Près de 190 000 sites marchands dont les deux tiers vendent à l’international, 36 millions de cyberacheteurs pour un chiffre d’affaires de 65 milliards d’euros en 2015… Damien Perillat aura multiplié, le temps d’une présentation, les références aux statistiques de la FEVAD pour illustrer le dynamisme du e-commerce dans l’Hexagone.
On peut parler d’exercice de style pour celui qui dirige PayPal France depuis près d’un an. Mais il faut bien poser le contexte : celui d’un marché « attractif », « ouvert sur les nouveaux modes de consommation », à travers des services qui « rendent le paiement invisible ».
Dans la pratique, ce n’est pas si évident. Ainsi l’expérimentation lancée il y a deux ans à Nancy autour d’un service mobile destiné à faciliter les transactions dans les points de vente physiques s’est-elle soldée sur un échec, de l’aveu de Damien Perillat.
Le dirigeant reconnaît là ce que l’entreprise s’était systématiquement refusée à commenter sous l’ère Gimena Diaz – ex-DG, du 1er juillet 2012 au 31 octobre 2015.
Le symbole d’une nouvelle époque ? En quelque sorte, si on considère que la sortie du giron d’eBay* a donné davantage de latitude à PayPal, tout particulièrement en matière de partenariats.
Les accords officialisés à quelques mois d’intervalle avec Visa et MasterCard en sont l’illustration… même s’ils démontrent aussi les relations tendues que PayPal entretient avec les différents intermédiaires dans la chaîne du paiement électronique.
Une pression exacerbée par la nouvelle donne du mobile, à l’heure où 45 millions de Français détiennent un smartphone, d’après les estimations du cabinet Forrester.
Pour PayPal, le premier paiement mobile remonte à 2006, par SMS. Dix ans plus tard, il s’est déplacé jusqu’au sein des applications, notamment via la plate-forme Braintree, dont le groupe américain avait fait l’acquisition en 2013 via eBay, qui était alors sa maison mère.
En toile de fond, une stratégie : se positionner comme une solution « universelle », « interopérable », « agnostique » et autres qualificatifs dont Damien Perillat ne manque pas.
Concrètement, cela veut dire accepter un maximum de devises et de moyens de paiement (le bitcoin est dans la boucle avec Braintree), mais aussi explorer des aspects associés à « l’app-économie », comme la contextualisation du commerce ; ou comment j’offre, entre autres, la possibilité à un utilisateur de Facebook Messenger de commander un Uber.
À l’heure actuelle, les 188 millions de comptes actifs que revendique PayPal (dont 7,1 millions en France) réalisent en moyenne 2 transactions par mois. L’objectif, sans échéance fixée, est de passer à deux par semaine. Les accords avec Visa et MasterCard dans le commerce physique doivent y concourir, en contrepartie d’une réduction des marges.
Les services de transfert d’argent entre particuliers sont un autre levier. En la matière, PayPal a déjà son concurrent de Western Union avec Xoom ; et son e-wallet nommé Venmo.
« L’argent a besoin d’un 06 ; pas d’un RIB », explique Damien Perillat, en insistant sur la dimension d’instantanéité de ce service également accessible sur le Web.
D’après nos premiers tests, les fonds sont effectivement disponibles quelques secondes après leur transfert. Cela fonctionne également si le compte PayPal de l’expéditeur est à zéro. Et il n’y a pas de frais, y compris si les fonds sont alimentés depuis une carte bancaire (« Cela n’a aucun lien avec les accords Visa et MasterCard », nous assure-t-on).
Que faire pour ceux qui n’ont pas de compte PayPal ? Damien Perillat rappelle qu’il existe le service PayPal.Me, qui gère le paiement par le biais d’URL personnalisées, sans communiquer ni de numéro de téléphone, ni d’adresse e-mail.
Et qu’en est-il concernant une éventuelle obligation de déclaration à l’administration, étant donné qu’il n’existe aucun plafond de transfert ? On nous assure que « cela ne change rien ». Autrement dit, dans les grandes lignes du code général des impôts, le fisc ne peut intervenir que si le compte PayPal est adossé à un compte bancaire ouvert hors de France et que la somme des encaissements excède 10 000 euros.
Cette fonctionnalité de transfert d’argent P2P va faire l’objet d’une campagne de communication digitale assortie d’affiches, en premier lieu dans les réseaux de transport. Reste à voir comment PayPal se positionnera sur ce marché concurrentiel face à des solutions comme Revolut, qui vont plus loin en prenant en charge des dizaines de devises sans appliquer de frais pour les utilisateurs finaux, hormis les taux de change.
On notera par ailleurs ce partenariat avec Apple pour permettre aux clients PayPal de faire leurs achats à la voix, via Siri. Pour ce qui est plus globalement des relations avec la « marque à la pomme » (qui monte en puissance dans le paiement en ligne avec Apple Pay), Damien Perillat se contente d’évoquer un « objectif commun de digitalisation des paiements ».
* Une séparation qui, nous affirme-t-on, n’a « pas eu d’effet » sur l’équipe de PayPal France et sa centaine d’employés. À noter que les activités européennes sont gérées depuis Paris.
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