Une tribune de Corinne Estève Diemunsch, Directrice Marketing et Communications chez Limonetik, en charge des Talents et de la RSE. Corinne est également administratrice de l’ACSEL, principale association transversale du numérique en France dont la mission est l’accélération de la #TransfoNum et de la #ConfianceNum
Comme l’annonçait il y a quelques semaines Jordan McKee dans Forbes, l’Internet des Paiements (IoP) est arrivé ! Adossés à l’accélération de la transformation digitale des entreprises et poussés par l’urgence sanitaire partout dans le monde, les services financiers et l’industrie des paiements se sont vus propulsés à l’avant-scène des préoccupations Business.
Sous le feu des projecteurs : l’IoT, les marketplaces, les paiements sans contact, etc. et, bien sûr, la dose de complexités en tout genre qui les accompagnent. Qu’elles soient techniques, légales, liées à la sécurité, à la logistique, à la gestion des microtransactions dues aux évolutions des attitudes de consommation… les règles du commerce n’en finissent pas de se complexifier.
De l’IoT à l’IoP
Le rapprochement entre l’Internet des Objets (IoT) et les paiements (IoP – Internet of payment) est désormais une évidence ; car le monde connecté intègre de façon transparente l’acte de paiement. Elle l’absorbe au titre de l’expérience d’achat sans couture et sans rupture.
C’est en 2017, alors qu’IDC Financial Insights publiait une étude sponsorisée par ETA et Intel, que Josephine Rossi réalisait l’un des premiers articles sur le sujet dans Electran. L’essor des objets connectés devenant de plus en plus prégnant et, intéressant de manière croissante industriels et Fonds d’investissement, le changement de paradigme de l’industrie des paiements s’accélérait. L’Internet des paiements était né aspiré par le développement de l’IoT dont les transactions aux Etats-Unis visaient les +125% sur les prochaines années. Ainsi, l’étude affichait que d’ici 2022, $7.5bn de nouvelles transactions seraient générées aux US grâce à l’IoP (Internet of Payments). De son côté Fortune Business Insights prévoyait que le marché mondial de l’IoT s’élèverait à quelques « 1,103 billion de dollars d’ici 2026, tandis que le secteur des services financiers deviendra le plus grand segment de marché ».
L’enjeu de la « transparence » des paiements
La cape d’invisibilité posée sur l’acte de paiement n’est pas sans poser quelques réflexions à de multiples niveaux : éthique, philosophie, responsabilités, sécurité, confiance, gouvernance des données qui explosent, conformité réglementaire, technologies hardware et software… Sans oublier que, dans le contexte actuel et fort des contraintes imposées par la transmission de la COVID, de nombreux verrouillages limitant les interactions physiques s’imposent.
Ainsi, Gartner, dans l’une de ses dernières recherches intitulée « Payment Acceptance Will Never Be the Same After the COVID-19 Pandemic » en octobre 2020, met en lumière l’évolution dont les entreprises gèrent et acceptent les paiements. De fait, associés à l’évolution des attitudes des consommateurs à l’égard des espèces et d’autres modes de paiement par contact, le changement de paradigme du paiement marque l’essor du digital. Dans cette même étude, Gartner indique que d’ici 2023, cinq pays auront lancé des initiatives de numérisation visant à éliminer les espèces de la circulation ; et que d’ici 2024 les utilisateurs du paiement mobile dans le monde doubleront pour atteindre près de 2 milliards, contre moins d’un milliard en 2019.
Il est clair que l’acceptation des paiements ne sera plus jamais la même et que l’apogée de l’Internet des paiements est devant nous.
Plongeons dans l’Internet des Paiements
Quelle que soit le secteur observé, que ce soit dans l’industrie automobile, le retail, les loisirs, l’alimentaire, …, l’ensemble des activités basculent plus ou moins rapidement et violemment dans l’univers du Web. A ce titre, chacun entre dans le monde connecté ; et qui dit « connecté », dit technologique. Et l’étendue de l’éventail des appareils qui supportent ces technologies, la variété des habitudes et attitudes des consommateurs mais aussi la largesse du spectre des fournisseurs de services, s’accumulent comme autant de complications qu’il faut surmonter.
Certains affirment, qu’en moyenne, chaque individu, à l’échelle planétaire, possédera 6,6 appareils connectés à Internet d’ici trois ans. Selon Gartner, 20% des appareils IoT seraient liés aux voitures connectées tandis que 40% seraient liés aux produits électroniques grand public IoT.
En matière de paiement, la tendance serait tirée par les applications IoT et l’expansion du réseau d’acceptation des paiements sans contact et via smartphone. Nous constatons d’ores et déjà une évolution majeure des terminaux de paiement dans les points de vente mais également l’évolution des formulaires de paiement en ligne reliés aux mondes de l’Internet des objets et de l’Internet des paiements.
Au-delà de l’omnicanalité
Les modes de paiement ont peu à peu glissé vers moins de contact, moins de rupture dans la chaine de consommation, plus d’interactivité. Tandis que les expériences de caisses connectées, de parcours clients revisités ou d’assistance robotique n’étonnent plus le consommateur, tout objet est éligible à devenir un jour un point de paiement. De la montre connectée, à l’appareil électroménager, ou encore au véhicule, chacun pourrait devenir demain un potentiel terminal de paiement.
Aujourd’hui, accompagnant les marques dans leur transformation numérique que ce soit pour maintenir leurs parts de marché ou accélérer leur développement à l’international, les acteurs du paiement doivent épouser les multiples facettes d’un commerce réinventé.
Au-delà de la mise en conformité ou des besoins d’omnicanalité, à l’intersection de la mondialisation des échanges et de son multiculturalisme, le paiement collabore et dialogue avec le pluralisme tant culturel que technologique sans sacrifier aucune identité ni spécificité.
L’internet des paiements s’est immiscé dans nos maisons, habite nos sacs, s’invite dans notre quotidien sans que nous en ayons totalement conscience. Il est devenu au fil des mois notre meilleur ami.