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PowerPC : les puces de la zizanie

Dell adoptera-t-il l’Opteron d’AMD ? La question est cruciale pour le constructeur, car ses principaux concurrents entendent profiter de l’engouement des entreprises pour les processeurs x86-64. IBM, Fujitsu-Siemens, Sun, HP et quelques seconds couteaux s’engouffrent sur cette voie (voir édition du 17 novembre 2003). Le soutien de Microsoft à l’architecture d’AMD, avec l’arrivée prévue pour la fin de l’année d’un Windows 64 bits (voir télégramme du 4 février 2004), nourrit les espoirs de relance des ventes. Cet enthousiasme est principalement dû à la transition douce vers l’informatique 64 bits qu’offre la stratégie d’AMD. Une stratégie à comparer à la reconstruction quasi-totale au prix fort demandée par Intel avec son processeur Itanium (voir télégramme du 14 janvier 2004). Il y a une raison à cette divergence dans la stratégie des fondeurs de puces x86 : la volonté d’Intel et d’HP de concurrencer les architectures RISC d’IBM et de Sun. Le vrai détonateur, c’est la gamme de processeurs Power4 d’IBM : issu de 5 années de recherche entre 1996 et 2001, le Power4 et ses descendants sont les processeurs de référence des gros serveurs. Autrement dit les machines à battre pour l’Itanium. Conçu pour éviter les erreurs, les pannes, pour être compatible avec les différentes familles de processeurs d’IBM et pour développer une puissance de calcul phénoménale, la famille Power4 est en plus compatible avec le petit cousin PowerPC, moins cher à développer, et utilisable dans des ordinateurs de bureau. Qui peut le plus, peut le moins, dit le dicton, qu’applique scrupuleusement IBM à ses deux familles de processeurs.

Ce n’est pas le même cas de figure pour Intel, dont l’incompatibilité des deux plates-formes signifie un doublement des efforts. C’est la seule façon pour lui de rattraper la concurrence sur des terrains où il va jouer un rôle de Challenger. Le premier fondeur mondial se trouve dans cette situation avec son Itanium face à la famille Power sur les serveurs haut de gamme. C’est aussi le cas sur le marché des petits et moyens serveurs, où la voie retenue par AMD et soutenue par IBM (Big Blue a été le premier à opter pour l’Opteron) oblige Intel à sortir de sa manche Nocoma, un Pentium Xeon dopé aux 64 bits (voir édition du 18 février 2004). Du coup la belle harmonie du socle x86 a tendance à se déliter, et la position d’Intel est aujourd’hui devenue fragile, même si le fondeur n’a pas perdu de sa puissance. Sur le court terme, ses processeurs Pentium ne seront plus concurrencés sur des plages de fréquences, mais sur des plages de puissance développée. Les processeurs 64 bits s’ils sont moins rapides en fréquence, commencent à montrer leurs capacités de puissance. Le PowerMac G5 d’Apple est déjà là pour le prouver, malgré ses 2 GHz. Et AMD dénonce lui aussi la dictature du MHz. Intel l’a bien compris : ses processeurs ne mettront plus en avant les fréquences mais porteront à l’avenir de simples numéros. Un énorme travail de sensibilisation de la clientèle s’imposera alors, avec le risque de la désorienter.

Stratégie de contournement

IBM le sait, qui va présenter l’avenir de ses processeurs Power et PowerPC le 31 mars prochain. La désorganisation du camp x86 joue pour lui et pour Apple, principal utilisateur des puces PowerPC. Selon C/Net, les observateurs s’attendent à voir Big Blue sortir de son chapeau le nouveau Power5, quelques déclarations sur ses développements PowerPC, mais aussi des informations concernant le projet Cell comme à Sony et Toshiba. Avec le recentrage de ses activités Processeurs et Serveurs, les analystes pointent du doigt la volonté pour IBM de mettre en avant l’architecture PowerPC dans son ensemble, de ses puces PowerPC 400 à la famille PowerPC 900 en passant par les PowerPC 700 (voir télégramme du 17 février 2004). La rumeur veut qu’IBM soit également en train de chercher des fabricants de cartes mères. Pour pousser la production d’ordinateurs adoptant massivement ses puces ? Evidemment, ni les efforts, ni le chiffre d’affaires d’IBM dans le domaine des processeurs ne sont comparables à ceux d’Intel. Mais l’analyse attentive de la stratégie de contournement employée par Big Blue montre un effort à la mise en avant d’autres solutions que celles centrées autour d’Intel. Les actuelles décisions des acteurs dessinent les contours de ce que devrait devenir le marché demain.

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