Selon l’édition en ligne du quotidien américain USA Today, qui cite une source proche du dossier, plusieurs indices laissent supposer que le ministère américain de la Justice (DoJ) s’acheminerait vers une interdiction du projet de fusion entre Oracle et Peoplesoft, celle-ci contrevenant à la législation antitrust en vigueur. Premier indice : le DoJ a désigné Kent Brown, un de ses juristes les plus expérimentés en matière d’antitrust, pour traiter ce dossier. Ensuite, les services antitrust seraient en train de recueillir les témoignages de clients actuels de Peoplesoft et d’Oracle sur les problèmes soulevés par la fusion. Témoignages qui pourraient être utilisés le cas échéant pour étayer la décision de l’interdire. Or, on sait que les clients de Peoplesoft sont très hostiles à la fusion. Ils s’inquiètent de se voir proposer par Oracle une migration plus ou moins forcée non seulement vers son PGI mais également vers sa base de données, alors que 40 % des clients de Peoplesoft utilisent celle d’IBM ou de Microsoft. Cependant, USA Today estime qu’un accord reste néanmoins possible entre Oracle et les autorités antitrust, à la condition que l’éditeur respecte certaines règles. Mais est-ce l’intérêt d’Oracle que l’affaire se conclue, tant l’hostilité des clients de Peoplesoft, sans parler des dirigeants de Peoplesoft eux-mêmes (voir édition du 28 août 2003), est forte ? Car la fusion perdrait beaucoup de son intérêt si elle se traduisait par une fuite des clients.
L’inévitable concentration des acteurs
C’est bien ce qui pourrait se passer en Europe si l’on en croit une enquête réalisée par Rethink Research Associates auprès de 100 directeurs informatiques d’entreprises allemandes, françaises, britanniques et des pays nordiques. 40 % d’entre eux sont clients soit de Peoplesoft, soit de JD Edwards, et parmi ceux-là 95 % ne souhaitent pas que la fusion se fasse. Cela se comprend pour les clients de Peoplesoft puisque plus de 60 % d’entre eux déclarent que s’ils avaient à nouveau à s’équiper d’un PGI, ils choisiraient le même fournisseur. De tous les éditeurs de PGI, Peoplesoft est du reste celui qui recueille le plus fort taux de satisfaction de ses clients. L’hostilité à l’égard d’Oracle se comprend un peu moins bien s’agissant des clients de JD Edwards, plus de la moitié d’entre eux déclarant n’être pas satisfaits de leur fournisseur. A moins qu’ils ne craignent d’être encore moins bien servis par Oracle car, de fait, ce dernier est de tous les éditeurs de PGI celui qui a l’indice de satisfaction le plus faible. Quant à l’opinion des clients de SAP ou d’Oracle sur la fusion, elle est mitigée, la moitié y étant favorable. Cette ambivalence est paradoxale car seulement 1 % des DSI pensent qu’aucune fusion ne devrait intervenir parmi les fournisseurs de PGI. Cela signifie que les décideurs informatiques sont bien conscients de la nécessité d’une concentration des acteurs sur ce marché, ne serait-ce que pour leur permettre d’avoir un volume d’activité leur permettant de disposer de moyens suffisants pour suivre les évolutions technologiques et ainsi mieux répondre aux attentes de leur base installée.
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