Peoplesoft a acquis 88 % des actions de JD Edwards et espère finaliser l’opération de fusion des deux éditeurs d’ici à la fin août (voir édition du 15 juillet 2003). Avec 14 % de parts de marché cumulées, la nouvelle entité pèsera désormais plus qu’Oracle, qui ne détient que 13 % de parts de marché. Du coup se pose la question des chances pour ce dernier de mener à bien l’OPA hostile sur Peoplesoft. De fait, celle-ci se complique. Premièrement, il faudra qu’Oracle remette la main au portefeuille. La fusion entre Peoplesoft et JD Edwards s’accompagnera en effet d’émissions de nouvelles actions. Si Oracle maintient son offre à 19,5 dollars par action, il lui faudra débourser 1,03 milliards de dollars supplémentaires, soit un total de 7,3 milliards de dollars. Mais surtout il lui faudra convaincre les actionnaires du nouveau Peoplesoft de la pertinence de l’opération. Larry Ellison, le patron d’Oracle, a toujours justifié son OPA en expliquant que Peoplesoft est de trop petite taille pour survivre à l’ombre des géants que sont SAP, Microsoft et Oracle. Or, jour après jour, Craig Conway, le PDG de Peoplesoft, parvient à prouver la solidité de son entreprise qui, par conséquent, ne semble pas tant que ça avoir besoin d’une nouvelle fusion pour se développer.
Des clients fidèles
Ainsi l’éditeur a-t-il publié jeudi des résultats financiers pour le deuxième trimestre meilleurs que prévus. Alors que les observateurs pronostiquaient à l’annonce de l’OPA hostile d’Oracle une réaction de désaffection des clients vis-à-vis de Peoplesoft en attendant une clarification de la situation, et donc un coup d’arrêt des ventes, on constate qu’il n’en est rien : au deuxième trimestre, Peoplesoft a dégagé un chiffre d’affaires supérieur aux attentes, à 497,4 millions de dollars et a affiché un bénéfice de 36,5 millions de dollars, quasi stable par rapport à la même période de l’an dernier. Avec un bénéfice par action de 11 cents, l’éditeur se situe dans le haut de la fourchette des projections des analystes. Et pour le troisième trimestre, l’éditeur est optimiste, révisant même à la hausse sa prévision de chiffre d’affaires et de bénéfice. Il table désormais sur des ventes comprises entre 470 et 480 millions de dollars et un bénéfice par action à 13/14 cents.
Il est vrai que Peoplesoft a fait preuve d’imagination pour attirer des clients, en adjoignant à ses contrats une clause de remboursement pouvant aller jusqu’à cinq fois le montant des logiciels achetés si l’éditeur venait à être repris par un autre groupe (voir édition du 4 juillet 2003). De fait, les clients sont le meilleur allié de Craig Conway. Dès le début, ils n’ont cessé de clamer leur hostilité au projet d’OPA. Ils s’inquiètent de ce que les produits de Peoplesoft ne soient pas durablement maintenus et, par conséquent, d’être fermement incités à une coûteuse migration vers le PGI d’Oracle, voire sa base de données. Pour les rassurer sur ses intentions et pour entamer leur loyauté vis-à-vis de Peoplesoft, Oracle s’emploie à multiplier les déclarations et les rencontres avec eux. L’éditeur s’est ainsi récemment engagé à assurer la maintenance des produits de Peoplesoft pendant une durée de 10 ans.
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