Psion se retire du marché des PC de poche
Ne pouvant résister plus longtemps à la concurrence, le britannique Psion jette l’éponge. Les Series 5mx et Revo Plus seront les derniers modèles du catalogue. Mais il n’abandonne pas pour autant le domaine des appareils mobiles connectés en misant sur sa filiale Teklogix et sur Symbian, le consortium chargé de développer son système Epoc.
« La première raison qui explique notre décision tient au fait que Psion Digital [la filiale chargée des PC de poche, Ndlr] a été contre-performant de manière continue. » Tels sont les mots, pas vraiment tendres, de David Potter, président fondateur de Psion, pour expliquer le revirement spectaculaire de sa société : les PDA, c’est fini. Une sacrée décision vu que l’on peut considérer la société anglaise comme l’inventeur du concept du PC de poche. Mais cela ne lui aura donc pas suffi pour résister au raz-de-marée du Palm et aux derniers succès enregistrés par les PC de poche sous Windows CE, au premier rang desquels le fameux iPaq de Compaq qui remporte tant de suffrages. David Potter le reconnaît d’ailleurs en invoquant comme deuxième raison « qu’au cours des six ou neuf derniers mois, le marché a été saturé de produits de poche […] entraînant une très forte tension sur les prix ».
Un marché en pleine évolution
Psion paie peut-être aussi son choix du « tout clavier ». La firme n’a en effet jamais voulu proposer de modèle à n’utiliser qu’avec un stylet. Si ce choix se justifiait tant qu’aucune méthode de reconnaissance d’écriture fiable n’existait, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Bien sûr, plusieurs projets, dont un baptisé Quartz, sont dans les cartons de Symbian, le consortium créé par Psion pour promouvoir le système d’exploitation Epoc 32. Mais ils n’en sont jamais sortis… Peter Bancroft, le porte-parole de la maison mère, assure, lui, que le marché des appareils avec clavier se porte à merveille : « Nous avons vendu l’année dernière un demi-million d’appareils, ce qui correspond à une croissance de 75 % en nombre d’unités. Mais la marge devient de plus en plus réduite, pour nous comme pour nos concurrents. Il n’est qu’à voir les derniers résultats de Palm pour comprendre que le marché du PDA est en pleine évolution. » Et le porte-parole va plus loin : « Le PDA en tant qu’appareil autonome est mort. L’avenir est aux appareils connectés, comme les SmartPhones. » Et pour Psion, c’est là que se situe le noeud du problème. Le britannique avait notamment forgé un partenariat avec Motorola pour développer un tel produit communicant mais le fabricant américain s’est retiré du projet (voir édition du 2 mars 2001). Et de laisser le champs libre aux appareils sous Windows CE, tel le WA 3050 de Sagem (voir édition du 9 novembre 2000)…
Résultat, Psion se voit contraint de se recentrer sur des marchés plus profitables comme les services et le conseil, notamment dans le domaine des réseaux sans fil, occupation principale de sa filiale Teklogix, rachetée dans le courant de l’année dernière. Ironie de l’histoire, cette filiale étant spécialisée dans les appareils mobiles connectés par réseau sans fil de type 802.11, elle peut avoir à proposer des solutions basées sur Windows CE… Une situation paradoxale qui ne devrait pas durer, explique Peter Bancroft : « On peut s’attendre à voir apparaître de nouveaux produits Symbian [c’est-à-dire basés sur le système Epoc 32, Ndlr] avant la fin de l’année. Certains seront au format tablette ou mini-tablette sans clavier et seront par défaut capables de se connecter à des réseaux sans fil, qu’ils soient GPRS ou Bluetooth. » Mais ces appareils ne porteront plus la marque Psion. Ils seront fabriqués par les membres du consortium Symbian, tels Ericsson, Nokia… ou Motorola. En attendant, Psion conservera ses actuels produits à son catalogue tant qu’il y aura de la demande. « Ce qui ne durera pas éternellement », avoue Peter Bancroft dans un bel euphémisme. Une page est tournée.