Quark sous le feu des critiques !
Le géant du pré-presse, en annonçant la sortie d’une nouvelle version « classique » de son logiciel vedette Xpress, aurait-il fermé la porte à sa clientèle ? Bien que la firme s’en défende, l’annonce de la nouvelle version de Xpress, qui ne fonctionne pas en natif sur Mac OS X, semble laisser la porte ouverte à la version 2 d’Indesign, le logiciel concurrent d’Adobe.
2002, le faux-pas de Quark ? La firme leader mondial du pré-presse, qui vient d’annoncer la commercialisation d’une version 5 de Xpress, subit les foudres de sa clientèle, qui paraît avoir été en attente d’une version utilisable sous Mac OS X de son application phare. L’apparition d’une version 2.0 d’Indesign, son concurrent direct, pourrait inverser les habitudes d’utilisation, surtout aux Etats-Unis où cette dernière version est considérée comme une alternative viable au produit de Quark ! La position des éditeurs face à Mac OS X semble commencer à diverger (voir édition du 24 septembre 2001). Les spécialistes du secteur du pré-presse se sont immédiatement rués sur les forums pour tempêter sur les incohérences de la stratégie de leur firme fétiche, qui présentait pourtant dès le mois de juillet 2001 un avant-goût de son logiciel en version Carbon (voir édition du 19 juillet 2001) ! Les réactions ne manquent pas, certains utilisateurs soulignant que le fait de ne pas avoir lancé de version pour Mac OS X était « ridicule, tout autant que le fait de ne pas avoir spécifié aux clients qu’une mise à jour à faible coût ou gratuite serait fournie ». Les commentaires vont bon train, du plus résigné au plus combatif ! Les utilisateurs d’Indesign, qui apparaissent pour une bonne part comme étant d’anciens utilisateurs de Xpress, ne tarissent pas d’éloges pour l’application d’Adobe dans sa dernière mouture. Le faux pas de Quark semble porter tout autant sur son annonce d’une version non Mac OS X de son application que sur la tarification que la firme semble vouloir faire supporter à ses clients. Inacceptable selon nombre d’entre eux, qui s’insurgent de l’attitude de cet éditeur qu’ils comparent à celle de Microsoft dans ses pires moments !
Portes ouvertes pour InDesign ?
L’annonce de Quark intervient au pire moment : Adobe vient tout juste de lancer sa nouvelle version d’InDesign, un logiciel que l’éditeur annonçait voici près de deux ans comme le tueur de Quark, mais qui s’est avéré un concurrent de faible poids jusqu’à présent. Les annonces simultanées des deux poids lourds du pré-presse pourraient changer la donne. En fait, tout dépend de l’état d’avancement du passage à Mac OS X. Certains clients de Quark disent avoir fait passer l’ensemble de leur chaîne de production à Mac OS X et avoir même pris la décision d’utiliser le moins possible l’environnement Classic dans lequel tournent les vieilles applications Mac. Pour eux, une des seules applications qu’ils doivent utiliser en mode Classic s’avère être Xpress. « C’est très simple », souligne un participant à un forum sur les annonces de Quark et d’Adobe, « nous avons 75 machines à équiper et nous désirons passer entièrement et le plus rapidement possible sous Mac OS X. L’économie d’équipement de nos machines en logiciels Quark nous fera économiser plus de 80 000 euros » ! Il s’agit sans doute d’une des réactions radicales des utilisateurs du logiciel de Quark, mais la firme a quand même réagi après son annonce pour préciser que son logiciel serait « carbonisé » dès que les versions européennes de la version 5 auraient été commercialisées. Une réaction pour le moins étrange de l’éditeur, qui demande près de 300 dollars (330 euros) de mise à jour pour son application ! Les utilisateurs semblent prêts, quant à eux, à débourser quelque 200 dollars au maximum pour cette mise à jour de la version 4.x du logiciel. « Beaucoup d’entre nous sont coincés sur Quark pour le meilleur et pour le pire. Nous publions des livres et notre processus de travail est automatisé sous Quark. Réaliser une mise à niveau de ce système automatique coûterait beaucoup d’argent et prendrait beaucoup trop de temps pour justifier qu’on quitte Quark », souligne un utilisateur expérimenté de Xpress. « Indesign est extrêmement scriptable aussi bien dans 9.x que dans X (et scriptable en Visual Basic sous Windows). Faire la conversion de votre système de travail automatique pour utiliser InDesign pourrait ne pas être aussi difficile que vous l’imaginez », lui répond un converti au logiciel d’Adobe. Adobe serait en train de s’appuyer sur les réactions mécontentes des utilisateurs de Xpress pour proposer une transition à faible coût vers InDesign.
En fait, les annonces de Quark et d’Adobe reflètent l’actuel état de transition dans lequel se trouve la communauté Mac : certains utilisateurs attendent le dernier moment pour réaliser le passage à Mac OS X et certains éditeurs n’ont pas réagi suffisamment rapidement à l’engouement suscité par le nouveau système d’exploitation de la Pomme. Tout le problème pour ces éditeurs repose sur leur capacité à préserver leurs parts de marché sur les segments sur lesquels ils se sont concentrés. Dans le même temps, pour les utilisateurs, il s’agit d’évaluer le moment préférable pour passer avec armes et bagages à Mac OS X. Et surtout d’évaluer leur politique de passage : avec ou sans Classic, l’environnement Mac OS 9.x tournant dans Mac OS X. Pour les maisons d’édition, le choix nécessite un investissement supplémentaire en développement, mais l’adaptation s’avère assez rapide par le biais de la carbonisation, utilisable sous Mac OS à partir de la version 8.6.
Les lents progrès de Quark
Quark a-t-elle perdu sa capacité à apporter des bénéfices à ses clients ? Certes non. Mais sa réactivité s’avère réellement faible, ainsi qu’elle l’a déjà montré par le passé. Les mises à jour de ses logiciels par Quark a toujours suscité un tollé de la part de ses clients (voir édition du 12 octobre 1998). « Comparé à la progression rapide de Photoshop des versions 1 à 6, regarder Quark avancer, c’est comme regarder la formation de stalactites au fond d’une grotte, ou comme observer l’écartement des plaques tectoniques continentales ! Ou comme attendre l’arrivée de l’ère glaciaire », ironise un client de Quark.