Paris lance une expérimentation à grande échelle d’accès Wi-Fi gratuit
Le réseau couvre un tiers du troisième arrondissement de la capitale. En
attendant une extension du concept hotzone à d’autres quartiers parisiens.
En janvier 2004, la mairie du troisième arrondissement de Paris avait installé en son sein le premier hotspot Wi-Fi gratuit et illimité de la capitale. Devant le succès de cette initiative somme toute méconnue (260 utilisateurs en novembre pour 2600 sessions, avec des pointes de 18 personnes simultanément), chaque mairie d’arrondissement se verra équipée courant 2007. Celle du troisième arrondissement, avec son train d’avance, passe à l’étape supérieure en installant la première hotzone de France.
Christian Sautter, en qualité d’Adjoint en charge du développement économique, des finances et de l’emploi, commence par revenir sur l’initiative Parvi (« Paris Ville numérique ») initiée par Bertrand Delanoë au retour d’un voyage à San Francisco, une des villes les plus connectées au monde. Elle repose sur la généralisation du Wi-Fi, mais aussi de la fibre optique grâce à des redevances très faibles pour motiver les industriels.
La hotzone d’expérimentation couvre un rayon d’environ 800 mètres autour de la mairie, en fonction des obstacles pour les ondes, soit un tiers de la population. Des tests ont été effectués par l’opérateur alternatif Wi-Fi Meteor Networks à 1500 mètres, mais la société préfère brider le service et contrôler la montée en puissance.
Utilisation d’antennes sectorielles « intelligentes »
L’antenne principale est posée sur le toit de la mairie, à 18,50 m de haut. Le gros avantage du lieu est surtout d’être surveillé en permanence. Un peu moins d’une dizaine de mâts ont été installés, chacun pouvant supporter jusqu’à huit transmetteurs à 54 Mbits. Quelques centaines d’utilisateurs, 300 à 400 selon certaines indiscrétions, peuvent actuellement se connecter simultanément, mais cette capacité peut être entendue au besoin.
Une innovation : le réseau utilise des antennes sectorielles « intelligentes » qui concentrent le signal sur les zones où se trouvent le plus d’utilisateurs. Mais les ingénieurs ont pensé aussi à limiter les coûts là où ils le pouvaient : ainsi, l’antenne de la mairie est reliée à Internet par une batterie de liaisons ADSL économiques. Le nombre de modems est confidentiel, mais lui aussi peut être augmenté facilement.
Pour les premiers tests, une technologie à saut de fréquences avait été choisie. Si elle présentait l’avantage de résister aux pollutions radio, elle souffrait d’un inconvénient de taille : chaque utilisateur n’avait qu’une bande passante fixe limitée. Les responsables de Meteor Networks ont donc décidé de passer à un équipement Cisco afin de permettre aux utilisateurs d’exploiter toute la bande passante s’ils sont peu à être connectés à un instant donné.
Trouver un modèle économique adéquat
L’expérimentation ne coûterait rien à la Ville de Paris. Joël Bettan, le directeur général de la société, explique vouloir « étudier les usages (combien de personnes se connectent, quand, pour quoi faire…), la technologie et les modèles économiques ». Au-delà de l’expérimentation de six à douze mois, plusieurs sources de financement sont envisagées : une connexion payante à coût réduit, une connexion gratuite supportée par la publicité ou un modèle intermédiaire.
Le modèle qui semble remporter les suffrages serait un service gratuit pour lire ses mails et accéder à des sites institutionnels comme ceux de l’ANPE ou de la mairie, et payant pour le reste. Interrogation : ce réseau Wi-Fi ne risque-t-il pas à terme de cannibaliser les abonnements aux fournisseurs d’accès Internet traditionnels ? En attendant, les bureaux de poste situés dans la hotzone continuent de proposer une connexion Wi-Fi payante… fournie par Meteor Networks.