Selon Amir Reza-Tofighi, président de Vitalliance, la technologie, et plus précisément le digital, améliore fortement le bien-être des personnes âgées, sans pour autant remplacer l’humain.
Quel est votre parcours ?
J’ai découvert Vitalliance pendant mes études d’ingénieur (Supélec) après avoir rencontré les deux fondateurs, et j’y ai travaillé en parallèle de mes études. J’y ai découvert un univers humain qui m’a passionné, et j’ai décidé à la fin de mes études de rejoindre Vitalliance à temps plein. Douze ans plus tard je suis très actif sur le métier de l’aide aux publics fragiles, à la fois en tant que Président de Vitalliance que Président d’une Fédération du Secteur (Fedesap)
Quelle place, selon vous, le digital prend-il auprès de cette clientèle qui, d’une manière générale, n’est pas familière avec les innovations technologiques ?
Je vois les outils technologiques (informatique ou robotique) comme une formidable opportunité pour nos clients d’accéder à des coûts raisonnables à toujours plus d’accompagnement qualitatif à domicile.
Par exemple, si une présence physique de l’intervenant est trop coûteuse sur un 12 h/24 h, la technologie de la téléassistance permet aujourd’hui de garantir la sécurité sur toute la plage horaire même si l’intervenant n’est là que quelques heures. Plus largement, la domotique, même si elle est très jeune en termes de mise en place opérationnelle, va contribuer activement à l’autonomie des personnes âgées à leur domicile.
Un autre exemple, plus orienté sur nos modalités opérationnelles, est la détection numérique des meilleures compatibilités de savoir être et de savoir-faire entre les intervenants et le client aidé. Sur ce genre de projet, la qualité des datas est un élément clés, combiné à la validation humaine au niveau opérationnel pour gérer en amont les risques associés.
Il est important de préciser que le digital ne remplacera jamais l’humain. Nous aurons toujours besoin d’intervenants à domicile car nous sommes dans l’humain.
Pensez-vous qu’à long terme, le digital va s’installer dans le quotidien de nos seniors ?
Oui, j’en suis certain. Il n’est pas question de savoir si le digital va s’installer dans le quotidien de nos seniors. Dans 10 ans, la grande majorité des personnes âgées de plus de 70 ans seront 100 % connectées. Et pour les générations futures, le digital est « natif » et ouvre ainsi de gigantesques perspectives d’évolution. La question est plutôt de savoir COMMENT cette digitalisation va se produire : les robots, si un jour ils deviennent accessibles au grand public, vont peut-être reprendre une partie des tâches techniques (comme le ménage par exemple), mais ils ne remplaceront pas le lien social. Il y aura donc un nouvel équilibre entre interventions humaines, outils numériques et robots à inventer. Évidemment tout cela dépendra beaucoup du niveau de dépendance des personnes, qui est un élément clé à prendre en compte.
Qu’en est-il de la concurrence sur le secteur du digital dans la silver économie ?
Autant le secteur « classique » des structures d’aide à domicile est en train de se consolider et se structure, autant la partie digitale de la silver économie est embryonnaire et fragmentée. Nous voyons foisonner une multitude d’acteurs sur divers services (ex : écran tactile simplifié qui propose le lien avec le monde extérieur, plateforme web de sortie d’hôpital, chemins lumineux, matelas intelligents, etc.). Nous en testons certains pour mesurer l’utilité réelle auprès de nos clients. Dans ce cadre, les services d’aide à domicile sont des acteurs clés, car nous sommes au plus près des bénéficiaires et en lien permanent avec eux. Nous devons contribuer activement à leur intégration numérique, et surtout valider l’impact de ces solutions sur leur bien-être.
Vous-même, croyez-vous aux bienfaits de ces services pour l’accompagnement des seniors ?
Oui, je pense que ces services digitaux ont une place à part entière dans notre métier, pour servir plus vite et de manière toujours plus qualitative un nombre croissant de personnes en perte d’autonomie. Mais comme je l’ai dit, ils ne remplaceront jamais l’aide humaine, ils seront complémentaires. Nous consacrons beaucoup d’énergie à tester de nouveaux services et de nouvelles organisations. Ce n’est que le début.