Publicis Groupe déprécie sa branche Sapient et tombe dans le rouge
Résultat net dans le rouge pour Publicis sur l’année 2016. Le groupe de communication a nettement déprécié la valeur comptable de sa branche Sapient.
À l’approche de la clôture sur la Bourse de Paris, l’action Publicis Groupe reprend des couleurs.
Elle avait perdu près de 5 % à l’ouverture, après l’annonce de résultats annuels dans le rouge : le groupe de communication dirigé par Maurice Lévy accuse, pour l’exercice 2016, une perte nette de 527 millions d’euros, sur un chiffre d’affaires en hausse de 1,4 %, à 9,733 milliards.
Dans l’absolu, la marge opérationnelle augmente de 0,1 point, essentiellement grâce à une baisse des coûts de restructuration. Et le résultat net courant part du groupe – après impôts et charges financières – progresse de 2,3 % d’une année sur l’autre à 1,015 milliard d’euros.
Le problème se trouve au niveau de la branche Publicis.Sapient, qui regroupe, sous la configuration en place depuis fin 2015, les réseaux Sapient Consulting, DigitasLBi, SapientNitro et Razorfish (ces deux derniers ont été fusionnés).
Le groupe a décidé d’en déprécier la valeur comptable, à hauteur de 1,383 milliard d’euros (1,44 milliard avant impôts) sur 4,9 milliards de survaleurs et actifs incorporels.
Les faiblesses de Razorfish
Du côté de Maurice Lévy, on assure qu’il s’agit d’une opération « purement comptable », sans conséquence sur la marge d’exploitation, les dividendes* et la trésorerie. Les objectifs fixés pour Publicis.Sapient étaient simplement « trop ambitieux ». Tout particulièrement aux États-Unis, où le 4e trimestre n’a, d’après le dirigeant, « pas été très bon, pour nous comme pour le reste de l’industrie », les nouveaux contrats ne compensant pas les pertes de clients.
Ce marché est effectivement stratégique pour Publicis Groupe, qui en tire 54 % de ses revenus. Or, si le C.A. y a crû de 1 % entre 2015 et 2016, la croissance organique y a reculé de 2,2 points.
Les indicateurs sont plus favorables en Europe, où le chiffre d’affaires atteint 2,76 milliards d’euros (+ 3,6 %).
Reste qu’à périmètre et taux de change constants, le niveau global de croissance organique est inférieur aux prévisions : + 0,7 %.
Les faibles performances de l’agence interactive Razorfish sont invoquées : – 15 % de C.A. en 2016, avec plusieurs changements de management ces dernières années et une « trop forte dépendance aux projets ponctuels ».
Transition en douceur
Bilan : le digital ne progresse pas autant qu’escompté : à 5,214 milliards de dollars, il capte 53,6 % des revenus (+ 1,7 point), pour une croissance organique de 3,2 %, contrastant avec le repli de l’analogique (- 2 points).
La finance et les médias font partie des secteurs les plus « réceptifs » au digital. La grande consommation reste cependant le principal poste de revenus, devant l’automobile.
L’année 2017 sera rythmée par une « succession managériale », Maurice Lévy devant laisser, à compter du 1er juin, les commandes à Arthur Sadoun, qui dirige aujourd’hui le réseau de création. Après 30 ans à la tête de Publicis Groupe, il prendra la présidence du conseil de surveillance. Dans le même temps, Steve King, CEO de Publicis Media, rejoindra le directoire.
* Publicis Groupe propose un dividende de 1,85 euro (+ 15,6 %). On notera que son endettement net diminue de 628 millions d’euros, pour s’établir autour de 1,2 milliard.