Elles se comptaient encore sur les doigts d’une main avant l’entrée en vigueur, le 1er octobre 2014, de la réglementation crowdfunding en France. Les plates-formes de financement participatif spécialisées dans le prêt aux PME sont aujourd’hui plus d’une dizaine en activité dans l’Hexagone.
L’une d’entre est entrée en phase opérationnelle il y a quelques semaines, en l’occurrence le 11 mars 2015. Son nom : Prêtgo. Ses concurrents : Unilend (qui fait figure de vétéran dans le secteur, avec déjà une levée de fonds à son actif, Lendix (qui a également bouclé un tour de table au mois de mars), Credit.fr (soutenu par le fonds Truffle Capital) ou encore Lendopolis (fondé par Vincent Ricordeau, déjà à l’origine de KissKissBankBank).
A l’origine de Prêtgo, on trouve Patrick Derhy, qui dispose d’une vingtaine d’années d’expérience dans le secteur bancaire, d’abord chez Cardif (société d’assurances filiale de BNP Paribas), puis chez Société Générale et à La Banque Postale en tant que directeur du pôle stratégie SI.
Se présentant à la fois comme une « alternative » et un « complément » au financement bancaire, Prêtgo fonctionne sur le principe du crowdlending : des particuliers peuvent soutenir, via des prêts rémunérés, des entreprises à la recherche d’un financement pour réaliser un projet.
Dans l’environnement actuel, les taux d’emprunt sont alléchants pour les prêteurs : ils s’échelonnent de 4 % à 9 %, en fonction de plusieurs critères. Non seulement le montant et la durée du prêt (entre 10 000 et 300 000 euros sur 2 à 5 ans), mais aussi la notation interne que Prêtgo aura attribuée au projet lors de sa sélection.
Pour les prêteurs, c’est la garantie d’un rendement régulier, par opposition à l’investissement en actions, dépendant des dividendes versés par la start-up. Pour les emprunteurs, le taux n’est pas nécessairement avantageux par rapport à celui que proposent les banques. Mais ces dernières ont tendance à accorder moins facilement des prêts, a fortiori avec les nouvelles règles relatives au renforcement de leurs fonds propres.
Les campagnes sur Prêtgo durent 4 semaines, avec des tickets d’investissement de 20 à 1000 euros. L’entreprise doit justifier d’au moins deux exercices comptables clôturés. Les investisseurs doivent être majeurs, capables juridiquement et domiciliés en France. Les projets sont sélectionnés avec Ellisphere, un spécialiste de l’évaluation du risque de crédit.
A la clôture des campagnes, Prêtgo rédige un contrat de prêt et procède au remboursement mensuel des échéances, en récupérant une commission de 3,5 % à laquelle s’ajoute 1 % par an du capital restant dû afin de couvrir les frais de gestion. Une assurance-crédit est également proposée à l’emprunteur.
Agréé par l’ORIAS en tant qu’intermédiaire en financement participatif (IFP, mettant en relation, au moyen d’un site Internet, des porteurs de projets et des investisseurs), Prêtgo se donne pour objectif de financer 50 projets en 2015, à hauteur de 4,25 millions d’euros.
Pour le moment, seuls deux projets se sont lancés… et aucun n’a atteint son objectif de financement. Mais les voyants semblent au vert pour le prêt aux PME, qui, selon le dernier baromètre de Compinnov, a représenté 58 % des 152 millions d’euros de fonds drainés en 2014 par le financement participatif en France.
A noter que les intérêts perçus chaque mois par les prêteurs entrent dans la catégorie des « produits des placements à revenu fixe ». A ce titre, ils sont soumis à l’impôt sur le revenu, assujettis à la CSG et autres contributions sociales. Les intérêts sont par ailleurs versés après déduction des prélèvements sociaux (15,5 %) et d’un prélèvement forfaitaire au taux de 24 % (acompte d’impôt sur le revenu imputable sur l’impôt, à payer l’année suivante et restituable en cas d’excédent).
Crédit photo : Denis Vrublevski – Shutterstock.com
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