Personnalisation éditoriale : amorçage réussi pour Ownpage
Premier tour de table (400 000 euros) pour la start-up parisienne Ownpage Technology, qui développe des outils de personnalisation des contenus éditoriaux.
Renforcer ses équipes R&D pour accélérer le développement de sa technologie d’intelligence artificielle permettant aux éditeurs de personnaliser leurs sites, newsletters et applications mobiles : tel est le principal objectif d’Ownpage Technology après son premier tour de table.
La start-up basée dans le 14e arrondissement de Paris a levé 400 000 euros avec le soutien de Paris Business Angels (qui a déjà investi près de 25 millions d’euros dans quelque 200 sociétés) et d’IT Angels (dont le portefeuille comprend aujourd’hui une cinquantaine de jeunes pousses dans le numérique).
Ces deux réseaux de business angels sont rejoints au capital par la société de conseil en investissement iSource Gestion, qui prend une participation via son fonds Angel Source.
Développés en co-maturation avec le Laboratoire d’informatique de Paris 6 (LIP6), les algorithmes d’Ownpage remplissent un rôle de personnalisation dite « passive » : les contenus éditoriaux s’adaptent au lecteur sans que celui-ci ait à intervenir.
Pour proposer ainsi de l’information sur mesure, Ownpage analyse le texte et les métadonnées des articles, mais aussi les comportements de lecture des utilisateurs sur les différentes plates-formes. L’éditeur ajoute simplement une ligne de code sur son site, le reste des opérations – de la maquette au routage – étant gérées pour lui.
A l’origine de cette technologie cloud adoptée par des groupes médias comme Le Monde, Les Échos et Express-Roularta, on retrouve Stéphane Cambon, titulaire d’un doctorat en intelligence artificielle et désormais CEO aux multiples casquettes.
« L’entreprise [fondée en 2013, ndlr] n’est pas encore rentable, reconnaît-il. On vise l’équilibre pour fin 2016. » Une condition sine qua non pour réaliser un deuxième tour de financement axé sur la croissance et au cours duquel l’équipe fondatrice lâchera éventuellement le contrôle (elle reste effectivement majoritaire à l’issue de la première levée de fonds, qui a toutefois entraîné l’éclatement du capital entre plus d’une dizaine d’actionnaires).
Newsletters : un tremplin
Dans l’état actuel, la stratégie s’oriente sur le court terme. Et plus particulièrement sur l’outil de personnalisation de newsletters, positionné comme un tremplin vers une deuxième offre : l’interface de programmation (API), qui permet à chaque client de mettre en place des fonctionnalités adaptées à sa stratégie numérique (page d’accueil personnalisée, alertes mobiles, bloc de suggestions).
Le ticket d’entrée est fixé à 600 euros par mois pour la partie newsletter. Tout en annonçant un taux de rentabilité « trois fois supérieur à celui du marché », Stéphane Chambon reconnaît que « c’est globalement un jeu à somme nulle, [qui] sert surtout à valoriser la marque, notamment lorsqu’elle dispose d’une zone premium ».
Ownpage insiste sur la dimension « clés en main » : tout est pris en charge par ses équipes, à commencer par la maquette, réalisée en interne par un graphiste.
Mais qu’en est-il d’une éventuelle montée en puissance sur la personnalisation de contenus marketing ? « Difficile de l’exclure », confie Stéphane Chambon. « Mais à l’heure actuelle, on se concentre sur l’éditorial. Les problématiques sont vraiment différentes en matière de développement des algorithmes ».
Et d’évoquer ce défi majeur auquel est confrontée la presse en ligne : la « fraîcheur » des contenus. « Le catalogue est hautement périssable. On travaille avec l’Express depuis deux ans et sur les 40 000 articles qu’on a indexés, il y en a peut-être à peine un demi-millier qui soient encore réellement pertinents ».
Aussi, ce n’est pas l’activité commerciale qui sera renforcée, mais bien la R&D. Prochains recrutements prévus sur la liste : un ingénieur et un chercheur. Issu de ce milieu, Stéphane Cambon va monter en puissance sur le commercial/marketing. « Aujourd’hui, on s’adresse à des niveaux déjà élevés de hiérarchie chez nos clients. Du coup, il est difficile d’embaucher un profil junior. Et une personne plus qualifiée n’est pas forcément compatible avec nos finances… ».
Ownpage n’est pas le seul à proposer aux éditeurs de réussir le pari de la monétisation grâce à une relation plus personnalisée avec leur audience. On citera pour l’exemple une autre société parisienne : Cabestan et ses « balises de personnalisation » pour contenus Web et messages marketing.
A l’instar d’Ownpage pour la presse, certains acteurs se positionnent sur des verticales. Illustration avec l’Américain Acquia, dont la solution de personnalisation automatisée ne concerne que les sites Web Drupal.
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