Dans le cadre du procès antitrust opposant Sun Microsystems à Microsoft, un juge fédéral américain a enjoint ce dernier d’intégrer la technologie Java de Sun dans ses divers systèmes d’exploitation, tant pour PC que pour serveurs, et ce dans un délai de 120 jours.
Sun reproche à Microsoft d’avoir installé dans Windows XP une machine virtuelle Java ou JVM (programme exécutant les applications développées en Java, dont les applets) propriétaire, de ce fait incompatible avec celle de Sun. De sorte qu’une application Java de Sun ne peut être exécutée sous Windows XP, ce qui limite évidemment l’intérêt du langage, lequel est, rappelons-le, de proposer des applications exécutables indépendamment des systèmes d’exploitation et plates-formes matérielles.
Des procès en série
L’action judiciaire de Sun Microsytems a été lancée en mars dernier (voir édition du 11 mars 2002 ). Elle est indépendante du procès antitrust mené par le ministère américain de la Justice, qui a abouti en novembre dernier à un accord à l’amiable entre les autorités fédérales et Microsoft (voir édition du 4 novembre 2002). Accord contesté par certains Etats, des associations de consommateurs et des sociétés privées dont Sun. Ce dernier a en conséquence maintenu ses propres poursuites.
Rappelons en outre que Sun avait déjà poursuivi Microsoft en 1997, toujours au sujet de Java, lui reprochant de n’avoir pas respecté le contrat de licence qu’il avait souscrit, toujours dans le but de casser le caractère interopérable de Java. Déjà à l’époque, Microsoft avait modifié la JVM intégrée à Windows et Internet Explorer afin de la rendre incompatible avec les applications Java standard. Sun avait obtenu gain cause en mars 2001, obtenant 20 millions de dollars de dédommagements. L’enjeu de l’actuel procès est d’imposer à Microsoft d’intégrer la JVM de Sun dans Windows et de l’empêcher d’en diffuser une de son cru.
Conséquences pour les utilisateurs
Outre le fait que les modalités pratiques de l’intégration de la technologie Java de Sun dans Windows n’ont pas été décidées, la question est de savoir quelles seront les conséquences concrètes de cette décision favorable à Sun sur les parts de marchés relatives de Java et plus généralement de l’environnement J2EE, par rapport à la plate-forme ?Net de Microsoft et de son langage C#, sorte de clone de Java. Autrement dit, cette décision de justice contribuera-t-elle à diffuser Java au détriment de ?Net ?
Dans une note récente, le Gartner Group notait en substance que l’intégration de Java dans Windows n’aura pas d’impact pour 90 % des utilisateurs, notamment ceux qui utilisent des applications Java exécutées sur des serveurs d’applications J2EE. Forcément, les déploiements de telles architectures ne seront ni freinés ni accélérés par l’intégration de Java dans Windows. « La décision aura surtout un impact sur les entreprises ayant investi dans des applets Java », remarque le Gartner Group. Ce dernier conseille aux « entreprises qui étudieraient le remplacement de leurs applets Java par la technologie ?Net de différer leur décision » jusqu’au dénouement de la procédure judiciaire.
En tout état de cause, l’attractivité de la plate-forme ?Net, d’un abord technique plus simple pour les développeurs, ne sera pas entamée par cette décision de justice. Sa grande force demeure son intégration native dans l’offre applicative de Microsoft. C’est pourquoi Sun Microsystems et les autres concurrents de Microsoft attendent de longue date que la justice impose de rendre indépendants les uns des autres les logiciels Internet Explorer, le serveur Web IIS et l’architecture ?Net, ainsi que l’ouverture du code source des interfaces, protocoles et formats propriétaires de Microsoft.
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