Qualité de l’accès Internet : Free malmené par un benchmarking contestable de M-Lab
Une initiative américaine, qui fournit des outils de mesure réseaux comme la qualité de l’accès Internet (soutenu par Google), montre des relevés en défaveur de Free. Prudence dans l’analyse des FAI français.
Free à la ramasse, Numericable au sommet selon M-Lab…D’où sortent ces mesures de qualité des connexions Internet ?
C’est la première question que l’on se pose en tombant sur les graphiques proposées par Measurement Lab du nom d’une initiative ouverte américaine associant l’Open Technology Institute rattachée à la New America Foundation, The PlanetLab Consortium, différents chercheurs d’universités et Google (soutien affiché en janvier 2009).
Numerama qui a déniché en premier ce curieux laboratoire.
Il s’intéresse à des sujets comme le filtrage BitTorrent sur les réseaux ou les opérateurs qui exploitant les technologies approfondies d’analyses des protocoles et services Web dites Deep Packet Inspection.
Intéressant a priori : à travers l’outil « Broadband performance stats using NDT data« , M-Lab fournit aussi un outil de mesure de qualité des services d’accès Internet par pays.
Mais, en effectuant un focus France et en retenant les principaux fournisseurs d’accès, les résultats sur la France sont décevants pour le cas de Free présenté comme le mauvais élève de la classe ISP (configuration exacte : « Media download troughtput across clients », période janvier 2011 – janvier 2013, voir graphe ci-dessous).
Alors que ses concurrents (Orange, SFR, Bouygues Telecom) restent dans le peloton en affichant des moyennes constantes.
Au-dessus du lot, on trouve Numericable. Mais, au regard de son statut de câblo-opérateur et de sa différenciation technologique, il apparaît hors concours face à la troupe de FAI qui se battent principalement sur l’ADSL.
Sur la période de référence, on observe que les débits « médians » en download des FAI progressent globalement.
Mais Free chute à partir de juillet 2012 pour une obscure raison. A tel point que le service d’accès d’Iliad proposerait le débit montant le plus faible (il se rattraperait néanmoins sur la dimension upload).
Si l’on effectue un pointage à janvier 2013, le paysage est figé comme tel : Numericable monte en haut du podium (entre 14 et 16 Mbit/s), puis vient Bouygues Telecom (tranche 6 – 8 Mbit/s), France Telecom – Orange et SFR (tranche 4 – 6 Mbit/s) puis Free (en dessous de 2 Mbit/s).
Mais le nombre de « clients » par opérateur pris en compte sur un instant T varie considérablement.
Curieuse sonde avec laquelle les éléments de méthodologie et de benchmarking retenus par M-Lab sont flous et déséquilibrés.
Sur le site Internet de M-Lab, Network Diagnostic Tool (NDT) est présenté comme un outil qui fournit un diagnostic de vitesse.
« Un test NDT révèle bien plus que simplement les vitesses de téléchargement – il tente aussi de déterminer s’il existe des problèmes qui affectent ces vitesses, en prenant soin de différencier entre des problèmes de configuration PC et d’infrastructure de réseau ».
Il est indiqué que le serveur ramasse des résultats de test, enregistre l’adresse IP de l’usager, les vitesses de téléchargement, les paquets et variables TCP du test.
Mode d’emploi: « NDT fonctionne mieux lorsqu’on choisit un serveur près de vous géographiquement » (ITespresso.fr a pris « Paris » comme localisation du serveur pour illustrer l’article).
L’initiative américaine se couvre en affirmant que ses travaux sont d’ordre expérimental. Mais il suffit à éveiller une certaine suspicion vis-à-vis des résultats.
Ne serait que sous le prisme de la bataille opposant Free et Google-YouTube sur la question de la consommation de bande passante.
En début d’année, cela s’était traduit par un blocage publicitaire temporaire mené par Free aux dépens de Google.
A travers M-Lab, Google prend-il sa revanche ? C’est sans doute exagéré. Néanmoins, le doute subsiste : M-Lab précise que les serveurs M-Lab « sont fournis par Google Inc. et Voxel.net ».
Contacté par ITespresso.fr, Free se refuse à émettre le moindre commentaire. Néanmoins, il renvoit vers le service DegroupTest (exploité par la société française) dont les analyses de qualité des connexions sont jugées plus pertinentes.
On peut le comprendre : d’après les chiffres de cette observatoire franco-français, Free est toujours arrivé en tête sur les tests de débits montants et descendants au premier semestre 2012. De quoi rassurer un peu les Freenautes.
M-Lab : un laboratoire des obstacles à la fluidité des réseaux |
M-Lab propose une batterie d’outils pour tester votre connexion Internet. Outre Network Diagnostic Tool, on trouve en catalogue le service Glasnost qui permet de déterminer si le protocole BitTorrent est bloqué. Autre application en ligne : Network Path and Application Diagnosis permet d’identifier « des problèmes communs qui nuisent au performance de réseaux à large bande passante », etc. « M-Lab en est au début de son développement. La variété des tests disponibles augmentera avec le nombre de chercheurs participants », précise-t-on sur le site de l’initiative américaine. « Les outils essayent de fournir des résultats aussi exactement que possible, mais parce qu’ils sont toujours en développement et mesurent des données complexes, il se peut qu’il se produise des erreurs. » |