Dans le contexte perturbé du procès Napster (voir édition du 3 octobre 2000), les producteurs de musique se sentent investis d’une mission. « Encourager une stratégie européenne pour combattre le piratage physique et en ligne », tel est le message que la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) veut faire entendre à la présidence française de l’Union européenne. La période correspond en effet à un moment clé, car la directive européenne sur le copyright sera examinée en deuxième lecture par le parlement européen à partir du 23 octobre prochain.
Jay Berman, le président de l’IFPI est catégorique : le piratage est un fléau pour l’industrie du disque. La fédération qu’il dirige se bat activement, d’une part contre la reproduction physique (la gravure de CD pirates), d’autre part contre la diffusion en ligne d’oeuvres protégées. « Nous avons développé notre propre moteur de recherche, qui nous permet de localiser les sites illégaux. Ensuite nous informons nos groupes nationaux qui leur adressent d’abord un courrier puis prennent les mesures nécessaires. ». Une des solutions évoquées serait de créer un format de fichier musical qui ne puisse être compressé et qui serait ainsi difficile à échanger…
Pourtant, malgré leurs beaux discours, les éditeurs ne semblent pas très actifs. En réalité, leur position est forcément ambivalente, un peu comme celle des éditeurs de logiciels. D’un côté, le discours est très véhément et, de l’autre, certaines études montrent que le piratage peut augmenter le nombre de logiciels vendus. Un haut responsable de Microsoft avait même déclaré, à propos des potentialités de piratage du livre électronique : « Microsoft est la société dont les logiciels sont les plus copiés au monde et cela de l’empêche pas d’être extrêmement profitable. » Et dans le secteur musical, des études contradictoires démontrent tour à tour que les ventes de CD augmentent ou baissent, grâce ou à cause du format MP3. Dans ce flou, un des principaux soucis des éditeurs est finalement de trouver un modèle économique viable.
Tim Bowen, vice-président de Universal Music, a un avis plutôt clair sur la question « Ces nouvelles technologies ne répondent à aucun ‘business model’. De notre côté, nous voulons offrir aux consommateurs un produit qu’il paie à un prix acceptable, avec de la valeur ajoutée. Cela peut être gratuit, cela peut prendre une autre forme », a-t-il expliqué, avant d’ajouter, non sans humour : « Un abonnement type Canal + serait très bien. On ne peut permettre que la musique soit volée, car sans business plan, les pirates ne peuvent durer. »
Le modèle de l’abonnement a donc une fois de plus été cité. C’est une solution qui paraît envisagée par de nombreux acteurs du secteur. On pense à RealNetwoks, qui a mis en place un tel système aux Etats-Unis, avec son service GoldPass qui donne accès à toute une série de contenus audio et vidéo contre un abonnement mensuel. L’exemple d’Emusic est aussi souvent cité, le site propose des téléchargements de MP3 illimités contre une souscription mensuelle. Patience, patience, le monde de la musique est en pleine ébullition…
Pour en savoir plus :
* L’IFPI
* La propriété intellectuelle sur le site de l’UE
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