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PowerPC : vers le tout IBM ?

Dur dilemme pour les fondeurs de processeurs : à mesure que le niveau de gravure se réduit, la complexité augmente. Et la maîtrise de la gravure à 0,13 micron oblige à franchir un palier particulièrement ardu comme l’a expliqué Fred Zieber, un analyste de Pathfinder Research à nos confrères de Designchain.com« A partir de 0,13 micron, vous commencez à avoir besoin de changer les structures même de la matière. ». Jouer avec la matière ! Voilà bien l’écueil sur lequel nombre de producteurs de puces risquent fort de trébucher. Sur les 0,13 micron, Motorola vient seulement d’en faire l’annonce et la firme est en retard de près de deux ans sur Intel, IBM et AMD! La réponse des fondeurs à cette problématique ? Les partenariats. Motorola s’est adjoint l’aide de Philips et de ST Micr?lectronics, IBM travaille avec Sony ainsi que Toshiba et s’encanaille avec AMD ! Seul Intel semble jouer au cavalier solitaire. Et le seuil des 90 nanomètres (0,09 micron), qui a été atteint ou devrait l’être dans l’année n’est qu’une étape : derrière, se profilent des objectifs encore plus sérieux : 65, 50, 45 et même 35 nanomètres !

Des augmentations de performances de 15 %

Pour atteindre ces niveaux de précision, chacun a sa propre stratégie. Dans le camp PowerPC, IBM (voir édition du 3 décembre 2001) s’appuie sur sa puissante équipe de recherche et développement (R&D) et ses outils maison, son concept de fabrication de puces à la demande ou sur ses partenariats stratégiques. Côté R&D, IBM s’avère l’un des plus actifs dans les semi-conducteurs. La firme maîtrise les technologies SOI, low-k dielectric ou le câblage ultra-fin sur cuivre… En interne, l’équipe de Big Blue dispose de l’outil EinsTuner, lui permettant de retailler automatiquement les transistors intégrés sur un processeur. Cet outil permet des augmentations de performances de 15 % et optimise la consommation électrique des PowerPC. Le concept de fabrication de puces à la demande a déjà porté ses fruits : Nintendo (voir édition du 14 juin 2001), mais aussi Sony l’utilisent pour leur consoles de jeux. Et Big Blue semble devoir aujourd’hui s’appuyer sur sa maîtrise des « mots informatiques longs » ou VLIW (voir édition du 5 décembre 2000), et sur l’intégration d’une unité de calcul vectoriel (SIMD). L’enjeu : s’introduire plus avant sur les marchés des traitements du signal, des réseaux et télécommunication, de la 3D et de la vidéo… IBM a même démarré un programme de licence autour du PowerPC, pour externaliser la conception des puces à petits volumes. Cet intérêt a été mis en exergue par le partenariat de développement d’IBM avec Sony et Toshiba sur une unité de traitement dénommée Cell, qui permet d’intégrer de multiples processeurs sur une seule puce, de manière similaire à ce que le fondeur a réalisé avec le Power4 ! L’enjeu de ce concept de puce : obtenir une architecture utilisable en parallèle dans de nombreux appareils grand public et avec de probables applications également dans les ordinateurs. L’un des responsables de Cell n’est autre que Chekib Akrout, directeur de la division PowerPC ! Il a vaguement précisé lors du dernier forum des processeurs embarqué (Embeded Processor Forum de San Jose), que l’avenir de l’informatique se jouait sur 64 bits.

Toute cette énergie et ces investissements d’IBM cachent mal son ambition (voir édition du 8 avril 2003) : devenir un challenger d’Intel, et pourquoi pas le leader du marché des semi-conducteurs ? En ratissant large, en ramenant Apple dans son giron et en utilisant une stratégie de développement tous azimuts, IBM s’engage dans la voie de la marginalisation de Motorola ! Ce dernier, s’il dispose du meilleur moteur SIMD du marché (AltiVec), a fait l’impasse dès 1998 sur le traitement des mots informatiques longs (VLIW), essentiels pour les prochaines applications informatiques. De plus il a annulé certains de ses investissements sur la plate-forme, et pourrait perdre à termes l’un de ses plus gros clients, Apple. Enfin, les développements autour de son G4, un processeur haut de gamme, ne répondent pas à la diversité de la demande aujourd’hui. Gageons que si Motorola reste actif sur la plate-forme PowerPC, ce sera plutôt grâce aux gains tirés de son passage à 0,13 micron, au marché des télécommunications et des réseaux, et à ses partenariats.

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