libres ». Une évolution qui ravit le Syntec Informatique. Par la voix de Francis Jubert, son délégué général, la chambre syndicale des éditeurs de logiciels s’est en effet déclarée en faveur des » approches consistant à ‘mixer’ les logiciels open source et propriétaires « .
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