Le marché des PGI est actuellement travaillé par au moins trois tendances. La plus visible est la concentration des acteurs comme en témoigne l’OPA surprise et hostile d’Oracle sur Peoplesoft et la fusion de ce dernier avec JD Edwards (voir édition du 18 juillet 2003). Les étapes les plus marquantes de cette concentration ont été jusqu’à présent les acquisitions de Great Plains et Navision par Microsoft, celle de JBA par Geac et plus récemment le rachat par SSA d’Infinium puis de Baan (voir édition du 4 juin 2003). Ce processus concerne, on le voit, tant les éditeurs visant les grandes entreprises que celles positionnées sur le midmarket, même si c’est du côté de ces dernières que d’autres fusions sont à attendre. Sur le haut de gamme, en effet, une fois qu’Oracle aura mis la main sur Peoplesoft, la concentration aura atteint ses limites. Autre tendance : l’attention particulière portée aux PME-PMI. Celles-ci sont en effet sous-informatisées et constituent donc pour les fournisseurs un important gisement de croissance. Enfin, tous les éditeurs, qu’ils visent les grands comptes ou les PME-PMI, travaillent activement à la verticalisation de leur offre, c’est-à-dire son adaptation aux besoins spécifiques d’un secteur professionnel donné, et ce notamment pour réduire les coûts d’intégration et ainsi améliorer le retour sur investissement.
Délicate verticalisationC’est du moins la problématique des éditeurs dont le positionnement originel est d’être généraliste et qui ambitionnent à ce titre de répondre aux besoins de tout type d’entreprises. Il en est d’autres, en revanche, qui d’emblée se sont focalisés sur un secteur bien spécifique. Ce sont des acteurs de niche, de petite taille donc. On en compte de très nombreux en France, c’est même une caractéristique nationale. Ces petits éditeurs se sentent-ils menacés à la fois par l’arrivée sur leurs plates-bandes des grands éditeurs et par la tentative des généralistes de verticaliser leur offre ? L’un d’eux, Volume Software, affirme que non. Créé en 1982, Volume Software vise dès son origine l’industrie graphique et le monde de l’emballage. Avec 45 collaborateurs, il réalise un chiffre d’affaires de 3,2 millions d’euros et revendique plus de 600 références, qui vont de la PME de 15 personnes aux groupes de 2 000 collaborateurs. « C’est grâce à notre expertise métier que nous parvenons à devancer JD Edwards ou Peoplesoft sur les appels d’offre de certains grands comptes », affirme son p.-d.g., Armand de Garsignies. Selon lui, la verticalisation des PGI généralistes ne devrait pas changer la donne car c’est une démarche complexe et un PGI verticalisé n’a pas la même efficacité qu’un progiciel nativement conçu pour un secteur donné. « Il n’est pas facile de configurer une offre métier à partir d’un PGI généraliste, explique Armand de Garsignies. Mais surtout la reproductibilité est faible, c’est-à-dire que lorsqu’on a paramétré un progiciel pour les besoins d’une entreprise, le résultat est difficilement exploitable pour une autre entreprise du même secteur ; il faut pratiquement tout reprendre. » Jouer de l’instabilité comme d’un atoutDe même, la concentration des acteurs n’est pas perçue comme une menace car gagner des contrats auprès de PME-PMI nécessite une réactivité et une flexibilité que les éditeurs issus d’une ou plusieurs fusions successives, des grandes structures donc, auront alors perdues. Une preuve en est donnée par l’impact, jugé peu perceptible par la même source, de l’arrivée des grands éditeurs sur le midmarket (voir édition du 8 janvier 2003) : « SAP est handicapé par une réputation de produit lourd et coûteux à installer, alors même que le progiciel qu’il commercialise auprès des entreprises du midmarket a été spécifiquement conçu pour elles. Navision semble mieux tirer son épingle du jeu. Son produit présente l’avantage de pouvoir réaliser rapidement une maquette qui reste cependant difficile à mettre en oeuvre. » Quant à l’instabilité ambiante, qui s’est intensifiée depuis l’OPA d’Oracle sur Peoplesoft, Volume Software en joue comme d’un atout, affirmant être en mesure de garantir à ses prospects la pérennité de leurs investissements, plus que ne pourraient le faire des éditeurs dont l’assise financière est certes supérieure mais qui risquent à tout moment de tomber dans le giron d’un éditeur plus important. Dès lors se dessine ce que sera à terme la physionomie du marché des PGI : quelques très grands éditeurs généralistes (SAP, Oracle, Microsoft…) et de nombreux petits éditeurs verticaux.
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