Sur fond de campagne présidentielle (et d’un certain flottement dans les sphères de décision politique en attendant la fin des élections), les revendications dans les professions liée à la conduite automobile prennent des allures différentes. Elles tendent même à s’élargir…Après les chauffeurs de taxis et les VTC, voici les auto-écoles.
Mardi, les pros du secteur sont entrées en scène en dénonçant le projet de dématérialisation des inscriptions au permis de conduire. Une démarche qui favoriseraient les start-up exploitant les sites Internet proposant des apprentissages du code et de la conduite automobiles.
Les auto-écoles dénonce le plan « Préfectures nouvelle génération » initié par le gouvernement en 2015. Celui-ci a vocation à simplifier et moderniser certaines procédures administratives. Comme l’inscription pour passer le permis de conduire en candidat libre. Une procédure désormais dématérialisée et donc facilitée.
La Direction de l’information légale et administrative (rattachée au cabinet du Premier ministre) précise la démarche : « Vous pouvez ne pas faire appel à une auto-école pour passer l’examen du permis de conduire de la catégorie B (voiture). Vous pouvez vous inscrire seul auprès de la préfecture pour obtenir un numéro d’enregistrement préfectoral harmonisé (NEPH) puis une date d’examen pour les épreuves de l’examen (code et/ou conduite). Vous pouvez aussi faire la demande de permis auprès de la préfecture. »
Mardi 18 avril, plus d’un milliers de voitures d’auto-écoles ont manifesté dans la France pour contester la voie de la dématérialisation des inscriptions au permis de conduire, susceptible de détourner les candidats vers des start-up qui cherchent à contourner les apprentissages en auto-écoles traditionnelle.
« Entre 500 et 800 à Paris, 200 à Lyon et une centaine à Nantes, Marseille et Toulouse, soit environ 1500 en France. C’est une mobilisation réussie, sachant qu’il y a 10 000 auto-écoles en France », estimait Patrice Bessonne, Président du CNPA (Conseil national des professions de l’automobile, principal syndicat du secteur) pour la branche éducation routière.
L’autre syndicat patronal Unidec (Union nationale intersyndicale des enseignants de conduite) a également participé à ce mouvement de mobilisation dans cinq grandes villes. La dernière mobilisation de ce type remontait à février 2016.
Patrice Bessonne craint « une mise en péril de la formation et de la sécurité sur la route » à travers cette évolution favorisant les démarches d’inscription en ligne.
De son côté, l’Unidec enfonce le clou en condamnant « le modèle pédagogique des plateformes Internet ainsi que leur modèle économique et social qui vise à délivrer des formations low cost en s’appuyant sur des ‘moniteurs indépendants’, lesquels, exerçant illégalement sans agrément, concurrencent de façon déloyale les 12 000 entreprises de la profession et mettent ainsi en péril leurs 45 000 emplois. »
Une vision contestée par la poignée de start-up qui tentent de se faire une place sur le segment de l’auto-école : Ornikar, Auto-Ecole.net, Edukar…
Elles ont bénéficié d’un coup de pouce avec la Loi Macron qui a placé à pieds d’égalité les candidats issus des auto-écoles et les candidats libres ayant sélectionné les prestations des jeunes pousses. Le délai d’attente pour passer l’examen du permis de conduire s’est considérablement réduit.
Interrogé par Ouest France, Flavien Le Rendu, directeur général d’Ornikar (qui se targue de proposer une formule « CodeDeLaRoute + pack 20 heures de conduite » à un tarif « deux fois moins chère comparé à une auto-école traditionnelle), accuse plutôt « l’inquiétude de voir une nouvelle concurrence arriver sur un secteur où il y avait un monopole depuis toujours ».
Néanmoins, il faut disposer d’assises financières solides. Selon Les Echos, la start-up lyonnaise PermiGo est en redressement judiciaire depuis le 5 avril, faute d’un modèle économique viable et de soutiens financiers en provenance d’investisseurs.
Demain (20 avril), les deux syndicats des auto-écoles devraient avoir un rendez-vous avec le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Matthias Fekl.
(Crédit photo : Unidec)
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