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Quel portrait-robot du dirigeant d’une startup vedette ? Tentative de profilage

Peut-on dégager des caractéristiques communes entre les entrepreneurs de startup à succès qui sévissent sur le Web français ?

Frédéric Mazzella (BlaBlaCar), Jean-Daniel Guyot (Captain Train devenu Trainline), Frederic Potter (Netatmo), Hugues Le Bret (Compte Nickel), Jean-Baptiste Rudelle (Criteo), Didier Rappaport (Happn)….55 dirigeants ayant emmené des startup à un certain degré de notoriété ont accepté de répondre à une étude menée par Antoine Colboc, Partner chez Boyden (chasseur de managers talentueux) qui évoluait auparavant dans le monde du capital-risque (ex-branche VC du Crédit Lyonnais/Crédit Agricole Private Equity devenue Omnes Capital).

Les principaux enseignements ont été présentés mardi matin lors d’une session Cafe Connect au Hub de Bpifrance.

L’auteur a abordé ce thème du portrait-robot du dirigeant en mode start-up sous six angles : pédagogie, jeu collectif, agilité, intuition, communication et ambition.

Parmi ces grands angles, l’agilité dans la gestion de l’entreprise et l’ambition semblent les points communs les plus partagés entre les entrepreneurs. « Le profil du fondateur est un homme à 90%, qui a crée sa première start-up à 28 ans et qui a fait des études supérieures. Par ses origines sociales, il est généralement familier du monde des entreprises », souligne l’auteur.

La « capacité pédagogique » est aussi un élément moteur. « C’est nécessaire pour expliquer aux investisseurs des business models qui n’existent pas », estime Antoine Colboc. « C’est valable vis-à-vis des autres et de soi-même. Il faut travailler à simplifier son discours pour mieux comprendre sa vision. »

La problématique du « jeu collectif » est tout aussi subtile : « Les co-fondateurs ont chacun leur partition complémentaire », estime l’auteur de l’étude. La communication auprès des équipes n’est à négliger non plus. « C’est un job en permanence », tranche Antoine Colboc.

Il faut montrer des capacités de mobiliser, rassembler et embarquer les équipes dans les turbulences. Tout en construisant la confiance et en maintenant l’ambiance.

Dans les principales tendances, l’auteur signale que l’âge des dirigeants varie assez largement de 24 ans à 53 ans, que les personnes interrogées ont créée et dirigé jusqu’à quatre start-up…Les diplômés d’écoles d’ingénieurs viennent en tête puis des écoles de commerce…Mais plus un quart ont mené d’autres types d’études.

Ce que l’étude montre moins, c’est la possibilité de faire ses preuves sur le terrain en étant autodidacte. Xavier Niel et Marc Simoncini ne faisaient pas partie du panel d’Antoine Colboc.

Mais leur parcours respectifs montrent que l’on peut démarrer une start-up sans forcément être bardé de diplômes et gravir progressivement les échelons de l’e-business. Quitte à se préparer à l’ère de l’Internet en se faisant la main avec le Minitel…

Management start-up : les réflexes à développer
– Les incontournables : sens de l’urgence et instinct de survie, énergie et résistance, avancer sans se retourner, intelligence collective
– Les options obligatoires à choisir : ambition, intuition, mode de jeu collectif
– Les facteurs de succès complémentaires : Cumul d’expérience, commencer jeune, l’intuition humaine

Lors d’une table ronde qui a suivi la présentation de cette enquête, trois entrepreneurs sont venus commenter l’étude et apporter leurs témoignages :

Evaneos : L’agilité recouvre tout

Eric La Bonnardière, cofondateur d’Evaneos.com (un e-voyagiste pour des séjours sur mesures qui a levé 18 millions d’euros au printemps dernier et qui dispose d’un effectif de 100 personnes) confirme que la dimension de l’agilité joue un rôle important. « Elle recouvre même les autres [caractéristiques]. »

« Au début, on fait tous les métiers soi-même que l’on développe ensuite dans l’entreprise », commente Eric La Bonnardière. « Il faut savoir recruter les gens qui feront la croissance de l’entreprise. Au bout de 50 personnes, il est important de structurer et mettre en place des process sans transiger sur l »énergie de la start-up qui doit perdurer. »

L’organisation est basée sur « la confiance ». Elle s’appuie sur des « squads » c’est-à-dire des équipes pluridisciplinaires qui ont des objectifs très identifiés.  Et elle évolue en permanence. « On est en train de changer notre organisation mise en place il y a six mois pour aboutir à la disparition du pôle marketing », explique Eric La Bonnardière.

Le co-fondateur et CEO déclare ne pas vraiment regarder ce qui se passe en termes de chiffres vis-à-vis de la concurrence et préfère se concentrer sur l’innovation.

OuiCar : saisir la chance

Pour Marion Carrette, co-fondatrice de OuiCar (plateforme de location de voitures de particulier à particulier), la persévérance est importante pour diriger une start-up. « Mais il faut aussi avoir la santé : on ne peut pas tomber malade. »

La start-uppeuse intègre également « la chance à saisir quand elle se présente ». C’est un élément qui explique en partie le rapprochement avec le groupe SNCF : « Il y a un an et demi, j’ai rencontré par hasard Guillaume Pepy [Président de la SNCF] qui m’a dit : pourquoi nous n’investirons pas chez vous dans le cadre de notre stratégie de porte à porte. »

« Nous avons gardé tous les attributs de la start-up tout en ayant accès à un grand compte », commente Marion Carrette. Et les synergies commencent à porter leur fruit, notamment avec la « grosse audience » de Voyages-SNCF.com.

ManoMano : intuitif et créatif

Dans un tout autre domaine, Christian Raisson, co-fondateur de ManoMano (un site e-commerce dédié au bricolage qui a levé 15 millions d’euros et qui dispose désormais d’un effectif d’une centaine de personnes), revendique son côté « créatif et intuitif » tandis que son associé Philippe de Chanville « est plutôt data et cherche les bonnes pratiques parmi les leaders de l’Internet ».

Il évoque les craintes des initiatives de concurrents susceptibles de briser la mécanique enclenchée. « Auparavant, sous notre ancien nom de MonEchelle.fr, Cdiscount avait lancé en même temps sa propre marketplace ‘bricolage’ dans une logique d’intraprenariat. On s’est dit qu’on était foutu. Mais, en fait, cette marketplace a disparu au bout de 18 mois. »

Mais, bon, actuellement, il reste toujours un onglet « Jardin Brico Animalerie » sur Cdiscount…Il vaut mieux rester sur ses gardes.

On vous laisse découvrir la vidéo réalisée avec Christian Raisson lors du dernier salon Paris Retail Week (septembre). Il décortique le business de ManoMano.

(Crédit photo illustration : NME : de gauche à droite : Antoine Colboc, Christian Raisson, Marion Carrette et Eric La Bonnardière)

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