ITespresso – Pierre Louette, Vous êtes le « Monsieur numérique » du MEDEF. A l’occasion de l’ouverture de son université d’été, quel bilan peut-on tirer de votre action des derniers mois ?
PL – Je suis effectivement aux commandes depuis novembre dernier du « Comité de transformation numérique » du MEDEF, que je préside aux côtés de Patrick Bertrand (CEGID) et Christian Poyau (Micropole). Même si le nom diffère du précédent « Comité numérique » du MEDEF, nous nous inscrivons dans la continuité de l’action de son ancien président, Philippe Lemoine.
Pour le MEDEF, le numérique est bien plus qu’un secteur économique. C’est une idée, des pratiques, des technologies qui bouleversent l’informatique ou les télécoms mais également d’autres secteurs industriels tels que la banque, le tourisme ou la distribution. Dans quelques années, n’importe quelle rue de Paris aura été impactée par cette révolution, avec la disparition de certaines enseignes mais également l’apparition de nouveaux acteurs. Toute notre économie va changer en profondeur.
ITespresso – La France compte depuis peu un nouveau ministre de l’économie et du numérique. Quels doivent être les chantiers prioritaires du pays pour réussir cette « transformation » ?
PL – Le MEDEF a accueilli très favorablement la nomination d’Emmanuel Macron, qui non seulement connaît très bien les entreprises mais qui appartient à une génération particulièrement sensible à cette révolution numérique.
Parmi les chantiers prioritaires, il y sans doute besoin d’évaluer l’impact du numérique sur notre économie pour identifier quels secteurs seront les plus concernés et identifier où sont les priorités de demain.
Je pense que notre pays doit également étudier comment le numérique peut contribuer à la réforme de l’Etat. Une majorité de français payent désormais leurs impôts en ligne, ce qui est source de grandes économies pour l’Etat. Cela doit être une réflexion pour d’autres secteurs de l’administration.
Enfin, le numérique doit être au cœur de la formation de nos étudiants et je partage la réflexion d’Axelle Lemaire, reconduite au secrétariat à l’économie numérique, pour proposer l’apprentissage du code informatique le plus tôt possible dans le cursus scolaire.
ITespresso – Des projets de coopération privé/public tels que Quaero (recherche multimédia) ou plus récemment Andromède (cloud souverain) n’ont pas atteint leurs objectifs. Faut il repenser la relation entre multinationales françaises et start-up dans la sphère numérique, sur le modèle du Small Business Act américain ?
PL – Il y a effectivement un problème d’articulation entre nos jeunes pousses et nos grands groupes. La France compte de très nombreux dispositifs pour financer des TPE mais ces dernières peinent ensuite à changer d’échelle, et à passer au stade de l’industrialisation.
Dans le secteur numérique, Dassault Système par exemple s’est néanmoins démarqué en rachetant plusieurs start-Up comme Netvibes ou Exalead. Et le groupe Orange multiplie les initiatives avec des fonds d’investissement comme Iris Capital, des incubateurs aux 4 coins du monde que nous transformons en « accélérateurs », comme Orange Fab et des investissements directs dans des jeunes pousses telles que Deezer ou Dailymotion, que nous accompagnons dans leur globalisation.
ITespresso – Vous travaillez chez Orange mais quel regard portez vous sur un entrepreneur tel que Xavier Niel, qui s’apprête à conquérir l’Amérique. Pourquoi cet homme n’est il pas membre du Medef ?
PL – Xavier NIEL et ILIAD sont bienvenus au MEDEF et nous saluons son ambition internationale. Mais vous noterez que même si le numérique ne représente que 5 à 6% de notre économie, il est désormais bien représenté au MEDEF. Outre ce comité que j’ai l’honneur de présider, notre Vice-Président, Geoffroy Roux de Bezieux, dispose d’une solide expérience dans la téléphonie mobile et l’entrepreneuriat, tandis que Pierre Gattaz, notre président, dirige un fabriquant de matériel de connectique de premier rang.
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