Depuis 2009, Qobuz fait son chemin dans le monde du streaming, avec un mot d’ordre : la singularité. Pour son co-fondateur Yves Riesel, il est urgent de redéfinir le modèle économique de la musique numérique et le concept même d’une industrie qui privilégie la massification au plaisir de l’oreille.
Qobuz est un service français pur beurre qui affiche tout naturellement des ambitions similaires à celles de son homologue Mioozic : révolutionner à sa façon l’écoute musicale.
Ses prémices remontent à 2004, avec en toile de fond une question obsessionnelle : quel virage adopter pour les artistes et les producteurs, à l’aube d’une ère numérique ?
Pour Yves Riesel et ses collaborateurs, l’aventure a débuté sur les fondations bien établies d’une maison de disques qui a notamment commercialisé l’intégrale Mozart (170 CD à 99 euros), restée célèbre parmi les inconditionnels de la musique classique.
De cette première entreprise de longue date, Qobuz, dont le sobriquet fait référence à un instrument kazakh, a tiré 4 millions d’euros, fer de lance d’une société qui emploie aujourd’hui 17 personnes en région parisienne.
A une présence initialement restreinte au territoire métropolitain s’est adjointe, en 2011, une arrivée en Suisse, au Luxembourg et en Belgique.
L’année 2012 devrait marquer la poursuite de cette dynamique de colonisation du Vieux Continent. L’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont les prochains sur la liste.
Mais comment se différencier sur un marché européen florissant d’acteurs tels que Deezer ou Spotify ? Yves Riesel a tenu à apporter sa touche personnelle à la tâche, en proposant des contenus encodés en de nombreux formats, propriétaires (AAC pour Apple, WMA pour Microsoft) et open source (FLAC, OGG).
A la base, une qualité CD en FLAC 16 bits à 44,1 KHz. Si nécessaire, un algorithme embarqué se livre à l’exercice de la conversion en direct, à la demande.
Sur les quelques millions de titres d’un catalogue qui regroupe « l’ensemble des répertoires des majors et des indépendants« , une proportion non négligeable est délivrée sous forme d’enregistrements Studio Masters, sans perte de qualité (24 bits, 96 KHz).
Ces derniers morceaux, au nombre de quelques milliers, représenteraient 35% du chiffre d’affaires de Qobuz. Comme l’ensemble des contenus ainsi proposés aux abonnés, ils sont accessibles en ligne ou via un client de bureau, sur les plates-formes Windows et Mac OS X.
Face à l’avènement de la compression MP3, ces fichiers « Lossless » (qualité originale), bien que pertinents pour les plus mélomanes des internautes, prennent tout autant de sens à l’heure où les systèmes de stockage gagnent en capacité et que les connexions Internet convergent vers le très haut débit.
Sans publicité audio, les bannières display sont tout de même de mise, dans le cadre d’une réclame ciblée, fonction de la musique écoutée.
Pour autant, l’offre compte trois formules affichées à des prix sensiblement supérieurs à ceux de Spotify, Deezer et consorts, dont les tarifs avoisinent les 10 euros mensuels.
Ainsi la version gratuite du service revient-elle à 7 euros par mois (70 euros à l’année) pour un streaming illimité en MP3 à 320 kbit/s.
Palier supérieur, l’abonnement Premium, facturé à hauteur de 13 euros par mois (l’année pour 129 euros), offre le téléchargement illimité et l’accès aux applications mobiles.
Face aux solutions de paiement à l’acte, c’est une liberté supplémentaire qui perdure d’ailleurs dans le forfait Haute Fidélité, qui y adjoint le format FLAC pour 29 euros par mois (299 euros pour un an).
Questionné au sujet de ces tarifs rebutants au premier abord, Yves Riesel balaie toute mention du piratage et annonce sans tergiverser que « les formules payantes sont désormais entérinées« .
Le co-fondateur de Qobuz souhaite toutefois aller plus loin et mettre en avant les productions indépendantes, dénonçant par là même des errements chez des acteurs alternatifs du streaming dont les abonnements « ne permettront jamais de rémunérer correctement les répertoires spécialisés« .
Si son outil s’adresse en premier lieu aux mélomanes et aux usagers désireux de découvrir des contenus localisés, l’intéressé table sur un retour en force de la qualité aux dépens d’un format MP3.
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