ITespresso.fr : Le nouveau Mappy n’est-il pas qu’une simple interface de l’annuaire PagesJaunes ?
Pascal THOMAS : Absolument pas ! Mappy agrège effectivement les informations de PagesJaunes sur les fiches des commerces locaux qui apparaissent sur nos cartes, mais nous avons aussi noué des partenariats avec d’autres acteurs afin d’enrichir notre proposition de contenu. Nous agrégeons par conséquent les données du Figaroscope, du media social local ZoomOn ou encore de Relaxevents par exemple, afin que l’internaute bénéficie d’un maximum d’informations.
Autre élément différenciant, là où PagesJaunes repose sur un modèle en pull, c’est-à-dire dans lequel l’internaute vient formuler une requête précise pour qu’on lui soumette des résultats, Mappy repose sur un modèle d’accès au contenu dit « en push ».
La carte est un média dont la nature favorise la proposition d’informations. Les contenus sont donc suggérés de manière spontanée aux utilisateurs au fur et à mesure qu’ils évoluent sur nos cartes, pour obtenir une vraie photographie de l’écosystème local.
D’ailleurs, depuis que nous avons lancé cette version, le temps passé sur notre plateforme a littéralement explosé : nous sommes passés de 5-6 minutes par mois à plus de 12 minutes par utilisateur (données Nielsen)
ITespresso.fr : Les mobinautes plébiscitent des outils tels que Coyote ou Waze. Estimez-vous avoir suffisamment travaillé sur la dimension collaborative de Mappy ?
Pascal THOMAS : Avant d’aborder l’aspect collaboratif de Mappy, nous avons souhaité nous focaliser sur la qualité de nos cartes et la fiabilité des informations qui y figurent, à la fois sur Internet fixe et mobile (smartphones et tablettes).
Nous ajoutons des briques petit à petit pour peaufiner nos services.
L’accent est notamment mis sur l’information trafic. L’itinéraire est calculé en prenant en compte l’info trafic en temps réel mais aussi les données historiques sur les trois dernières années.
Cela permet de donner un état prédictif de la circulation le jour où l’internaute prévoit de prendre la route. L’utilisateur peut ainsi comparer les itinéraires et adapter son trajet en conséquence.
Petit plus : la nouvelle présentation de l’information trafic met en avant les routes encombrées soit en orange quand le trafic est légèrement perturbé, soit en noir quand elles sont inaccessibles.
Nous souhaitons par ailleurs intégrer de plus en plus de temps réel. A noter que nous avons souhaité conserver un modèle gratuit, contrairement à Coyote par exemple.
En ce qui concerne Waze, je tiens à rappeler que nous parlons là d’une application probablement illégale.
La loi précise en effet qu’il est autorisé d’indiquer les zones de danger, et non les zones de radars, ce que fait Waze aujourd’hui. Nous ne pouvons pas prévoir les accidents qui, de facto, sont imprévisibles, mais nous pouvons les signaler, afin de garantir la sécurité de nos usagers. Une dimension plus communautaire est en cours de développement.
ITespresso.fr : Le nouveau Mappy mise sur le « web to shop » pour les annonceurs. Pourriez-vous tester des modèles à la performance en synergie avec ClicRDV, une autre marque de SoLocal Group ?
Pascal THOMAS – Cela viendra, mais ce n’est vraiment pas pour tout de suite, et ça ne sera jamais un modèle pour tous les acteurs.
Au 17 juillet, nous avons visité 20 000 commerces, dont 10 000 ont accepté que l’intérieur de leur commerce soit pris en photo afin d’être intégré aux cartes Mappy. Ce sont des commerçants telles que des boucheries, des opticiens, etc. Ces profils ne sont pas adaptés à un modèle à la performance. C’est une pratique maîtrisée des e-commerçants, mais pas des commerces locaux.
Nous préférons rester sur des modèles simples que nos interlocuteurs peuvent comprendre afin qu’ils s’adaptent progressivement à l’univers d’Internet. Nous pensons qu’il n’est pas opportun de leur faire faire un saut de géant, pour qu’ils se sentent ensuite complètement perdus.
Les synergies avec ClicRDV sont « évidentes » pour certains types de commerces et seront proposées en 2014.
ITespresso.fr : Google prépare une révolution dans les interfaces homme machine avec ses Google Glass. Comptez-vous porter Mappy sur cet écran, voire développer vos propres technologies de vision tête haute ou de réalité augmentée ?
Pour l’instant nous n’avons aucun projet en ce sens. En revanche, nous travaillons sur un projet innovant appelé « Ville transparente » en partenariat avec le laboratoire d’interface homme-machine de l’INRIA et la société Vectuel.
L’idée est de pouvoir intégrer à nos cartes les visites en 3D de nombreux monuments. Imaginez que vous vous promeniez dans les rues de Paris via les vues immersives de Mappy, et que vous passiez à côté des Invalides, vous pourrez y entrer virtuellement et visiter le lieu.
Quant aux Google Glass, en tant que geek bien sûr, je trouve que c’est une belle innovation, mais je n’irais pas jusqu’à la qualifier de « révolution ».
En 2006, lorsque je travaillais chez Orange, nous avions lancé des lunettes dans le cadre du Festival de Cannes : elles permettaient de visionner les films de la compétition directement sur les verres. Google n’est pas le premier acteur à exploiter les lunettes pour leur donner de la valeur ajoutée.
De plus, les Google Glass soulèvent deux questions : l’objet va-t-il trouver un usage massif qui l’installe dans le quotidien des particuliers ? Et comment vont être gérées les problématiques de vie privée ?
Rappelons que filmer des gens dans un lieu public est une atteinte à la vie privée… Je suis définitivement pour l’innovation, mais il faut qu’elle soit encadrée du mieux possible pour ne pas porter atteinte à la vie privée des particuliers.
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