Pierre Louette : « Orange Digital Ventures veut aider les start-up à toutes les étapes de leur développement »
Orange Digital Ventures a vocation à financer des start-up « early stage ». Retour sur la stratégie d’open innovation avec Pierre Louette, Directeur général adjoint du groupe Orange.
ITespresso.fr : Comment s’intègre le nouveau pôle d’investissement Orange Digital Ventures au sein de l’écosystème « open innovation » d’Orange ?
Pierre Louette : Orange Digital Ventures vient compléter le dispositif assez riche d’Orange auprès des start-up dans l’univers du digital. Nous avons déjà investi dans plusieurs fonds auxquels nous avons confié de l’argent pour une gestion dédiée.
C’est le cas par exemple de notre fonds avec Iris Capital et Publicis, de Robolution Capital spécialisé dans la robotique, et de la société d’investissement EcoMobilité Ventures.
Par ailleurs, nous avons mis en place des Orange Fab, des accélérateurs de start-up. Le premier est né à San Francisco, où Orange est présent depuis 15 ans. Les autres sont implantés à Paris, en Côte d’Ivoire, en Pologne, en Israël et au Japon.
L’accélérateur permet à de jeunes pousses de venir se « frotter » à des experts Orange, à rencontrer des clients, à découvrir des réseaux…
Dans le secteur du digital, nous possédons également Dailymotion, et sommes actionnaires de Deezer. Sans oublier le pôle Innovation d’Orange, composé de 4000 chercheurs.
Mais il manquait dans ce dispositif une structure ayant la capacité d’intervenir directement, en « « early stage », auprès de start-up qui ont des besoins de financement. C’est avec cet objectif là qu’intervient Orange Digital Ventures.
ITespresso.fr : Quels domaines du numérique comptez-vous investir grâce à la création de ce fonds d’investissement ?
Pierre Louette : Les domaines de prédilection sont liés à notre cœur de métier d’une part, à nos priorités stratégiques d’autre part. L’enjeu est d’anticiper les disruptions technologiques et d’usage dans le métier des télécoms, ainsi que de pouvoir investir dans des secteurs de développement d’Orange dans un avenir proche.
Par exemple , l’Internet des objets, les services B2B, le mobile banking et le paiement mobile nous intéressent particulièrement. Bien entendu les innovations télécoms autour des services de connectivité ou de communication restent un domaine prioritaire.
ITespresso.fr : Orange Digital Ventures est doté d’une enveloppe de 20 millions d’euros pour la première année. Combien de start-up comptez-vous soutenir avec ce budget initial ?
Pierre Louette : Nous n’avons pas fixé de chiffre précis. Nous utiliserons cette enveloppe au mieux. Avec des tickets d’entrée situés entre 500 000 euros et 2 millions d’euros, Orange pourra financer une douzaine de jeunes entreprises.
Nous ne voulons en tout cas pas créer une collection de start-up financées avec de trop petits tickets qui serait trop difficiles à gérer. Nous souhaitons rester pragmatique.
ITespresso.fr : Allez-vous financer des start-up françaises ou serez-vous tournés vers l’international ?
Pierre Louette : Orange est un groupe mondial, nous sommes résolument tournés vers l’international. Nous avons une équipe solide implantée en Californie, qui génère un deal flow naturel très important.
ITespresso.fr : Dans le cadre de la stratégie d’open innovation d’Orange, songez-vous à ouvrir une pépinière pour incuber des start-up ?
Pierre Louette : C’est déjà le cas avec les Orange Fab. Plus généralement, il n’est pas difficile aujourd’hui pour une start-up de trouver un incubateur.
Il est en revanche plus délicat pour elle de trouver de l’argent lui permettant de franchir ce que l’on appelle « la Vallée de la Mort », une période située après la phase de « seed », en accélérant son développement.
ITespresso.fr : Considérez-vous qu’Orange est aujourd’hui l’un des principaux opérateurs télécoms dans le monde à soutenir activement des start-up ?
Pierre Louette : Il est certain que nous avons créé une démarche complète d’open innovation. Mais Deutsche Telekom, avec sa société de venture capital T-Mobile Venture, a aussi déjà beaucoup investi dans le développement de jeunes pousses.
Entre ses investissements en direct et ses participations à des fonds, Orange a déjà investi plus de 300 millions d’euros dans des start-up.
Orange veut être présent à tous les stades d’évolution d’une start-up, pour être capable de participer aux projets intéressants et maximiser ensemble la valeur créée.